La Chine occupe une place de choix dans la campagne américaine. Un poids économique gigantesque. Des ambitions hégémoniques et une position difficile sur de nombreux problèmes concernant les droits de l’homme. L’Empire du Milieu prend aux yeux de beaucoup d’Américains la forme d’une nouvelle URSS. Un problème épineux sur lequel Mitt Romney, le candidat républicain, affiche une ligne bien plus stricte que celle de Barack Obama.
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Le problème chinois : un thème majeur de la campagne
Déjà plus tôt dans l’année les deux candidats, républicain et démocrate, ont invoqué le spectre de la Chine pour tenter de gagner des points sur le secteur de l’économie aux yeux des Américains. Aujourd’hui, à quelques mois de l’élection, la République Populaire prend une nouvelle dimension dans l’élection et le clan républicain veut s’imposer sur ce thème que chérissent les politiciens américains.
Mitt Romney dénonce le risque d’une Chine autoritaire forte
Pour Mitt Romney les coupes dans le secteur militaire, envisagées par l’actuel Président, sont incompatibles avec la nouvelle posture des Etats-Unis vis-à-vis de l’Empire du Milieu. Récemment, dans un billet posté sur son site de campagne, le candidat républicain expliquait sa position : « La Chine doit être dissuadée d’intimider ou de dominer ses voisins » et de souligner le risque d’une République Populaire forte : « Alors qu’un potentiel conflit avec la Chine autoritaire semble plus proche à mesure que son pouvoir augmente, les Etats-Unis doivent mener une politique conçue pour décourager Pékin d’adopter une démarche rendant le conflit moins probable ».
Le candidat républicain prêt à une course à l’armement
Dans les faits le projet de Mitt Romney comprend la mise à flot de 50 nouveaux bâtiments à la flotte militaire américaine, le doublement des escadrilles d’avions de chasse et la reconsidération des accords d’échange de technologies avec Taïwan. Une politique qui pourrait aussi bien dissuader la Chine que la lancer dans une course à l’armement. Déjà, la Chine a dénoncé la position d’Obama vis-à-vis de l’Asie, prévenant que cette stratégie pourrait conduire à un enflamment des tensions dans la région.
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Vers une « coalition anti-Chine » ?
Jusqu’ici, Mitt Romney n’a dressé qu’une ébauche de la façon dont il envisage de traiter le conflit des îles disputées du sud de la Mer de Chine. Mais certains éléments parlent pour lui. Romney a déjà manifesté son désir de construire une alliance avec l’Inde et de raffermir les liens des Etats-Unis avec l’Indonésie. L’homme d’affaire a insisté sur le fait qu’une telle alliance n’aurait pas pour but la création d’une « coalition anti-Chine »… difficile de croire que la Chine puisse l’interpréter autrement.
La création d’une « Zone Economique Reagan » en projet
Mais c’est plus loin que les choses se corsent. L’équipe de Romney a proposé la création d’une « Zone Economique Reagan » composée des pays de la zone en faveur du libre-marché. Si l’on interprète la chose au premier degré, la Chine devrait donc pouvoir théoriquement rejoindre cette alliance, mais, de l’avis de nombreux républicains, rien n’est moins probable – un projet qui en somme pourrait donner à la Chine une nouvelle raison de dénoncer son encerclement par les Américains.
Paul Ryan déclare vouloir faire cesser la triche chinoise
Paul Ryan, colistier du candidat républicain, va plus loin dans la confrontation. Dans un récent discours tenu cette semaine il s’est attaqué une nouvelle fois à la politique protectionniste chinoise : « Ils volent notre propriété intellectuelle, ils empêchent notre accès à leurs marchés, ils manipulent leur monnaie […] le Président Obama a déclaré qu’il ferait cesser ces pratiques. Il a dit qu’il irait jusqu’au bout. A la place, ils le traitent comme un paillasson. Nous ne laisserons plus passer ces pratiques. Mitt Romney et moi allons faire cesser la triche des Chinois et nous allons nous assurer que le commerce fonctionne pour le bien des Américains ».
Les mesures de Mitt Romney sont hypothétiques
Bien que le problème chinois soit un des thèmes favoris des politiciens américains, le débat n’a encore aujourd’hui produit aucune action législative réelle et les mesures promises par Romney ne restent pour l’heure qu’hypothétiques.
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Une ligne plus stricte à l’égard de la Chine
Pour beaucoup d’Américains, l’équipe de campagne de Mitt Romney a marqué un point en traçant une ligne de conduite plus stricte à l’égard de la Chine. En critiquant la déclaration de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, qui y soutenaient l’importance pour les Etats-Unis de traiter de façon séparée les problèmes économiques et humains, le candidat républicain a fait le vœu d’apporter son soutien aux dissidents et faire pression sur la République Populaire quant au développement des droits de l’homme et notamment de l’accès à Internet.
Paul Ryan défend la libéralisation de la République Populaire
Paul Ryan s’est fait le porte-parole de cette vision des choses, déclarant dans un discours, donné à l’Alexander Hamilton Society, qu’il était certain que la Chine avait des « valeurs différentes » de celles des Etats-Unis et qu’ « une libéralisation de la Chine ne serait pas seulement dans l’intérêt du monde, mais aussi dans celui de la Chine elle-même à qui cela pourrait permettre d’affronter plus sereinement les défis auxquels elle devra faire face dans quelques décennies ».
Mitt Romney prêche un discours patriotique
Important et révélateur de la position du clan républicain sur la question chinoise, lors d’un récent discours de campagne, Mitt Romney a déclaré penser que l’Amérique avait battu la chine en terme de gloire sur Terre comme dans l’espace : « Nous venons de remporter plus de médailles olympiques qu’aucune autre nation sur Terre […] Je sais que la Chine planifie d’aller sur la lune et j’espère qu’ils réussiront […] j’espère aussi qu’ils s’arrêteront un instant pour jeter un coup d’œil à notre drapeau qui, lui, est là depuis maintenant 43 ans.»
Globalpost / Adaptation Stéphan Harraudeau pour JOLPress