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Les dossiers urgents de la nouvelle assemblée libyenne

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La Libye serait-elle un exemple de transition politique pour les pays du Printemps arabe ? Mercredi 8 août, un mois et un jour après les premières élections législatives libres jamais organisées dans le pays, le Conseil national de transition, à la tête de la Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi, a officiellement remis son pouvoir à la nouvelle Assemblée élue.

Le Conseil national de transition cède sa place au Congrès général national

Tard dans la soirée, afin de respecter le jeûne du Ramadan, une cérémonie officielle et historique a donné une nouvelle forme politique à ce pays qui découvre la démocratie.

« Je remets nos prérogatives constitutionnelles au Congrès général national qui est désormais le représentant légitime du peuple libyen, » a déclaré, Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition au cours de la cérémonie.

Une cérémonie qui, au-delà de consacrer la naissance de la première Assemblée nationale libyenne élue librement, voit également la disparition du CNT, organe à l’origine de la chute de Mouammar Kadhafi et donc initiateur d’une transition politique après 40 ans de dictature.

« Maintenant, le CNT n’existe plus. Il est dissout, » a déclaré Ohmar Ben Sassi, membre du Conseil élu le 7 juillet dernier.

L’Assemblée devra créer un Etat libyen de toutes pièces

Désormais, le Congrès général national devra s’atteler à de nombreux dossiers brûlants. Les députés devront, tout d’abord, élire un président pour leur Assemblée, un vote devait avoir lieu dans la soirée, à l’issue des 40 minutes de cérémonie officielle, finalement, ce vote a été repoussé afin qu’un règlement établissant les conditions de l’élection soit tout d’abord rédigé.

Par la suite, le Congrès général national aura la charge de nommer une commission qui sera chargée de rédiger une constitution. Il devra également former un gouvernement et conduire le pays vers de nouvelles élections.

Une tâche difficile dans un contexte libyen plus que sensible. Si la transition politique est effective et bien en marche à Tripoli, le reste de la Libye connait encore bien des difficultés post-révolutionnaires.

Un pays morcelé

A l’est du pays, dans la région de Benghazi, la volonté populaire ne va pas tant dans le sens de la démocratie que de l’autonomie régionale. Lors des élections du 7 juillet dernier, de nombreux incidents avaient été signalés et certains bureaux de vote avaient été endommagés. Les habitants de cette région, chez lesquels le souvenir de la guerre est encore brûlant, n’acceptent pas le nombre de députés qui leur a été attribué sans qu’ils soient consultés avant les élections. Sur les 200 parlementaires qui constituent l’assemblée syrienne, seuls 60 représentent la Cyrénaïque – région de Benghazi.

La Libye devra également réussir le pari de l’unification. Le départ de Mouammar Kadhafi a eu son lot de conséquences désastreuses. En premier lieu, il a permis de révéler la diversité de la population libyenne. La Libye est constituée d’environ 170 tribus qui n’ont cohabité dans une paix relative que grâce à une politique stratégique de redistribution des richesses menée par l’ancien dirigeant libyen.

Sans Kadhafi, les tribus s’entretuent

Aujourd’hui, ces tribus, laissées libres d’agir, reprennent les armes entre elles. Autour de Koufra, au sud du pays, de nombreux affrontements opposent depuis quelques mois la tribu noire Toubou aux tribus arabes du nord. Plus à l’est, autour de Sebha, le même schéma se reproduit et de nombreux conflits ethniques ont fait des centaines de morts depuis le début de la crise.

Finalement, la Libye est également le terrain de jeu des nombreuses milices qui se sont farouchement battues contre Mouammar Kadhafi et qui refusent toujours de rendre les armes. Estimant ne pas être récompensées pour leur rôle dans la chute de l’ancien dictateur, ces milices règnent en maître dans de grandes zones de la Libye ou le gouvernement est tout simplement persona non grata.

Si la Libye semble aujourd’hui libre et en bonne santé, animée d’un souffle de démocratie qui pourrait servir d’exemple à tous les pays du Printemps arabe, de nombreuses étapes devront encore être franchies. Tout est aujourd’hui entre les mains de la nouvelle Assemblée. 

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