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Mode d’emploi des élections provinciales québecoises

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Le Canada : une monarchie constitutionnelle fédérale

Le Canada est certes officiellement une monarchie constitutionnelle, mais dans les faits, les postes et responsabilités hérités de la colonisation britannique sont ceux qui concentrent le moins de pouvoir réels. Le pays a en fait un régime fédéral et, à ce titre, nombre de pouvoirs sont détenus à l’échelle régionale, par les provinces dans le cas canadien.

Le Québec, francophone, longtemps voire toujours rétif, est sans doute la plus emblématique d’entre elles, en particulier d’un point de vue français. Rétive envers le gouvernement central anglophone, la province l’est également envers ses propres gouvernants, comme le montrent les manifestations étudiantes de 2012. C’est donc dans ce contexte que le Premier ministre québécois, Jean Charest, a décidé de fixer la date des élections générales au 4 septembre, au lendemain de la Fête du Travail.

Des élections irrégulières

L’une des premières particularités des élections générales du Québec, c’est qu’elles n’ont pas lieu à heure fixe. Si elles doivent impérativement se tenir au moins une fois tous les cinq ans, le Premier ministre en exercice a toute latitude pour en fixer la date. C’est à sa demande que le Lieutenant-Gouverneur du Québec, représentant provincial de la Reine, déclenche le processus électoral.

Au bout de cinq ans, si le Premier ministre n’en a toujours pas fait la demande, des élections sont automatiquement convoquées : c’est ce qu’on appelle le principe de péremption de la législature. Enfin, l’échec d’un vote de confiance est également synonyme de convocation des élections générales, puisque le Premier ministre est alors tenu de présenter sa démission.

Découpe électorale

Le Québec est divisé en 125 circonscriptions électorales, chacune d’entre elles envoyant un seul et unique député à l’Assemblée Nationale du Québec. La Loi électorale du Québec détermine la façon dont sont tracées les circonscriptions, afin d’éviter tout abus politique. Par exemple, une circonscription ne peut avoir une population supérieure ou inférieure à plus de 25% de la moyenne de la population des autres circonscriptions.

L’autre grande ligne de cette loi est celle du « respect des communautés naturelles » : c’est-à-dire la prise en compte de facteurs sociologiques, géographiques ou encore démographiques. Par exemple, malgré une population largement inférieure au seuil exigé, les Iles-de-la-Madeleine, du fait de leur isolement géographique, peuvent élire un député.

Le tracé des circonscriptions est revu toutes les deux élections générales par une commission indépendante. Mais il demeure dans l’ensemble relativement inchangé depuis 1989, date à laquelle le nombre de députés, et donc de circonscriptions, a été fixé à 125.

Mode de scrutin

Le scrutin, quant à lui, est de forme uninominale majoritaire à un tour. Dans chaque circonscription, c’est le candidat qui a obtenu le plus de voix qui est élu. Pas de « finale » ou de triangulaires donc, contrairement à la France.

20 partis ont aligné des candidats dans ces élections. Ce qui fait un total de 851 candidats affiliés, auxquels il faut cependant ajouter 43 indépendants. Bien entendu, seuls un petit nombre de ces partis maintiennent une présence dans toutes les circonscriptions : seules 3 formations alignent un de leurs poulains dans chacune des 125 circonscriptions, dont le Parti libéral du Premier ministre sortant, et 6 seulement se sont présentées dans au moins la moitié d’entre elles.

Gouvernement majoritaire et minoritaire

La formation majoritaire peut au terme des élections former son gouvernement. Si elle a obtenu la majorité absolue des sièges, il n’y a rien de particulier à ajouter. Mais si sa majorité n’est que relative, alors il convient pour elle de rapidement former des alliances au risque de devoir rapidement renoncer à gouverner. Dans le cas des élections de 2012, les trois partis majeurs sont tant au coude à coude que le cas de figure d’un gouvernement minoritaire n’est pas à exclure

Mais, même si c’est le cas, les gouvernements minoritaires durent peu de façon générale. Le dernier en date, et premier en date depuis plus d’un siècle, aura vécu du 26 mars 2007 au 5 novembre 2008. A noter, enfin, que le Premier ministre doit impérativement être élu lui-même député.

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