Site icon La Revue Internationale

Julian Assange: record à battre, 15 ans dans une ambassade

captain.jpgcaptain.jpg

[image:1,f]

Une accusation qui en cache une autre ?

Tout commence lorsque Julian Assange est accusé de viol par la Suède le 21 août 2010 alors que son site WikiLeaks vient de publier des documents confidentiels de l’armée américaine, un acte passible de la peine de mort. Mardi 7 décembre 2010 il est arrêté par la justice britannique sous l’autorité d’un mandat d’arrêt international. Il bénéficie alors d’une décision de remise en liberté surveillée.

L’extradition vers la Suède inimaginable pour l’Australien

En mai 2012, la justice britannique autorise l’extradition de Julian Assange vers la Suède pour qu’il y soit jugé. De peur que celle-ci précède une extradition vers les Etats-Unis, il se réfugie le 19 juin 2012 à l’ambassade d’Equateur pour y demander l’asile politique. La police britannique souhaite arrêter l’Australien, qui viole les conditions de sa liberté conditionnelle. Mais le 16 août 2012 l’Equateur lui accorde l’asile politique.

Quitter le sol britannique sans le toucher

Problème : pour rejoindre le territoire équatorien, Julian Assange doit sortir de l’ambassade, où la police l’attend de pied ferme pour l’envoyer en Suède. Mais comment rejoindre le pays sans poser pied sur le sol britannique ? L’option de la valise diplomatique a été imaginée, mais celle-ci ne peut contenir que « correspondance, documents ou objets de caractère officiel ». Donc y mettre un mettre humain semble compromis.

La Cour internationale de justice de La Haye pourrait-elle l’aider ?

Un sauf-conduit lui permettrait de rejoindre l’aéroport en toute tranquillité mais la Cour internationale de justice de La Haye devrait être saisie pour forcer la Grande-Bretagne à l’accorder à l’Australien. Une telle procédure prendrait des mois et ne mènerait pas forcément à une réponse favorable du fait du mandat d’arrêt européen sur la tête du fondateur de WikiLeaks, qui ne plaiderait pas vraiment en sa faveur.

La seule option pour lui pour l’instant est de rester à l’abri entre les murs de l’ambassade équatorienne, mais pour combien de temps ? D’autres avant lui se sont déjà réfugiés dans des ambassades, mais les situations diplomatiques se dénouent généralement sous quelques mois.

Le cas József Mindszenty

Pas pour József Mindszenty, cardinal hongrois, réfugié à l’ambassade des Etats-Unis de Budapest… pendant 15 ans ! Retour sur les faits : opposant au communisme, il est condamné en 1949 à la prison à vie pour trahison envers l’État hongrois. Libéré lors de l’insurrection de 1956, il encourage les rebelles anti-communistes à la radio. Mais les troupes soviétiques reprennent le dessus le 4 novembre de la même année et le cardinal n’a autre choix que de se réfugier à l’ambassade des États-Unis, sans pouvoir en sortir sous peine d’arrestation immédiate.

Un gouvernement inflexible

Il tombe malade et la situation dérange les communistes qui ne reviennent pas pour autant sur leur décision, alors que sa libération leur accorderait la soumission du clergé restant. L’ambassade est surchargée et leurs demandes d’extension sont sans cesse rejetées par le gouvernement hongrois.

Une solution trouvée 4 ans avant sa mort

Un compromis est finalement trouvé en 1971 par le pape Paul VI qui offre de lever l’excommunication qui avait été prononcée contre les opposants de József Mindszenty en échange de la libération de ce dernier, déclaré « victime de l’histoire », et non du communisme. Le cardinal quitte rapidement la Hongrie et s’installe à Vienne où il meurt quatre ans plus tard, alors qu’un Primat de Hongrie plus favorable au régime communiste est nommé à sa place.

En 1991, le nouveau gouvernement démocratique fait revenir sa dépouille, et il est inhumé dans sa cathédrale, enfin admiré pour le courage de ses opinions. Julian Assange sera-t-il lui aussi un jour reconnu comme un héros des temps modernes au service de la liberté d’expression et d’information ?

 

Quitter la version mobile