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La Bosnie fête les 823 ans de son plus vieux document officiel

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Dans la ville royale de Jajce, située en Bosnie-Herzégovine, sont fêtés actuellement les 823 ans de la Charte de Kulin Ban. La Mairie a organisé une splendide exposition intitulée « Bosnie au temps de Kulin », qui a accentué l’étatisme du pays au XIIème siècle. Son auteur et commissaire Admir Hadrovic a mis en place 16 panneaux et présenté la plus ancienne et la plus récente traduction du document, écrit en « bosancica », ancienne écriture propre à la région afin de rapprocher et éclairer les élèves de l’école primaire ainsi que les lycéens à la grande et unique importance de ce qui est le plus vieil acte officiel chez les Slaves du sud-est européen. Admir Hadrovic a mis en exergue la forte personnalité du gouverneur – qui était aussi de taille imposante et très beau -, son art de mener le pays et de trouver les solutions diplomatiques ou commerciales, de garder la souveraineté de sa terre, toujours enviée et voulue par les autres.

Comme de nombreux habitants de la région, Kulin ban a abandonné le christianisme et est devenu « Bogomil », en hérétique « Cher à Dieu ».  Son État était unifié, indépendant, prospère et riche, a attiré les princes du voisinage qui rêvaient de le conquérir. Surtout, Vukan, le fils aîné de Stéphane Nemanja, le duc de Rashka, en Serbie. Déshérité, il voulait déséquilibrer Kulin, et lui prendre la région. Vukan a informé le Pape Innocent III, en 1199, de l’appartenance religieuse de Kulin ban, qui n’a pas hésité à redevenir catholique quatre années plus tard et a éviter à la Bosnie l’arrivée des Croisés, qui ont été très mal vus et craints dans toute la région. Plus tard, la plupart de Bogomiles de Bosnie se sont convertis à l’islam, pour survivre et garder leurs biens.

Le directeur des Archives d’État, l’institution  qui a soutenu l’événement, a souligné  que le lointain ban est la preuve irréfutable de l’histoire millénaire du pays, souvent contesté par les autres Slaves du sud. Monsieur Adamir Jerkovic a aussi ajouté : « Il est importent d’exprimer cette vérité, surtout maintenant : notre pays est toujours un demi protectorat, deux décennies après la guerre fratricide et survit grâce au soutien étranger ! »

Il ne faut pas oublier que l’état est partagé en deux parties- la Fédération croato-bosniaque et République serbe, fondé après le génocide et le  déplacement forcé des populations non orthodoxes. A Sarajevo a été organisée une conférence sur le document, rendu publique à la fin de l’été de l’an 1189. Intitulé « La Charte de Kulin Ban », l’assemblée s’est tenue dans l’enceinte du Conseil de congrès des intellectuels bosniens. Célèbre Charte, élaborée en trois exemplaires existe toujours, mais loin de son pays d’origine. Deux sont à Dubrovnik, car l’acte était destiné au prince de cette ville et le troisième, selon l’opinion de plusieurs scientifiques- l’original,  volé au 19ème siècle, se trouve à l’Académie russe des Sciences, à Saint Petersburg. Les professeurs et scientifiques ainsi qu’historiens, rassemblés à la capitale ont souligné  que le document, écrit en vieux bosnien et pas en cyrillique, a 160 mots, dont 26,6 %  d’origine gothique. L’Institut linguistique  suisse qui s’est associé à l’événement a, après longues recherches, conclu que 20% de la population de Bosnie-Herzégovine a des origines gothiques. Comme tels ils  ne sont  pas seulement slaves.

La Charte témoigne du haut niveau d’organisation étatique de la terre de Kulin, qui a oscillé entre Hongrie et Byzance, souvent présenté comme leur vassal, ce qu’il n’était pas. Durant 24 ans de reine, il a gardé sa souveraineté et indépendance. Son fils Stjepan l’a remplacé après sa mort, en 1204. Les héritiers directs de Kulin sont les familles bosniennes Kulic/othodoxe/, Kulinic/catholique/ et Kulenovic/bosniaque musulmane/.

Bosnie et Herzégovine a souvent, officiellement demandé la Russie de lui rendre la précieuse Charte. Les Russes refusent expliquant que le document est le deuxième, le plus vieux acte des peuples slaves et à ce titre,  appartient à leur  histoire.

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