Site icon La Revue Internationale

Crédit Immobilier de France: l’ex-PDG et les salariés critiquent l’État

cif-credit-immobilier-france-manifestations.jpgcif-credit-immobilier-france-manifestations.jpg

[image:1,l]

Rappel des faits…

Fin août, confronté à des problèmes de liquidités, le Crédit Immobilier de France, qui se finance exclusivement sur les marchés financiers – à la différence des banques de dépôt -, chutait, et le gouvernement – sous l’influence de la direction du Trésor et pour des raisons encore floues – lui portait le coup de grâce : après l’accord d’une garantie financière – qui devrait s’élever à 20 milliards d’euros -, les pouvoirs publics enjoignaient les dirigeants du groupe, pointés du doigt pour n’être pas parvenus à un rapprochement avec La Poste, à cesser la production en imposant des critères d’octroi trop strictes pour la clientèle modeste de l’établissement – pas de crédit au-delà de vingt ans, un apport personnel de 20% minimum et un taux d’endettement plafonné à 33%.  

Le CIF est la seule institution à favoriser l’accession à la propriété des ménages les plus modestes

Le Crédit immobilier de France est la seule institution reconnue en France pour sa capacité à aider les ménages très modestes à devenir propriétaires, tout en prenant les sûretés nécessaires pour que le risque soit maîtrisé.

Les conditions drastiques imposées par les banques traditionnelles a fait chuter le nombre de ménages modestes devenus propriétaires en 2012, malgré des taux d’intérêt bas. Et cela, malgré la contribution du CIF qui, en 2011, a financé 34 000 projets immobiliers.

La valeur moyenne des prêts consentis par le CIF s’est élevée à 149 000 euros sur une durée de plus de 25 ans, pour des ménages fournissant un apport inférieur à 10% du prix d’achat et gagnant en moyenne deux Smic. L’établissement compte actuellement 424 000 prêts en cours.

L’ex-PDG met le gouvernement devant ses responsabilités

Ce bilan, Claude Sadoun, l’ex-patron récemment évincé, le revendique avec fierté. Dans un entretien accordé au Figaro, jeudi 13 septembre, il a interpellé les pouvoirs publics : « Que l’État se pose la question de savoir s’il veut ou non promouvoir une vraie politique du logement avec pour composante indispensable l’accession sociale à la propriété. Si la réponse est oui, et je n’en doute pas, que l’État fasse du CIF un acteur public au service du logement », a-t-il plaidé.

Les solutions de Claude Sadoun

Claude Sadoun avance plusieurs pistes pour le sauvetage du CIF. Parmi celles-ci, figure la solution d’un adossement, par exemple à un établissement public.

L’hypothèse a longtemps été évoquée sans qu’un accord soit possible. La Banque Postale, qui s’appuie sur une base de dépôts importante, a longtemps été pressentie pour un tel projet, sans jamais donner suite, jugeant qu’un tel rapprochement n’était pas dans son intérêt.

Autre partenaire possible : la Caisse des dépôts, ne serait-ce que de manière transitoire et avec pour objectif l’établissement d’une Banque publique du logement, à la création de laquelle les collectivités locales pourraient s’associer.

Claude Sadoun a jugé que la liquidation programmée du Crédit Immobilier de France pourrait rapporter entre 1 milliard et 3,6 milliards d’euros à l’État et que les actionnaires, issus du mouvement coopératif, « ne vont pas se laisser faire ». Il s’agissait déjà du message transmis par les principaux acteurs du mouvement HLM – dont le Crédit immobilier de France fait partie – au cours des dernières semaines. Selon eux, cela serait un mauvais calcul pour l’État dans la mesure où les pertes de ressources induites par l’arrêt des activités financées à travers le CIF, pour l’État, serait in fine bien supérieures.

« Non au sauvetage braquage »

Cette détermination, cette volonté de combat sont partagées par de nombreux salariés. Jeudi 13 septembre, ils étaient environ 1700 à Paris, selon la police, à manifester devant le siège du Crédit immobilier de France. 1700 manifestants sur un total de 2500 employés.

« Non au sauvetage braquage », « Le marché sauvé, le personnel sacrifié », « Bercy beaucoup », « François réveille-toi, sauve nos emplois », « Devenir propriétaire, ça va être galère », pouvait-on lire sur les banderoles.

La motivation des manifestants était double : sauver leurs emplois, mais aussi l’accession à la propriété des foyers modestes. Ils souhaitent que l’État reprenne le dossier pour permettre l’émission de nouveaux crédits ou aider à trouver un repreneur.

Si, sur le fond, l’ex-patron et ses employés peuvent paraître sur la même longueur d’onde, on pouvait voir sur de nombreuses pancartes l’inscription « Wanted » accompagnée du portrait de Claude Sadoun, accusé d’une « gestion monarchique ».

Quitter la version mobile