Site icon La Revue Internationale

Les nouveaux paris de Barack Obama

barackobamabettingonamerica.jpgbarackobamabettingonamerica.jpg

Un nouveau slogan de campagne, « Betting on America », une mini-victoire avec sa très emblématique réforme du système de santé qui a été confirmée par la Cour Suprême, une mini-défaite en revanche sur le front de l’emploi… Barack Obama est à la croisée des chemins.  Son adversaire, le républicain Mitt Romney poursuit son avancée, grâce à ses forts soutiens financiers. Olivia Phélip fait le point à 4 mois du scrutin présidentiel sur les chances de réélection du président américain.

[image:1,l]

Barack Obama à la croisée des chemins

 « Betting on America » (Parier sur l’Amérique) est le nouveau slogan de campagne de Barack Obama, après  un « Forward » (En avant), un peu sibyllin. Une réponse quasi–symétrique au slogan de  son adversaire républicain Mitt Romney : « Believe in America » (Croyez en l’Amérique). Une manière de réajuster le tir à 4 mois du scrutin présidentiel. Le jeu contre la foi, avec l’Amérique comme divinité sacrée pour les deux, une opposition sémantique qui en dit long sur le peu de marge de manœuvre qui existe pour les deux hommes qui s’affrontent dans le cadre de l’élection présidentielle.

La politique, Wall street et la Bible

En Amérique, il est vrai qu’on jure sur la Bible et qu’on joue à Las Vegas, la contradiction ne choque personne. Les mauvaises langues diront : on joue aussi à Wall Sreet, qui ressemble de plus en plus au Casino de Scorsese. Celles-là mêmes qui sont déçues que Barack Obama n’ait pas remis davantage d’ordre dans les puissances financières, qui continuent de prospérer, alors que l’Amérique va plutôt « mal », ou en tout cas pas tellement mieux que depuis son grand plongeon de 2008.

La bataille économique entre en campagne

 La « faute à la crise », accuse Barack Obama. La « faute à la gestion de la crise », dixit Mitt Romney. La campagne américaine est rentrée dans le cœur de ses enjeux en s’attaquant au bilan économique du président sortant. Une évaluation difficile, car Barack Obama a hérité d’une des pires crises que l’Amérique ait eu à affronter, une de ces crises multiformes, qui ne peut se résoudre par quelques effets de manche. Même si l’actuel président des Etats-Unis jouit encore d’un important coefficient de sympathie, une partie de la population lui reproche de ne pas avoir redressé l’Amérique plus rapidement. Dans le doute, certains Américains pourraient même être tentés justement de «  bargain » (parier) sur le changement en se disant : qu’avons-nous à perdre ? D’autres au contraire pensent que, sans la gestion de Barack Obama, la situation aurait été bien pire et qu’il faut poursuivre sur la voie déjà engagée. Dans cette catégorie, se range le très respecté Joseph Stiglitz, ancien prix Nobel d’économie, qui met en garde contre les risques de l’option économique républicaine. >>Lire notre article : « Joseph Stiglitz critique le programme de Mitt Romney »

[image:2,l]

La lutte pour l’emploi, priorité du prochain mandat

En réalité, la véritable épine dans le pied du Président des Etats-Unis reste le taux de chômage qui ne baisse pas : 8,2% de la population active. Lors d’un discours tenu à Poland, dans l’Etat crucial de l’Ohio vendredi 6 juillet, Barack Obama a eu beau rappeler que 84 000 emplois avaient été créés en juin, ses propos sur la nécessité de reconstruire le pays à partir des classes moyennes n’a que moyennement convaincu. La situation est loin d’être stabilisée, car si le taux de chômage reste le même, plus de 8 millions d’emplois ont été supprimés depuis le début de la crise de 2008.

La vidéo du discours sur l’emploi de Barack Obama du 6 juillet 2012 (Poland-Ohio)

Les classes moyennes, cible de la campagne

« Je veux en revenir à une époque où la classe moyenne et ceux qui essaient d’y entrer bénéficient de sécurité. Il faut faire davantage croître l’économie et remettre encore plus de gens au travail », a insisté le président sortant. Oui, mais comment ? Si Barack Obama s’adresse ainsi aux classes moyennes, c’est qu’il sait y trouver de forts réservoirs de voix. Mais c’est aussi la classe qui souffre le plus de la crise et qui pourrait le plus douter de l’efficacité des mesures prises depuis 4 ans.

Mitt Romney le sait bien, qui cible aussi la même population lorsqu’il réagit au même moment sur les derniers chiffres du Rapport du Ministère du Travail, depuis sa résidence huppée de Wolfeboro (New Hampshire) : «  Il y a beaucoup de souffrance aux Etats-Unis aujourd’hui, et ces chiffres ne traduisent pas tout ce que les gens subissent, et la souffrance qui est celle de la classe moyenne ». Celui qui incarne le parfait profil du riche entrepreneur qui a réussi, dont le nom porte l’anagramme du mot « Money », compte bien transposer à son pays  les méthodes qui lui ont permis de dégager de quoi nourrir ses comptes aux Bermudes et en Suisse. Démagogie ou paternalisme, son clip de campagne n’hésite pas à mettre en avant l’emploi, point faible du mandat de son concurrent.>>Visionner le clip de campagne de Mitt Romney sur l’emploi

La victoire de Barack Obama sur la Réforme du Système de Santé

Barack Obama a toutefois remporté une victoire : la Cour Suprême des Etas-Unis a donné sa bénédiction à l’Obamacare, la Réforme du système de Santé, mesure-phare de son mandat, qui avait été adoptée difficilement par le Congrès. Une étape importante à mettre au crédit de la ténacité du président sortant  >>lire notre article sur la Réforme de l’Obamacare 

[image:3,l]

Religion et communautarisme

A l’instar de la mère de l’acteur Brad Pitt, chrétienne traditionnelle qui a exhorté à voter Mitt Romney, une grande partie des électeurs chrétiens conservateurs est engagée auprès du candidat Républicain. Mais pas toute la communauté. Barack Obama bénéficie ainsi du soutien de la communauté latinos, certes traditionnellement catholique, mais aussi sensible au message de tolérance ethnique véhiculé par l’actuel président. Un soutien qui pèsera lourd dans la future répartition des voix. >>lire notre article : « Barack Obama a le soutien des latinos »

Les femmes et les gays pour Obama

Conservateur, Mitt Romney représente les voix de ceux qui souhaitent que l’Amérique se souvienne de son puritanisme historique, au point de souhaiter revenir sur certains droits des femmes (contraception, avortement…) et moraliser la vie sociale en refusant de donner des droits aux gays. Barack Obama, mesurant son risque a choisi pour sa part de se prononcer en faveur du mariage gay. Une prise de position qui lui assure le ralliement d’une communauté influente. >>lire notre article : « Barack Obama favorable au mariage gay »

Barack Obama-Mitt Romney : deux visions de l’Amérique

Il reste donc deux personnalités qui s’affrontent, deux conceptions de l’Amérique qui s’interpellent. Entre Barack Obama et  Mitt Romney, que tout semble opposer, les clivages sont des postures presque clanniques. Même si ces deux fauves de la politique ne sont pas aussi éloignés qu’il n’y paraît. >>lire notre article : « Obama-Romney, les frères ennemis de l’Amérique »

[image:4,l]

La course à la levée de fonds

En attendant le verdict du 6 novembre, c’est une autre course économique à laquelle concourent les deux candidats : celle de la plus grande levée de fonds. Depuis deux mois, avantage à Mitt Romney qui a inversé la tendance à partir du mois de mai lorsqu’il a réussi à lever 76,8 millions de dollars  (contre 60 millions pour Obama). En juin, nouvel afflux spectaculaire, avec 106 millions de dollars (l’équipe d’Obama n’a pas encore communiqué les chiffres de juin, mais on sait qu’ils seront inférieurs). Pour la première fois, le rival d’un Président en exercice serait susceptible de lever plus de fonds que lui. Or, l’on sait combien les moyens financiers sont essentiels dans les élections américaines, surtout dans les derniers virages de campagne. (source : Politico).

Verdict le 6 novembre prochain

Alors que Barack Obama semblait le grand favori il y a quelques mois, son challenger républicain marque des points, maintenant qu’il est débarrassé des logiques contradictoires de ses propres Primaires. Une récente enquête USA Today-Gallup (réalisée du 22 au 29 juin, sur échantillon 2 404 électeurs inscrits) place encore tout de même Barack Obama en tête des suffrages avec 47 % des intentions de vote, contre 45 % pour Mitt Romney. Ces 2% d’écart sont à prendre avec beaucoup de précaution. C’est bien pourquoi les soutiens de Mitt Romney investissent avec autant d’ardeur dans la dernière longueur : ils savent que rien n’est encore joué. Les paris sur l’Amérique sont ouverts.

Quitter la version mobile