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Et si la Catalogne succombait à la tentation de l’indépendance?

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Le bras de fer s’intensifie entre Madrid et Barcelone. Mardi 25 septembre, le président de la région autonome de Catalogne a mis sa menace à exécution et convoqué des élections anticipées. Les Catalans voteront dans deux mois, le 25 novembre, deux ans avant la date prévue. À la crise économique et sociale risque de s’ajouter une crise politique. En jeu, la solidarité entre les autonomies et, dans le pire des scénarios, l’unité de l’Espagne.

Une crise de l’ampleur de celle que traverse la zone euro – et l’Espagne en particulier – a toutes les chances de se traduire par des chamboulements politiques. Alors que retentissent des appels à davantage de solidarités au niveau communautaire, voire à une fédéralisation à marche forcée, d’autres voix dissonantes s’élèvent, au sein même des États membres les plus fragilisés, remettant en cause la cohésion nationale. Des menaces pesaient déjà sur la Belgique, l’Italie ou le Royaume-Uni, mais, désormais, l’unité et l’avenir même de l’Espagne seraient menacés…

Le défi d’Artus Mas à Mariano Rajoy

Les dissensions entre Barcelone et le pouvoir central sont historiques mais le drame en cours s’est noué en deux temps, deux temps qui permettent à Artur Mas de justifier sa décision de convoquer des élections anticipées. Le 20 septembre, le président catalan s’est vu refuser par Madrid l’autonomie fiscale qu’il exigeait pour collecter et gérer les impôts perçus en Catalogne. De ce fait – mais pas de son fait -, il a été contraint de revenir sur une promesse faite lors des élections de novembre 2010. Or Artur Mas estime que la participation d’un million et demi de personnes à une manifestation en faveur de l’indépendance de la Catalogne – neuf jours auparavant, le 11 septembre – lui a conféré un mandat populaire pour aller « au-delà du pacte fiscal ». « Une nouvelle étape requiert une nouvelle légitimité », a-t-il expliqué devant le Parlement catalan pour justifier sa décision de convoquer des élections. Madrid ne voit pas cela d’un bon œil.

Les Catalans s’estiment spoliés

L’argumentaire est classique, c’est celui qui causa la perte de tant de nations : la Catalogne contribuerait trop au budget national espagnol, elle paierait pour les régions plus pauvres, elle serait spoliée !

Artur Mas a fait porter la responsabilité des plans de rigueur qu’il a fait votés au gouvernement de Madrid et aux mauvais financements qu’il redistribue à la Catalogne. Précisément, le « pacte fiscal » que le président catalan défendait avait pour objectif de réduire le déficit fiscal, la différence entre les impôts collectés en Catalogne et ce que le gouvernement central lui reverse, une partie importante – entre 6 % et 8 % du PIB de la Catalogne, selon les estimations – étant destinée à pallier la faiblesse des régions moins riches.

Mariano Rajoy a écarté cette possibilité. Il a insisté, mardi 25 septembre, sur le fait que « mettre sur la table en ce moment une réforme du modèle de financement des autonomies, c’est demander une redistribution de ce qui n’existe pas. L’objectif doit être de créer de l’emploi et de la croissance économique ». L’Espagne, dont le taux de chômage s’élève à 25% et le déficit public à 8,9% en 2011, est plongée dans une grave crise économique. Dans ce contexte, l’idée que la Catalogne s’en sortirait mieux sans le reste de l’Espagne fait son chemin, comme en Écosse, comme en Flandres, comme dans l’Italie du Nord, comme, autrefois, en Slovénie

Du nationalisme à l’indépendantisme ?

Pour Artur Mas et sa coalition Convergencia i Unio (CiU), outre la possibilité de réorienter sa politique, ces élections anticipées sont aussi l’espoir d’obtenir la majorité absolue qui lui avait manqué lors des derniers scrutins régionaux et l’avait obligé à faire alliance ponctuellement avec le Parti populaire – de Mariano Rajoy.

Jusqu’à présent, cette coalition est « nationaliste » et non indépendantiste. Si Artur Mas s’est prononcé en faveur de la création d’un « État propre »  pour la Catalogne, il lui reste à en préciser le cadre : une fédération espagnole, une confédération ou dans l’indépendance, un mot qu’il s’est, jusqu’à présent, refusé à prononcer.

Mardi 25 septembre, el presidente a simplement déclaré qu’il « était temps pour la Catalogne d »exercer son droit à l’autodétermination ». Un terme qui laisse imaginer l’éventuelle organisation, après les élections, d’un référendum sur le thème de la souveraineté.

El Rey plaide pour l’unité nationale

Le roi Juan Carlos est sorti de sa réserve habituelle pour plaider pour « l’unité » dans une lettre publiée sur le site Internet de la Maison royale, le 18 septembre. « Dans les conditions actuelles, le pire que l’on puisse faire est de diviser nos forces, d’alimenter des dissensions, de poursuivre des chimères et de creuser des blessures », pouvait-on lire dans une claire référence aux prétentions indépendantistes de la Catalogne

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