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Deauville, l’anti-Cannes, pour notre plus grand plaisir
S’il bénéficie d’une petite notoriété, le Festival de Deauville n’a pas le niveau de visibilité du grand moment du cinéma en France, le Festival de Cannes. Mais ce n’est pas pour déplaire à ses admirateurs, qui louent son côté modeste, peu codifié et surtout accessible. Ici, pas de robes de soirée, de cérémonies longues et pesantes, de projections inaccessibles au commun des mortels. A Deauville, on peut accéder aux salles et regarder les films proposés à toute heure du jour et même de la nuit.
Au-delà de ces considérations protocolaires, le Festival de Deauville se distingue également du Festival de Cannes par le type de cinéma qui y est mis en avant. Comme son nom l’indique, c’est évidemment le cinéma américain qui y est à l’honneur. Mais, ici, peu de blockbusters hollywoodiens et autres mégaproductions.
Deauville est en fait davantage un festival du film indépendant, qui se charge surtout, au niveau de la compétition, de promouvoir des films au budget généralement limité – souvent des premiers films – et permet chaque année à la France de découvrir des perles cachées du cinéma américain, avec, par exemple, l’excellent thriller « Take Shelter », de Jeff Nichols, l’année passée, qui met en scène un père de famille victime de visions apocalyptiques, et obsédé par sa volonté névrosée de mettre ses proches à l’abri.
Hors-compétition : personnalités et films prestigieux
Cette année également, le cru promet d’être particulièrement riche. L’invité d’honneur de cette année sera l’acteur Harvey Keitel, connu pour ses rôles dans « Reservoir Dogs » ou encore « Bad Lieutenant », et auquel un hommage sera rendu, tandis que la présidence du Jury sera assurée par l’actrice et réalisatrice Sandrine Bonnaire. Sami Bouajila, qui a notamment joué dans « Indigènes », en fera également partie. Salma Hayek, Liam Neeson ou encore la réalisatrice Pauline Wagner et le célèbre compositeur John Williams seront omniprésents, avec de nombreux films projetés auxquels ils sont liés.
Hors compétition, Salma Hayek se chargera de présenter le dernier Oliver Stone, « Savages » – qui raconte l’histoire de deux amis cultivateurs de marijuana confrontés à la violence d’un cartel mexicain –, tandis que Liam Neeson devrait, lui, faire la promotion de « Taken 2 » , la suite du film d’action éponyme qui avait plutôt convaincu son monde à l’époque.
Enfin, comment parler du Festival de Deauville sans évoquer la saga « Jason Bourne », intimement liée à l’évènement depuis « The Bourne Identity » ( « La Mémoire dans la Peau » ), il y a de ça 10 ans ? Etant donné la force de ces liens, il est presque logique que le dernier volet de la désormais quadrilogie, intitulé « The Bourne Legacy » ( « Jason Bourne : l’Héritage » ) soit diffusé pour la première fois en France dans la ville normande. Il sera normalement présenté par Rachel Weisz.
En compétition : plusieurs pépites à prévoir
Au niveau des films en compétition, quinze long-métrages seront de la partie, dont six seront les premiers de leur réalisateur respectif. Au rang des plus attendus, on peut notamment évoquer le nouveau film de Michel Gondry, le réalisateur français d’« Eternal Sunshine of the Spotless Mind » qui avait, en 2004, reçu un accueil critique quasi unanime. Intitulé « The We and The I » , il mettra en scène un groupe de lycéens du Bronx, leur relations, leurs conversations, au cours d’un long trajet en bus.
Autre film attendu, « Les bêtes du sud sauvage », de Benh Zeitlin – son premier film. Déjà récompensé au Festival de Sundance et à Cannes, ce film conte l’histoire d’une jeune fille vivant avec son père dans le bayou de la Nouvelle-Orléans qui, confrontée à un phénomène climatique aux conséquences dantesques et à la santé chancelante de son père, part, seule, en quête de sa mère disparue. Encensé par la critique, ce film au tournage chaotique fait presque office de star du festival.
« Compliance », thriller réalisé par Craig Zobel, a jusque-là marqué les esprits de ceux qui l’ont visionné. Une femme gérante de fast-food reçoit le coup de téléphone d’un prétendu officier de police, qui accuse une de ses employées de vol. Presque pour aider la jeune fille terrorisée par les sanctions possibles, elle va être poussée par son interlocuteur à entreprendre des actions humiliantes et dégradantes envers celle-ci.
Dans le domaine du comique absurde, c’est « Wrong » , du français Quentin Dupieux, qui est en tête d’affiche. Ce musicien de formation s’est fait remarquer pour son travail dans le milieu du cinéma, avec « Steak » , mettant en scène le duo comique Éric et Ramzy, mais surtout avec « Rubber », thriller surprenant mettant en scène un pneu tueur. Dans « Wrong », un homme, Dolph, perd son chien, et un certain Maître Chang pourrait être impliqué. Une histoire classique d’enlèvement lié à la mafia, sauf qu’ici, la victime est un chien, et que les motivations qui ont poussé Chang à s’attaquer à Dolph semblent pour le moins aléatoires.
Les séries télévisées ne sont pas oubliées
Enfin, Deauville Saison 3, la partie du festival consacrée aux séries télévisées, lancée il y a trois ans donc, aura comme invité d’honneur l’excellente série « Homeland » . En 2011, un commando américain découvre en Irak, dans la planque d’insurgés, Nicholas Brody, un marine capturé en 2003 dans les premiers jours de l’offensive américaine.
Ramené en héros au pays, il va attirer l’attention d’un agent de la CIA, Carrie Mathison. Celle-ci est convaincue que le militaire a été embrigadé par ses geôliers, et qu’il prépare un attentat sur le sol américain. Tandis qu’elle tente de convaincre des supérieurs sceptiques et des politiques trop heureux d’avoir un héros sous la main, l’ex-marine essaye tant bien que mal de reconstruire sa vie de famille. Seulement en apparence ?
Alors, Nicholas : innocent ? Coupable ? Et Carrie ? Folle à lier ? Seule contre tous ? Le face-à-face ambivalent entre ces deux personnages, qui sont au final aussi troubles l’un que l’autre, est pesant, prenant, haletant et riche en rebondissements. On en redemandait, et les fans les plus assidus pourront assister à la projection exclusive d’épisodes de la prochaine saison.