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Un mois d’août déterminant pour sauver la zone euro

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Le 26 Juillet, Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne, a déclaré que son institution mettrait en œuvre  « tout ce qu’il faut » pour assurer la pérennité de l’euro. « Croyez-moi, cela suffira, » a-t-il ajouté.

Que peut faire Mario Draghi, le messie ?

La cote de confiance de Mario Draghi est élevée et, en réaction, les marchés financiers, à travers le monde, sont repartis à la hausse. Et l’euro s’est remis à grignoter du terrain face aux devises concurrentes, et en particulier le dollar.

Comme on le sait, une hausse – aussi spectaculaire fût-elle – peut être suivie d’une baisse tout aussi spectaculaire… la patience des marchés est de courte durée et ceux-ci, comme d’ailleurs tous les acteurs de la zone euro, comptent sur des annonces concrètes à courte échéance, jeudi 2 août, en premier lieu, à l’occasion de la réunion mensuelle de la Banque centrale européenne.

Il est probable que la déclaration de Mario Draghi sera suivie d’une relance de l’achat de dette publique qui se traduirait, tout d’abord, par des achats par la BCE et le Fonds de sauvetage européen (FESF) d’obligations souveraines espagnoles et italiennes.

Le message politique de soutien de François Hollande et Mario Monti

Mardi 31 août, Mario Monti, le président du Conseil italien, a déjeuné avec François Hollande à l’Elysée. Au menu : le plan de sauvetage orchestré par le président de la BCE.

Les deux dirigeants ont adressé un nouveau message politique de soutien à la monnaie unique : « Nous rappelons notre volonté de tout faire pour que les décisions du Conseil européen soient appliquées, pour que la zone euro soit défendue, préservée et consolidée, que nous puissions travailler à son intégrité », a déclaré le chef de l’État français, au côté de Mario Monti. Il y a « des mécanismes à appliquer », a ajouté François Hollande.

Convaincre Mariano Rajoy de solliciter une aide

Ces mécanismes, ce sont ceux qui réglementent le recours au Fonds européen de stabilité financière (FESF). Ainsi, son activation sur les marchés requiert notamment une demande d’aide du pays qui serait amené à en bénéficier. Si Mario Monti ne montrerait pas de scrupules à solliciter une aide internationale, Mariano Rajoy, en proie à une contestation croissante et enferré dans une politique d’austérité drastique, y rechigne – craignant sans doute d’en payer le prix politique.

Mario Monti doit se rendre à Madrid ce jeudi, peu avant la réunion de la BCE. Il pourrait suggérer à son homologue espagnol une stratégie honorable, une demande d’aide conjointe de l’Italie et de l’Espagne, appuyée par les autres dirigeants européens, François Hollande et Angela Merkel.

Convaincre les Allemands d’accepter le plan Draghi

La chancelière allemande, pour sa part, se montre bien discrète – sans doute parce qu’elle est en vacances dans le Tyrol italien, mais aussi au nom de préoccupations politiques intérieures. A peine si, à coup de communiqués, elle paraît adouber le plan de Mario Draghi. A peine…

Son ministre des finances, Wolfgang Schäuble – lui aussi en vacances, mais sur l’île allemande de Sylt en mer du nord – est l’objet de toutes les pressions, en particulier des Anglo-saxons, eux aussi, à la manœuvre. Le Secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, lui a rendu visite sur son lieu de villégiature pour le convaincre d’appuyer l’opération envisagée par la BCE, malgré l’opposition réaffirmée de la Bundesbank.

Le spectre d’un krach, le scénario catastrophe de la zone euro

La pression à Wall Street, et sur l’ensemble des places mondiales, que l’administration craint à tout moment un krach – un krach qui risquerait, sans nul doute, de précipiter le monde dans une crise encore plus profonde, et de remettre en cause la réélection de Barack Obama. Dans une tribune publiée par le quotidien populaire Bild, l’ancien premier ministre britannique Tony Blair a appelé les Allemands à « sauver l’euro, même au prix de compromis déplaisants » – sans hésiter à user de parallèles avec l’époque nazie pour justifier son appel : « La crise que traverse l’euro est une expérience nouvelle, qu’on pourrait au mieux comparer avec celle des années 1930 ».

Cette intervention nécessaire sera-t-elle suffisante ?

Une intervention de la BCE et du FESF, sous la forme d’un rachat de dettes publiques, est sans doute indispensable. L’échéance est connue : au plus tard, elle devrait intervenir avant le 6 septembre, date à laquelle l’Espagne a prévu une large émission d’obligations d’Etat.

Chacun convient que cette intervention, indispensable à court terme, ne saurait être suffisante à moyen terme. La décision de la BCE d’intervenir, après des mois d’obstruction, est un signe encourageant qui doit être suivi d’avancées supplémentaires et de la mise en œuvre, le plus rapidement possible, des réformes de structures institutionnelles indispensables.

L’Europe n’a pas le choix. S’il est de bon ton d’user des comparaisons historiques, alors mieux vaudrait ne pas attendre qu’il soit trop tard pour admettre que ces Messieurs et ses dames, acteurs des marchés financiers, ne sont ni des gentlemen, ni des gentlewomen. Et, à flirter avec le déshonneur pour éviter la honte, l’Allemagne d’Angela Merkel, l’Espagne de Mariano Rajoy et toute l’Europe finiraient par avoir le déshonneur et la honte… 

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