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Ayaan Hirsi Ali met en garde contre la colère islamiste

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Newsweek n’y va pas par quatre chemins. Une semaine après l’assassinat de l’Ambassadeur américain à Benghazi et le début des manifestations à travers le monde arabo-musulman – en réaction au film brûlot anti-islam, « Innocence of Muslims » -, l’hebdomadaire américain place en une une photo – deux hommes, sans doute musulmans, hurlant leur colère – et un titre – « La rage des musulmans ».

Guests of Honour : Ayaan Hirsi Ali et Salman Rushdie

Si le positionnement de la rédaction de Newsweek sur cette affaire pouvait rester flou à la vue de cette seule couverture, il ne fait plus de doute une fois que l’on aperçoit que celle-ci a fait le choix de convoquer deux icônes de la lutte contre le fanatisme religieux, deux militants cibles des fondamentalistes musulmans : Ayaan Hirsi Ali et Salman Rushdie.

Ayaan Hirsi Ali, l’intellectuelle et femme politique néerlandaise d’origine kényane, combattante des droits des femmes, se voit confier la rédaction de l’article principal de ce numéro. Celle-ci invoque en ouverture Salman Rushdie qui, vingt-trois ans après la fatwa dont il fut frappé pour ses « Versets sataniques », sort son autobiographie.

Newsweek a courageusement choisi son camp

Nul doute possible : Newsweek a fait le courageux choix de l’intransigeance et de la résistance face aux menaces que constitue le fondamentalisme d’une minorité de musulmans, prêts à pervertir certains des fondements mêmes de leur religion pour promouvoir leur vision obscure et obscurantiste de la société idéale, où les femmes seraient invisibles et les hommes entièrement soumis à une version prétendument traditionnaliste de la loi divine.

Ayaan Hirsi Ali, une pionnière

Ayaan Hirsi Ali s’est battue, en pionnière, pour dénoncer l’emprise excessive des religieux sur les femmes d’origine musulmane. C’est elle la scénariste de « Submission », un film qui valut à son réalisateur, Théo Van Gogh, d’être assassiné par un fondamentaliste néerlandais d’origine marocaine, Mohammed Bouyeri en novembre 2004. Menacée, elle avait été contrainte de démissionner de son siège au Parlement et de s’exiler aux États-Unis – juste pour fuir cette Europe et ses élites libérales qu’elle jugeait complices de la montée inéluctable du fondamentalisme musulman sur le vieux Continent. À l’époque, elle prédisait le pire, une islamisation rampante des pays européens, au premier rang desquels les Pays-Bas, le Danemark, certaines parties du Royaume-Uni.

Ses prises de position – et celles de ses camarades de route – ont été dénoncées, à gauche comme à droite, par angélisme ou, pire,« haine de soi » d’un côté, par frilosité ou peur des amalgames de l’autre…

Pour un discours de fermeté qui ne soit pas, pour autant, aveuglant

Dans son article, Ayaan Hirsi Ali invite les États-Unis à ne pas mollir et à tenir un discours de fermeté, un discours qui sache faire clairement la distinction entre la masse des musulmans pacifiques, démocrates et une petite minorité d’extrémistes fanatiques, prêts à pervertir le cœur même de leur message pour faire avancer leur agenda fascisant. Faire preuve d’intransigeance, ce serait tomber dans le piège tendu par ces extrémistes et faire leur jeu.

Surtout, ajoute la jeune femme, « nous » – les États-Unis, l’Occident, la communauté de tous ceux attachés à la démocratie et aux libertés – ne devons pas prêter le flanc, montrer la moindre faiblesse, « rester silencieux » face à ce qui s’annonce. « Oui, cela peut paraitre comme un retour en arrière au regard des espoirs nés des Printemps arabes. » Mais elle se veut optimiste : « Les idéologies utopiques ont une courte durée de vie et elles échoueront dès que, au pouvoir, elles tenteront de mettre en œuvre leur politique ». Pour elle, il suffirait d’être patient et d’aider les forces modérées, laïques ou non. On pourrait s’inquiéter et lui répondre que certaines idéologies utopiques se sont exprimées suffisamment longtemps pour causer des dégâts considérables

Ouvrir l’œil et le bon oeil

Mais elle évoque aussi les appels à manifester en Europe – et elle rappelle que ces manifestations ne sont pas spontanées comme certains voudraient le faire croire mais planifiées dans le détail par des manipulateurs cherchant à créer le désordre et les conditions d’une déstabilisation de nos sociétés, avant tout et par-dessus tout, sécularisées.

Ayaan Hirsi Ali, une fois de plus, dans Newsweek, nous aura prévenus, nous invitant à la plus grande fermeté face à une possible montée des périls.

Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas…   

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