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«Il n’existe pas de droit à l’enfant»

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Le 11 septembre dernier, la garde des Sceaux Christiane Taubira relançait le débat sur l’homoparentalité en présentant au quotidien La Croix le projet du gouvernement sur le « mariage pour tous ». « Nous ouvrirons donc l’adoption aux couples homosexuels et ce, dans un cadre identique à celui actuellement en vigueur », déclarait-elle.

Au-delà de l’adoption, c’est la parentalité des couples homosexuels qui pose question. Car, s’il est déjà très difficile pour un couple hétérosexuel d’adopter, qu’en sera-t-il pour les homosexuels ? La vraie question que cache cette loi serait plutôt celle de la légalisation des différents moyens de procréations médicalement assistées. Et c’est alors que l’on est en droit de s’interroger sur les conséquences de tels procédés sur le psychisme de l’enfant. Que ce soit par mère porteuse pour les couples d’hommes ou par insémination artificielle pour les couples de femmes. Quel sera le statut de la mère porteuse ou du donneur de sperme ?

Le débat est à peine lancé que nombreux sont ceux qui considèrent l’enfant comme le grand absent de ces discussions. A-t-il besoin d’un père et d’une mère ? Le « droit à l’enfant » prend-il le pas sur le « droit de l’enfant » ? Qu’est-ce que ces nouvelles parentalités vont changer pour lui ?

Christilla Pellé-Douël, journaliste pour Psychologies Magazine et auteure de nombreux ouvrages dont Pères solos, pères singuliers ? (Albin Michel, 2010), s’interroge sur les bienfaits d’un tel projet de loi et sur les conséquences qu’il pourrait avoir sur le psychisme des enfants.

Cette loi va établir de nouveaux liens de parenté entre les enfants et leurs parents. Quelles seront les conséquences pour l’enfant ?

On ne maîtrise rien de ce qui se passe. Beaucoup affichent des certitudes et affirment que les gens sont prêts à accepter l’idée de l’homoparentalité, mais il est quasiment impossible d’avoir des certitudes dans le domaine. Ce n’est pas parce qu’une idée est acceptée de tous que le psychisme suit.

Nous constaterons les conséquences de ces évolutions dans quelques années. Aujourd’hui, rien ne nous permet de dire que rien ne sera bouleversé dans le psychisme de l’enfant. Je suis toujours épatée d’entendre certains pédopsychiatre justifier l’utilité d’une telle loi. Comment avoir de telles certitudes alors qu’on est en face d’une grande inconnue ?

Vous seriez d’avis de ne pas autoriser l’homoparentalité par principe de précaution ?

Il s’agit de bien plus qu’un principe de précaution, il s’agit d’une question fondamentale et philosophique : existe-t-il un droit à avoir un enfant ? Je ne le crois pas. Le désir existe, et certainement de manière très forte chez certains, mais doit-il forcément être comblé ? Nous vivons dans une société où tout désir doit obtenir satisfaction. Mais on oublie la satisfaction du désir, c’est-à-dire l’enfant.

Permettre aux couples homosexuels d’avoir des enfants, par le moyens de la science en particulier, c’est refuser les frustrations que la vie impose. L’enfant n’est pas un droit.

Un enfant a-t-il besoin d’un père et d’une mère pour s’épanouir ?

Je pense, comme Freud, qu’un enfant a besoin d’une représentation parentale hétérosexuelle. Pour les enfants adoptés, la question est différente parce qu’ils ont eu un père et une mère, mais que se passera-t-il dans la tête d’un enfant que l’on prive d’emblée d’une partie de sa généalogie ?

Un enfant né d’une mère porteuse commence sa vie avec l’abandon de sa mère. Il est conçu pour être abandonné. Ce qui me frappe le plus dans ces démarches, c’est que l’enfant devient un objet, il n’est plus sujet. Que va-t-on dire à un enfant né d’une mère porteuse ? Qui est sa mère ? Il passera forcément par une recherche d’identité. L’adolescence est déjà une période très difficile à traverser pour les enfants adoptés… Qu’en sera-t-il pour ces enfants qui ne savent pas quel rôle a joué leurs parents dans leur conception ?

Au nom de quoi la loi peut-elle se le permettre ? En quoi le fait d’avoir deux papas ou deux mamans sera mieux pour eux ? L’amour ne suffit pas. Je pense que les générations suivantes vont être confrontées à de véritables problèmes. Malheureusement, seul l’avenir nous le dira…

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