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Harlem Désir et deux «bébés Hollande»: un triumvirat au PS?

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Le parti socialiste renoue avec ses vieilles lunes… Des heures de tractations – de préférence nocturnes – pour parvenir à une synthèse qui puisse recueillir l’approbation de la plus grande majorité des courants internes. Ce matin, mercredi 12 septembre, ce n’est plus tant la question du premier secrétaire qui explique le délai mais plutôt un débat sur la représentation des différentes sensibilités – et en particulier, la gauche du parti – au sein des instances dirigeantes, bureau national et conseil national. Dans la journée, une fumée rose devrait s’élèver du siège du parti rue de Solférino : « Habemus primus secretarius ! », pourront se réjouir les militants. Ils n’auront plus qu’à voter pour confirmer ces choix.

Un premier secrétaire nommé Désir

Sauf coup de théâtre, le prochain premier secrétaire du parti socialiste sera bien Harlem Désir. Le n°2 de Martine Aubry aurait été préféré à Jean-Christophe Cambadélis. Ces deux-là, deux apparatchiks aux talents reconnus d’organisateur, sont « nés » sous Mitterrand, ont grandi sous Jospin et n’ont plus, sous Hollande, d’autres ambitions personnelles que celles de se consacrer à leur parti…

Harlem Désir est sans doute un choix plus consensuel. Martine Aubry avait, semble-t-il, quelques réserves – justifiées par le jugement sévère que celle-ci porte sur l’intérim assuré par Désir durant la primaire citoyenne de 2011 – et lui aurait, dit-on, préféré Jean-Christophe Cambadélis. Les « Hollandais », les plus fidèles et plus proches de François Hollande, auraient poussé Harlem Désir.

Mais, Harlem Désir serait flanqué d’un numéro deux et d’un porte-parole, et c’est un triumvirat qui assurerait la direction du parti socialiste.  

Un triumvirat : Harlem Désir… Guillaume Bachelay et Olivier Faure

À 7 heures du matin, ce n’est encore qu’une rumeur et les tractations se poursuivent. Pourtant, la rumeur veut que deux « bébés Hollande » constituent avec le « premier secrétaire » Harlem Désir une sorte de direction collective. Les deux noms mentionnés sont ceux de deux grands espoirs du PS génération Hollande, deux jeunes députés dont les noms avaient même été mentionnés, au cours de l’été pour le poste de n°1 : Guillaume Bachelay et Olivier Faure.

Ces deux quadragénaires ont fait leur entrée à l’Assemblée nationale en juin dernier. Tous les deux ont pour point commun d’avoir, l’un comme l’autre, travaillé très étroitement avec les principaux ténors du Parti et peuvent se targuer d’une excellente connaissance des arcanes de la rue de Solférino.

Très proche de Laurent Fabius, dont il est le suppléant et qu’il a remplacé à l’Assemblée nationale en juin dernier, Guillaume Bachelay s’est rapproché – a été placé au service – de François Hollande, candidat à la présidentielle. Son talent est reconnu, il est une véritable boite à idées.

Olivier Faure a d’abord travaillé avec Martine Aubry au ministère des Affaires sociales à partir de 1997. Au cours des dix dernières années, il a notamment été secrétaire général du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, principal collaborateur de Jean-Marc Ayrault et François Hollande. En juin dernier, il a remporté une circonscription taillée sur mesure à Sénart en Seine-et-Marne.

Guillaume Bachelay deviendrait n°2 et Olivier Faure, porte-parole. Quoiqu’il advienne, les carrières de l’un comme de l’autre sont assurées, ils constituent la tête de la relève socialiste.

Représenter les courants et faire une place à Benoit Hamon

L’essentiel des négociations porterait sur la répartition des postes au sein des différentes instances dirigeantes du PS. Hollandais, Aubrystes, Fabiusiens, Montebourgeois, ex-Strauss-Kahniens, etc. Au sein de la majorité du parti, chacun veut être le mieux représenté possible – pour peser sur les investitures et au cas où les haches de guerre devaient être déterrées. Et puis il y a les Royalistes. Et puis aussi, Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault souhaiteraient enrôler les partisans de Benoit Hamon, à la gauche de la gauche, pour éviter qu’ils ne présentent une motion dont l’écho pourrait ne pas être négligeable et qui pourrait malmener l’unité du gouvernement. Ce n’est pas chose facile.

On est loin de la primaire citoyenne…

Après l’exercice démocratique exemplaire de la primaire citoyenne de 2011, c’est un autre visage que montre le PS. L’enjeu est sans comparaison et ne saurait même être comparé à l’élection du président de l’UMP. Alors que, à droite, les militants doivent choisir leur champion, leader de l’opposition, challenger de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, les socialistes se dotent d’un tuteur, d’un grand organisateur, d’un messager aux pouvoirs et aux rôles limités.

D’où ce congrès avant le congrès, ces tractations loin des militants… Le Congrès de Toulouse, fin octobre, est un congrès post-victoire et il sera toujours temps en 2015 pour les différents courants de s’affronter pour préparer la suite.

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