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Les «salles de shoot»: bonne ou mauvaise idée?

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Qu’est-ce qu’une « salle de shoot » ?

« Salles de shoot », « salles de consommation supervisées », « salles de consommation à moindre risque » (SCMR), « centres d’injection supervisés» (CIS) : autant d’appellations pour renvoyer à une même réalité : un centre où les toxicomanes peuvent venir s’administrer leur drogue avec du matériel propre et sous la supervision de professionnels de santé.

Pourquoi un tel dispositif ?

Les injections de drogue – à l’aide de seringues – sur la voie publique ou dans les parkings seraient en hausse. Les toxicomanes, en réalisant leurs injections dans de mauvaises conditions sanitaires ou en réutilisant des seringues usagées, prennent le risque d’attraper des maladies comme le sida, l’hépatite C, ou bien encore de faire des overdoses. Les injections de drogue hors de tout cadre médical contribuent également aux nuisances sur la voie publique : seringues jetées à même le sol, insécurité, etc.

Ces centres ont-ils fait leurs preuves à l’étranger ?

En Suisse, aux Pays-Bas ou en Allemagne, de tels centres ont déjà ouvert leurs portes. En Suisse, les décès par overdose auraient été divisés par deux entre 1991 et 2009, et un recul de 80 % de la mortalité due au sida aurait été constaté chez les toxicomanes. À l’instar d’autres pays, qui notent également une nette amélioration de la santé des personnes concernées, mais aussi de la sécurité dans les zones concernées. Par contre, les habitants résidant près de certains centres se plaindraient de leur présence, et leur coût élevé serait un obstacle à leur création. Reste que la consommation de drogue n’a pas augmenté dans les pays concernés comme beaucoup le craignaient et le craignent aujourd’hui en France.

Qui, en France, serait pour ?

La gauche est majoritairement en faveur de l’ouverture de telles salles, tout comme de nombreuses associations. Le 29 août 2012, neuf d’entre elles ont publié un communiqué pour soutenir la proposition de Jean-Marie Le Guen. Mieux, Act Up-Paris, Aides, Fédération Addiction, Gaïa, Médecins du Monde, Réseau Réduction des risques, Safe, Sidaction et SOS Hépatites Fédération demandent l’installation de tels locaux depuis de « nombreuses années ».

Le député socialiste et adjoint au maire de Paris est lui-même depuis longtemps convaincu que ces centres sont nécessaires. En 2009 déjà, il proposait le projet au Conseil de Paris et n’a cessé depuis, de tenter d’expliquer leur importance :

Roselyne Bachelot, ministre de la Santé en 2010, était en faveur de l’ouverture de ces salles, mais le Premier ministre de l’époque, François Fillon, s’était opposé à sa démarche : « La priorité du gouvernement est de réduire la consommation des drogues en France, non de l’accompagner voire de l’organiser, avait-il déclaré. La mise en place de ces centres de consommation de drogue n’est ni utile ni souhaitable en France. » Pourtant, tout semblait se mettre alors en marche :

Lors de la campagne présidentielle, le candidat François Hollande s’était montré favorable à leur expérimentation dans les villes où les maires en voyaient l’utilité. Le député socialiste de Marseille Patrick Mennuccia et le maire de la ville Jean-Claude Gaudin ont réaffirmé leur volonté de faire participer leur ville au projet.

L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) est également favorable à la création de ces salles, affirmant qu’elles représentent un réel intérêt pour la santé des toxicomanes et pour la sécurisation des rues, sans inciter à l’usage de stupéfiants.

Et qui serait contre ?

A droite, l’UMP reste sur les positions de l’ancien Premier ministre : « Ouvrir des salles de consommation de drogues, ce n’est pas lutter contre le fléau de la drogue, c’est banaliser l’usage et c’est légaliser la consommation des drogues les plus dures et cela, aux frais des contribuables ! », s’est ainsi indignée Camille Bedin, secrétaire nationale du parti. A l’extrême droite, le FN estime que cette idée est aussi « délirante qu’irresponsable ». « Elle révèle qu’on préfère (…) s’adapter à une situation devenue catastrophique en raison de l’inaction des gouvernements successifs plutôt que d’en combattre les causes », insiste Florian Philippot, vice-président du FN.

Où seraient-ils installés ?

Les premières expérimentations seraient faites dans de grandes villes telles que Marseille et Paris. L’idée est d’ouvrir ces centres dans les lieux où les toxicomanes se rendent déjà pour se droguer. Dans la capitale, une salle serait prête à ouvrir ses portes près de la gare du Nord, et d’autres dans l’est-parisien. La conseillère chargée de la santé du maire du 18e arrondissement Dominique Demangel estime qu’« il en faudrait une en banlieue nord et une au carrefour des lieux de consommation, dans le nord-est parisien. »  A Marseille, trois salles seraient prévues, dont l’un près de la gare Saint-Charles.

Par delà le médical, le social

Atteindre les plus précaires et les plus exclus est l’un des principaux objectifs de la mise de ces centres. Recréer le lien social, encourager au sevrage: c’est aussi à cela que devraient servir ces salles.

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