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Mitt Romney, l’homme qui ne doutait pas

[image:1,l]Comme en campagne permanente depuis 2008, Mitt Romney a su croire en ses chances. Il y a 4 ans, il avait échoué de peu aux primaires républicaines face au sénateur John McCain. Dès l’annonce de sa candidature le 2 juin 2011, les sondages lui ont été favorables. De ces premiers signes favorables, ce redoutable fauve politique, ancien gouverneur du Massachusetts de 2003 à 2007, a su se forger une conviction : à 64 ans, son heure est venue.

La politique, c’est génétique

La politique semble inscrite dans ses gênes. Son père, George W. Romney, président d’American Motors de 1954 à 1962, a été élu gouverneur du Michigan en 1963. Réélu magistralement en 1966, il décida, dans la foulée, de se présenter aux élections primaires républicaines en vue de l’élection présidentielle de 1968. Parti tambour battant, sa campagne souffrit de gaffes récurrentes et il fut battu largement par Richard Nixon, qu’il servit après son élection comme secrétaire au Logement et au Développement urbain. La mère de Mitt, Lenore LaFount-Romney, actrice de second plan dans les années 1920, fut elle-même candidate au poste de sénateur du Michigan en 1969. De ces dynasties politiques comme en ont tant produit les États-Unis, et Mitt accompagna d’ailleurs très tôt son père, comme stagiaire, dans sa carrière politique.

Une jeunesse dorée et pieuse

On comprend mieux que Willard Mitt Romney se soit laissé à son tour happer par la politique active. Il connaît une jeunesse très confortable, les soucis matériels sont totalement absents – il n’y sera jamais confronté. Il vit la jeunesse très confortable d’un membre de l’élite américaine, conscient de ses devoirs et de ses privilèges. Petite anecdote attestant des bonnes relations de son paternel : il doit son prénom à J. Willard Marriot, magnat de l’industrie hôtelière et meilleur ami de « papa ».

[image:2,s]Dernier d’une famille de quatre enfants, il a grandi dans le strict respect de la foi mormone. À 19 ans, il part vivre deux ans et demi en France comme missionnaire de l’Église de « Jésus-Christ des Saints des derniers jours », église chrétienne qui revendique aujourd’hui quatorze millions de membres dans le monde entier. Son père et de nombreux membres de sa famille avait vécu, avant lui, la même expérience.

À son retour, il prend la direction de la prestigieuse université d’Harvard, dont il sort diplômé de l’école de droit et des affaires. À 22 ans, il épouse Ann Davies, sa petite amie depuis le lycée. Ils auront cinq enfants.
Mitt Romney a vécu à l’abri de tous les débats idéologiques des années 1960. Il évolue dans un environnement exclusivement conservateur. Ainsi, durant son séjour en France, il n’hésite jamais à prendre la défense de l’intervention américaine au Vietnam. Quelle surprise, à son retour aux États-Unis, de découvrir que son père, un républicain modéré, a changé d’avis et y est désormais opposé.

Un redoutable entrepreneur

[image:3,s]Brillant étudiant, il devient un redoutable entrepreneur. Il fonde, à Boston, une société d’investissement, Bain Capital, qui lui permet de constituer une fortune personnelle, estimée à 200 millions de dollars.
Bain Capital acquiert de nombreuses entreprises au fil des années et notamment, une goutte d’eau au regard des investissements réalisés, Domino’s Pizza… Voilà qui lui fait au moins un point commun avec son adversaire ultraconservateur dans la primaire de 2012, Herman Cain, un temps PDG d’un fabricant de pizzas.

Plus sérieusement, au moment où Mitt Romney quitte la direction de Bain Capital, l’entreprise totalise 4 milliards d’investissement en portefeuille et figure parmi les leaders du secteur à l’échelle des États-Unis. Une belle réussite.

Le sauveur des Jeux de Salt Lake City

En 1999, on fait appel à lui pour opérer le sauvetage des Jeux Olympiques d’hiver de 2002, au bord de la banqueroute. Ces Jeux doivent avoir lieu dans la capitale de l’Église mormone, Salt Lake City. Pari réussi, sa gestion de l’organisme chargé des Jeux rapportera un bénéfice de 50 millions de dollars.

En 2002, Mitt Romney se présente au poste de gouverneur du Massachussetts. À le voir suivre son père et sa mère, il était évident qu’il finirait par se présenter à une élection – et probablement être élu. Une première fois, il s’était porté candidat à une élection. C’était en 1994, et il avait prouvé qu’il n’avait pas froid aux yeux puisqu’il n’avait pas hésité à défier Ted Kennedy, dernier survivant de la génération maudite des Kennedy. Son adversaire est affaibli par des scandales familiaux et souffre de la désaffection qui touche alors le camp démocrate deux ans après l’élection de Bill Clinton. Les sondages donnent Mitt Romney vainqueur pendant l’essentiel de la campagne. Il chute dans les tout derniers moments et son adversaire sortant est reconduit.

Élu au deuxième essai

Sa deuxième tentative est la bonne. À défaut de rejoindre les fauteuils du Sénat, il devient gouverneur de ce prestigieux État. Il met à profit son expérience d’hommes d’affaires et parvient à rétablir la situation budgétaire. Cette compétence reconnue d’excellent gestionnaire permet aujourd’hui à Romney de critiquer avec une certaine légitimité et beaucoup de virulence le bilan économique de Barack Obama, alors que les États-Unis traversent la pire crise financière que le pays a connue depuis la récession de 1929.

Son mandat en tant que gouverneur du Massachussetts est également marqué par une réforme de l’assurance-maladie qui offre aux contribuables de son État une couverture universelle, sans leur coûter plus cher. Réforme qui, de fait, le rend moins convaincant quand il critique la réforme de la santé engagée par Barack Obama.

Un conservateur sur les questions de société

[image:4,s]Mitt Romney a proposé le rétablissement de la peine de mort – mais le projet de loi qu’il a déposé en ce sens fut rejeté par la chambre des représentants du Massachussetts. Comme son adversaire dans la campagne des primaires en cours, Rick Perry, il défend les positions des conservateurs religieux sur des questions de société telles que l’avortement, les mariages homosexuels ou la recherche sur les cellules souches d’embryons.
Seul hic, dans son passé de gouverneur, Romney affichait des positions très modérées sur ces mêmes questions, au point que ses détracteurs ne se privent pas de le traiter de « girouette ».

Pour que sa deuxième tentative d’accéder à la Maison-Blanche soit un succès, Mitt Romney devra réussir un autre tour de force : convaincre le tiers des Américains qui, d’après les sondages, se déclarent réticents à voir un mormon devenir président. Le mormonisme est considéré, par beaucoup, comme une secte. Pour Mitt Romney, la Maison-Blanche vaut-elle bien une messe ?

>Visionner la Vidéo de campagne de Mitt Romney

> Retour au dossier : Les Républicains en ordre de bataille derrière Mitt Romney

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