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Discours sur l’état de l’Union: le rôle de Barroso en question

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Devant les parlementaires européens, réunis en session plénière à Strasbourg, José Manuel Barroso va présenter ce mercredi les grandes lignes de la politique de la Commission européenne. Ce rendez-vous exceptionnel, instauré par le Traité de Lisbonne, doit permettre, une fois par an – au mois de septembre – de dresser le bilan de l’action de la commission européenne et de dessiner des perspectives pour l’année à venir.

D’inspiration américaine…

The State of the Union Address ou discours sur l’état de l’Union, est avant tout une pratique américaine. Chaque année le président des États-Unis présente son programme pour l’année en cours, au Capitole, à Washington, devant les deux Chambres. On se souvient du discours du président George W. Bush en janvier 2002 sur l’ « Axe du mal », ou celui de Barack Obama en 2010 sur la réforme de la finance mondiale.

Entre Strasbourg et Bruxelles, cette année, deux mesures devraient dominer les débats : la mise en place d’une supervision bancaire européenne et une avancée vers une véritable union politique, qui viendrait compléter l’union monétaire qui lie déjà 17 pays de l’UE.

La mise en place d’une supervision bancaire européenne

C’est le premier pas vers une « union bancaire ». La supervision des 6 000 banques que comptent les 17 pays de la zone euro est la condition indispensable pour que le futur fonds de sauvetage permanent de la zone euro (MES, pour Mécanisme européen de stabilité) puisse prêter directement aux banques en banqueroute sans passer par les États. Les besoins de recapitalisation des banques ne viendront alors plus creuser les déficits des pays de la zone euro. Ce projet est une priorité pour la Commission européenne.

Vers une union politique ?

Alors que la France s’apprête à voter la ratification du traité budgétaire européen, Angela Merkel semble elle vouloir aller plus loin… vers une véritable « union politique ». D’après un article du Spiegel, la chancelière allemande souhaiterait que les États membres décident, dès le mois de décembre, de la date d’une « réunion pour poser de nouvelles bases juridiques pour l’Union ». Un traité indispensable pour garantir que les Vingt-Sept mettent de l’ordre dans leurs finances et pour restaurer la crédibilité de la zone euro ? José Manuel Barroso a l’air de le croire.

Une union politique approfondie en réponse à la crise

Le chef de l’exécutif européen cherche des solutions à la crise que traversent les pays de l’Union : « La perte de confiance des citoyens dans l’Europe nous oblige à avoir une réponse politique. Les mois à venir seront décisifs pour faire sortir les Européens d’une situation difficile et pour définir une voie d’avenir », a-t-il souligné, face aux eurodéputés conservateurs du PPE réunis en séminaire la semaine dernière à Florence.

Ce mercredi, José Manuel Barroso devrait se focaliser sur les mesures visant à résoudre la crise de la zone euro et plaider en faveur d’un budget à long terme de l’UE ambitieux et orienté vers la croissance. Mais cette politique ne peut se faire sans le maintien du modèle social européen : « Nous devons vraiment améliorer notre compétitivité (…) mais ce serait une erreur d’essayer de démanteler l’État providence et notre modèle social européen », a-t-il déclaré à l’ouverture d’une conférence de la Commission européenne sur la politique de l’emploi en Europe.

Le rôle de Barroso sur la scène européenne

Le Président de la Commission, habituellement qualifié de trop discret, va-t-il donc imposer ses vues au reste de l’Europe ? S’il n’a plus le soutien de Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, il tient à réaffirmer le rôle de la Commission dans les décisions des Vingt-sept. Car sa légitimité est assez fréquemment remise en cause : il n’est pas élu et si l’Europe n’est pas « encore » une fédération, l’idée même d’un chef de l’exécutif européen pose question. En période de crise économique, les peuples cherchent à faire entendre leurs voix. Mais en est-il seulement question à la Commission ?

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