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Casse-tête pour les Américains en Mer de Chine

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Des îlots rocheux inhabités perdus en Mer de Chine

Pour la plupart, ce ne sont que de petits îlots rocheux inhabités, éparpillés en  Mer de Chine méridionale. Officiellement, elles portent les noms que leur ont donnés les cartographes européens : les îles Spratleys, Paracels et le récif de Scarborough, mais la plupart des territoires asiatiques voisins ont leurs propres noms pour elles. Elles sont les îles les plus revendiquées de la planète et, cet été, les tensions se sont renforcées. Une épine dans le pied des États-Unis.

L’International Crisis Group tire la sirène d’alarme

L’International Crisis Group – une ONG dont l’objet est de prévenir et de résoudre les conflits grâce à une analyse et des recommandations indépendantes aux gouvernements – a averti qu’un conflit armé dans la zone était plus que probable. De fait, il existe un précédent. En janvier 1974, j’ai vu les bâtiments de la flotte sud-coréenne, en partie détruits, revenir au port de Danang après une rencontre avec la flotte chinoise au large des îles Paracels. La Chine a répondu violemment à l’envoi d’un détachement nord-vietnamien vers les îles. Alors que Saigon tombait au printemps 1975, peu remarquèrent l’arrivée de navires de guerre, dépêchés par Hanoï, pourtant allié de la Chine, aux Paracels.

La Chine renforce ses garnisons militaires

Récemment, la Chine, qui veut assurer sa souveraineté sur la plus grande partie de la Mer de Chine méridionale, a renforcé ses garnisons militaires et créé une nouvelle préfecture – Sansha – disposant d’un maire et de 45 députés à l’Assemblée nationale populaire, dont la juridiction s’étend théoriquement sur les îles Spratleys, Paracels, Zhongsha et le récif de Scarborough. Le Vietnam a, de son côté, voté une loi officialisant sa souveraineté sur les îles Paracels et Spartleys. Le texte se légitimise par le fait, qu’en 1933 – alors que le Vietnam était encore une colonie française –, les îles en question étaient sous administration française. Les îles Philippines ont réaffirmé leur souveraineté sur le récif de Scaborough, déclarant que des centaines de nouveaux navires militaires et d’avions allaient être achetés pour le défendre.

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Les Philippines décidées à conserver leur souveraineté

Pourquoi cet attachement à ces petites îles rocheuses éparses ? La fierté nationale, bien entendu, mais surtout les gisements de gaz et de pétrole, dont la présence à proximité est supposée. Un enjeu suffisant pour le président philippin. Benigno Aquino a en effet déclaré que son pays ne céderait pas aux menaces de la République populaire de Chine, arguant, qu’après tout : « si quelqu’un entrait sur votre terrain et vous disait qu’il lui appartenait, seriez-vous d’accord ? ». Face au pouvoir écrasant de la Chine, vous pourriez, bien entendu. C’est là qu’entrent en jeu les États-Unis. Bien qu’ils n’aient pas encore pris position dans le conflit, le gouvernement américain a déjà signalé que le conflit devait être résoulu pacifiquement et diplomatiquement et non par la force. Un avis que devront prendre en compte les belligérants. Les États-Unis disposent de la plus grande flotte de l’océan pacifique, et les Philippines attendent des États-Unis qu’ils les protègent de la Chine.

Une situation difficile pour la diplomatie américaine

C’est donc désormais le positionnement des États-Unis qui déterminera probablement l’avenir des îles. Ne pas prendre parti signifierait laisser la Chine s’emparer des îles disputées, et perdre en crédibilité localement et internationalement. Mais la République populaire refuse toute négociation et rassemble ses forces. Comme dans le cas de la souveraineté non-négociable de la Chine sur Taïwan, les Américains doivent jouer entre fermeté, flexibilité et délicatesse dans leurs négociations avec la Chine. Dans le cas de Taïwan, l’Amérique a reconnu la souveraineté de la Chine sur ce territoire, mais a affirmé également que la réintégration de l’îlot de liberté doit se faire dans le consentement mutuel et sans utilisation de la force.

Il faut maintenir le dialogue entre militaires

Dans le cas des îles de la Mer de Chine méridionale, les États-Unis devraient insister sur la présence de la Chine à la table des négociations et leur acceptation de l’arbitrage international. Ce ne sera pas facile et impliquera une approche du problème nuancé. Certains, comme Michael Auslin, de l’Institut de l’entreprise américaine, ont suggéré que le premier pas à faire pour les États-Unis devrait mettre fin au dialogue entre militaires sur la taille des garnisons militaires chinoises présentes sur les îles. Ce serait une mauvaise décision. Le dialogue entre militaires est la première chose que les États-Unis cessent quand ils se préparent à être durs avec les Chinois, et cela s’est toujours révélé être une erreur. Renoncer à ces dialogues, c’est se couper un bras. Il est dans l’intérêt de tous de solliciter au maximum la diplomatie chinoise, pas seulement en vue d’un accord en Mer du Sud méridionale mais aussi sur certains autres points. Suspendre le dialogue ne ferait que donner de la puissance aux forces militaires chinoises et éloigner l’hypothèse d’une issue pacifique à la crise. 

Global Post / Adaptation Stéphan Harraudeau – JOL Press

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