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Grèce, Espagne, Portugal: l’austérité grandit, la contestation aussi

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L’actualité occulte les problèmes de la zone euro

Alors que le reste du monde a les yeux braqués sur la possible guerre sino-nipponne et la rage anti-américaine qui balaye le monde musulman, des problèmes tels que le taux auquel emprunte la Grèce et la réforme de la sécurité sociale portugaise semblent soudain beaucoup moins urgents, mais ce n’est pas parce que l’on en parle plus que ces problèmes disparaissent ou que la zone euro est sûre. De nombreux pays sont dans la seconde phase d’une récession à double creux. L’Espagne, la Grèce et le Portugal font face à des réformes qui pourraient s’avérer décisives pour sortir l’Europe de la crise de la dette dans laquelle se sont embourbées un grand nombre d’économies.

Nouvelles réformes et nouvelles coupes budgétaires en Espagne

Le danger le plus immédiat est l’Espagne. Le pays doit dévoiler ce jeudi 27 septembre un nouvel ensemble de réformes économiques et de coupes budgétaires. Notamment le gel des retraites. Une mesure d’austérité de plus qui risque d’alimenter encore le malaise social et la contestation dans ce pays où le chômage dépasse désormais les 25%. Le recours aux euro-bonds, délivrés par la Banque centrale européenne (BCE) – mesure très bien accueillie par les marchés à son annonce le 6 septembre – semble indispensable – même si cela risque d’anesthésier l’économie du pays , mais le Premier ministre Mariano Rajoy apparaît décider à poursuivre les négociations sur les conditions difficiles imposées par la BCE aux pays recourant au système.

Le gouvernement allemand pense que l’Espagne peut survivre sans euro-bonds

Alors que Mariano Rajoy évalue les risques et les bénéfices que pourrait retirer l’Espagne d’un renflouement par la BCE, les points de vue des Européens divergent. Certains pensent que recourir à la BCE est indispensable au pays pour survivre, alors que d’autres jugent et espèrent qu’il pourra s’en passer. Wolfgang Schauble, le ministre des Finances allemand est de ceux-là. Jeudi 20 septembre à Berlin, il s’est exprimé contre un recours de l’Espagne à la BCE : « L’Espagne n’a pas besoin d’un programme. Ne pas y recourir est la chose à faire et ce sera une démarche fructueuse […]. Ce dont l’Espagne a besoin, c’est de la confiance des marchés financiers, et c’est là que l’Espagne a un problème ».

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Le filet de sécurité de la BCE tranquilise les marchés

Les marchés se sont calmés à l’égard de la situation espagnole après que la BCE a annoncé la mise en place de son filet de sécurité. Le taux d’intérêt de 5,7% auquel les investisseurs achetaient la dette espagnole, pour des périodes de dix ans, était le plus bas depuis des mois, mais toujours beaucoup plus que ce que paye l’Allemagne. Le remboursement des intérêts de la dette espagnole constitue une partie importante des dépenses de l’État.

60 milliards de plus pour sauver les banques espagnoles

Le gouvernement espère que les mesures de cette semaine seront les dernières et que d’autres ne viendront pas s’y ajouter si le pays venait à recourir à l’aide de la BCE. Pour bénéficier d’un renflouement de la BCE, les États à cours de liquidités doivent convaincre les autres pays européens de leur capacité à garder le contrôle de leurs finances. Dans le cas où ce programme échouerait, des plans d’austérité internationaux pourraient être mis en place. Les mesures de ce jeudi devraient donner un aperçu de l’évolution de la situation économique du pays. Le ministre des Finances Luis de Guindos a déjà indiqué que le secteur bancaire nécessiterait une injection de 60 milliards d’euros. Un fond de secours de 100 milliards a déjà été mis en place par la zone euro pour sauver les banques espagnoles.

Le Portugal a renoncé à la réforme de son système de santé

Mais l’Espagne n’est pas le seul problème. Le Portugal voisin, qui avait présenté il y a peu la réforme du système de sécurité sociale – voulue par le Fond monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE) en échange d’un renflouement de 60 milliards –, a dû faire machine arrière face aux importants mouvements de contestation qui ont suivi. Le Premier ministre Pedro Passos Coelho a annoncé que le gouvernement « cherche des alternatives » à ces réformes qui auraient relevé les contributions sociales prélevées sur les salaires des travailleurs de 11 à 18%.

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La contestation enfle au Portugal

Passos Coelho devra maintenant trouver l’argent ailleurs, et les choses devraient être plus difficiles. La marche arrière du gouvernement a encouragé les manifestants à continuer, voir à aller plus loin, dans leur lutte contre l’austérité. La réaction de Manuel Carvalho da Silva, un des leaders du mouvement, en témoigne : « Le gouvernement a été contraint de faire marche arrière face aux gens, aux travailleurs portugais […], nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant, il est très important de poursuivre le mouvement ».

Athènes a jusqu’à la mi-octobre 2012 pour convaincre

Les problèmes de la Grèce sont encore plus prononcés. Athènes a jusqu’à la mi-octobre pour expliquer aux gouvernements européens et aux experts du FMI comment elle va réaliser encore 11 milliards de coupes budgétaires sur son budget déjà très amaigri. Condition nécessaire à l’obtention de la tranche d’aide européenne suivante dont le montant s’élève à 32 milliards d’euros. Un échec pourrait éjecter le pays hors de la zone euro, un événement qui pourrait avoir des répercussions dramatiques sur le reste de la zone, en dépit du mécanisme de sûreté de la BCE.

La Grèce ne doit pas tomber

« Une sortie de la zone euro n’est pas un choix pour la Grèce, c’est un cauchemar ». Ce sont les mots prononcés par le Premier ministre grec, Antonis Samaras, ce jeudi 20 septembre. Mais, au delà de cette vision pessimiste, le chef de gouvernement a voulu avertir les autres États européens : « Une fois un pays en dehors de la zone euro, les spéculateurs s’attaqueront simplement au nouveau État plus faible, puis au suivant ». Des mots qui semblent avoir trouvé écho dans les oreilles du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault. « La réponse ne peut être une sortie de la Grèce de la zone euro […], nous pouvons déjà leur donner plus de temps… à la condition que la Grèce respecte ses engagements de réforme ».

Les euro-bonds : vers un cercle vertueux ? 

Mais, malgré les nombreux écueils qui parsèment notre route, un nouvel et prudent optimisme s’empare des officiels européens. Certains chuchotent déjà qu’un « cercle vertueux » engendré par la mise en place des euro-bonds propulserait l’économie réelle, nourrirait la croissance et apporterait de l’espoir aux 18 millions d’Européens sans-emploi. Reste que peu osent prédire la fin de la crise. 

 

Adaptation GlobalPost / Stephan Harraudeau pour JOLPress

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