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Au-delà du seul cas de Bernard Arnault, c’est un angle élargi que s’efforce de mettre en avant le quotidien : en substance, François Hollande et les riches…
Prendre de la hateur, élargir l’angle…
Comment le président de la République est mis en difficulté par la question de l’exil fiscal ? Va-t-il assez loin, ou pas, avec sa taxation de 75% pour les rémunérations au-delà du million d’euros ? « Hollande, antiriches de circonstances » parce que rien, dans ses origines et son profil, ne le prédisposerait à des sorties et des politiques stigmatisant les plus favorisés, lui le fils de médecin né à Neuilly, l’énarque diplômé d’HEC, le deloriste posté à la droite du PS… Dont acte.
Nicolas Demorand, pour sa part, nous délivre un éditorial sur « l’enrichissement exponentiel des riches » et l’émergence d’une « hyperclasse ». À fins de démonstration, il cite l’économiste Daniel Cohen qui, dans son livre « Homo economicus » parle d’un « putsch salarial ». Le ton est donné.
L’ambiance chez Libé…
La réponse à Bernard Arnault est jusque-là très anglée… Page 7, enfin, la cerise sur le gâteau, le service Médias de Libération nous plonge dans les coulisses du journal avec un « Making of : La une du journal d’hier a créé la polémique ». Oui, le « Riche con ! » – pourquoi se priver d’imprimer à nouveau la fine trouvaille en caractères gras ? – a provoqué du buzz et une plainte. Signe de quelques remords ou, plutôt, par souci de ménager la chèvre et le chou et tenter de redorer le blason journalistique de Libération – malmené depuis 24 heures -, il nous est révélé que la réunion d’édition de dimanche à 15h15 a été houleuse… Le désormais célèbre « Riche con ! » n’était à l’origine qu’une blague – on comprend mieux, après cela, certaines unes « insolites » de ces derniers mois. Nicolas Demorand est un G.O. sympa et on « se marre bien » rue Béranger… Enfin, tout le monde ne rit pas autant et – l’honneur est sauf – des voix se sont élevées contre ce choix éditorial osé et – on dirait que cela devient une manie chez Libé – on nous donne des noms…
Posture et marketing
Mais, une fois de plus, le meilleur est pour la fin, la fin de la fin. Ce « making of » monte d’un cran pour faire intervenir les véritables protagonistes de l’affaire : Bernard Arnault, principal cible du journal, et le baron Edouard de Rothschild, principal actionnaire du même journal. Le premier a déposé une plainte pour insulte – « On ne devrait pas recourir à l’insulte ? Mais c’est Arnault qui insulte » – et le second, invité du Grand Journal de Canal + – s’est félicité d’ « une belle opération marketing » et a qualifié cette plainte de Bernard Arnault de « posture ».
Posture et opération de marketing… À bien regarder la une de Libération de ce mardi 11 septembre, on se dit que ces deux-là – Arnault et Rothschild – sont faits pour s’entendre. Libération n’a pas une « une » mais deux « unes »… Le service Marketing du journal, fort du coup de la veille, a réussi à vendre sa une à Yves Saint-Laurent. Le logo « YSL » occupe un tiers de la page 1 à la droite du titre dédié à « Bernard ». La page est une publicité pour Manifesto, le nouveau parfum de la marque, dont le premier spot publicitaire sera diffusé ce soir à la télévision. Page 3, à nouveau, le titre dédié à « Bernard » ; dessous, deux sous-titres sur la misère du monde – la fracture Nord-Sud et l’annonce d’une interview du prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz – et, à droite, l’image d’un guerrier en sang, héros de jeu vidéo. Tout est pensé !
Le coup de pied de l’âne ?
Mais, au fait, à qui appartient désormais Yves Saint-Laurent ? À François Pinault, le meilleur ennemi de… Bernard Arnault ! Comme par hasard…
Puisque, crise oblige sans doute, Libération a abandonné le journalisme intelligent – d’opinion – pour la gaudriole et le marketing, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Suggestion pour la une du Libération de demain : « Bernard et nous, vous l’aurez compris, c’est du sérieux ! »