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La morale a-t-elle sa place à l’école?

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Ni ordre moral ni instruction civique. Dans un entretien au Journal du Dimanche, Vincent Peillon explique ce qu’il entend par « morale laïque », une discipline que le ministre de l’Éducation nationale entend mettre en place à la rentrée 2013 dans l’enseignement.

Si l’ancien ministre de l’Éducation Luc Chatel a accusé son successeur socialiste Vincent Peillon de paraphraser le maréchal Pétain, d’autres, comme l’ancien ministre Luc Ferry, considèrent que « c’est une excellente idée » : « Quand le ministre évoque le besoin de réarmement moral de l’école, il se réfère à la déclaration des droits de l’homme, à l’idée de liberté comme d’une émancipation, d’un arrachement à nos enracinements dans divers communautarismes, au respect de l’être humain, abstraction faite de ses appartenances à une langue, une nation, une religion, une culture. C’est ce que l’on a appelé l’humanisme abstrait », a-t-il déclaré au Figaro. « Le problème est de savoir comment l’enseigner. »

« Distinguer le bien du mal »

Pour Vincent Peillon, il s’agit de « comprendre ce qui est juste, distinguer le bien du mal, c’est aussi des devoirs autant que des droits, des vertus, et surtout des valeurs », peut-on lire dans le JDD. « Je souhaite pour l’école française un enseignement qui inculquerait aux élèves des notions de morale universelle, fondée sur les idées d’humanité et de raison. »

Un moyen de lutter contre la discrimination à l’école ?

Si cette discipline tend à garantir les principes et règles de la vie en société, elle cherche aussi et surtout à lutter contre toute forme de racisme à l’école : « Si la République ne dit pas quelle est sa vision de ce que sont les vertus et les vices, le bien et le mal, le juste et l’injuste, d’autres le font à sa place », poursuit le ministre. « Aujourd’hui, dans les cours d’école et les classes, on se traite de « sales feujs », de « sales bougnoules »… Tout ce qui est de l’ordre du racisme, de l’antisémitisme, de l’injure, de la grossièreté à l’égard des professeurs et des autres élèves, ne peut pas être toléré à l’école. »

L’école, « la grande priorité de son quinquennat »

À l’occasion d’un discours au collège Youri-Gagarine de Trappes (Yvelines) ce lundi 3 septembre, François Hollande a tenu à soutenir l’initiative de son ministre et a réaffirmé « sa volonté de faire que la morale laïque puisse être enseignée de l’élémentaire jusqu’à la terminale ».

Si la jeunesse et l’école constituent « la grande priorité de ce quinquennat », il y voit un moyen de « transmettre aux enfants les principes et les comportements du vivre-ensemble ».

« L’inculcation du socialisme dans la tête de tous les jeunes élèves »

L’opposition ne fut pas longue à réagir pour critiquer la proposition du ministre. Camille Bedin, secrétaire nationale de l’UMP, a dénoncé dans un communiqué une « morale gauchisante à l’école » : « Si personne ne conteste la nécessité pour l’école de retrouver son rôle de formation des citoyens et d’apprentissage d’un meilleur vivre-ensemble, la définition que Vincent Peillon apporte à sa « morale laïque » n’est absolument pas satisfaisante. Elle est d’ailleurs floue et totalement biaisée », explique-t-elle. « L’enseignement de la morale laïque de Vincent Peillon, c’est tout simplement l’inculcation du socialisme dans la tête de tous les jeunes élèves ».

Des cours de morale en Europe ?

En Allemagne, l’enseignement religieux est obligatoire au primaire comme au secondaire. Les élèves peuvent en être dispensés avec l’autorisation de leurs parents jusqu’à l’âge de 14 ans et suivre à la place un cours d’histoire des religions, d’éthique et d’instruction civique.

En Espagne, le cours d’éthique (educación ético-cívica), est optionnel en école primaire mais obligatoire au secondaire.

Et Belgique, chaque élève doit suivre un cours de religion (catholique, protestante, juive ou islamique) ou un cours de morale dès l’école primaire, à raison de deux heures par semaine. 

Une initiative novatrice qu’en apparence donc, et qui n’est pas sans rappeler la « Lettre aux instituteurs » de Jules Ferry qui, en 1883, parlait déjà d’un « enseignement laïque de la morale ».

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