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La révolution de la télé internet by Google

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Il y a plus de quinze ans, Olivetti révolutionnait l’utilisation des télévisions en vendant des ordinateurs, sans écran, pouvant se brancher sur un moniteur. Aujourd’hui, c’est Google qui arrive sur le marché avec sa télévision connectée. Décryptage de Fabrice Boé.

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Depuis quelques années déjà, il est possible d’acheter des postes de télévision pouvant se connecter à Internet.

Les premiers pas d’Olivetti

Le principe est simple : tout particulièrement lorsque le signal provient d’une box Adsl, aucun obstacle technique n’empêche de charger dans le téléviseur des données en provenance directe du Web.

L’idée est née il y a déjà plus de quinze ans avec Olivetti, qui commercialisait des ordinateurs sans écran, destinés à se brancher sur le téléviseur pour l’utiliser comme moniteur.

À l’époque, la technologie n’était pas au rendez-vous : il était quasiment impossible de lire quoi que ce soit sur l’écran TV, sans compter que monopoliser le poste familial pour utiliser son ordinateur était peu convivial. Surtout, Internet était à ses balbutiements et n’apportait que peu de contenus conviviaux. Échec prévisible, Olivetti abandonna la partie…

Résultats décevants pour les TV connectées

Les TV connectées des dernières années ont elles aussi globalement échoué pour ce dernier motif : trop peu de contenus. En effet, au lieu de donner accès à l’ensemble du Net, les fabricants avaient inclus une interface propriétaire supposée apporter une ergonomie conviviale et en réalité extrêmement frustrante, comme si l’utilisateur ne disposait que d’un filet d’eau tiède pour prendre sa douche.

Les fournisseurs de contenus, chaînes de TV en tête, se sont peu bousculés pour mettre à disposition leurs contenusréflexe malthusien ou tout simplement prudence face à un mode de consommation susceptible de bouleverser leur modèle économique.

Comme il était prévisible, les TV connectées ont donné des résultats décevants et, comme il était également prévisible, ces barrières sont en train de voler en éclat.

Multiplier les voies d’accès au Web

La TV internet by Google arrive et devrait se présenter au Salon de l’électronique grand public.

Google a développé un système d’exploitation, désormais bien connu (Android), qu’il met à disposition de tous les développeurs et qui répond à un objectif simple : permettre au plus grand nombre d’appareils mobiles d’accéder au Web de la manière la plus performante possible.

Cette voie a été ouverte par Apple, le premier à avoir réellement décliné sur plusieurs types de « machines » un même éco-système.

L’intérêt de Google semble évident : en multipliant les voies d’accès au Web, Google multiplie les accès à ses propres services. Sachant que la mobilité devient la porte d’entrée la plus fréquente au Web, Google n’a certainement pas fait un mauvais choix stratégique.

D’autant plus qu’avec sa puissance et la qualité de ses ingénieurs, Google est en train d’aller plus loin : son système, performant et resté « ouvert », est devenu le premier au monde pour les smartphones, est l’unique challenger d’Apple pour les tablettes, commence à équiper des ordinateurs, etc…

Aujourd’hui, Google franchit un nouveau cap : il offre une évolution de son système adaptée aux postes de TV et a choisi un principe (box séparée) qui permet d’utiliser quasiment tous les appareils existants (nul besoin de se rééquiper à grands frais).

Ceux-ci, quoi qu’on en dise, restent un élément central au sein de chaque foyer : en s’y attaquant, c’est une nouvelle citadelle que le Web pourrait conquérir.

Un combat d’arrière-garde ?

On peut s’attendre à ce que les opérateurs de TV résistent de toutes leurs forces et fassent tout pour que leurs contenus ne soient pas accessibles de cette manière.

Ont-ils raison ou mènent-ils un combat d’arrière-garde ?

Pour y répondre… je poserais quelques questions complémentaires :

– l’accès à Internet via son téléviseur ouvre des possibilités vertigineuses…

Si le système fonctionne bien et si son utilisation est simple et fluide (ce que l’on peut imaginer avec Google et, sans doute prochainement, avec Apple…), un spectateur trouvera au bout de sa télécommande une infinité de contenus. Que se passera-t-il, à terme, si, par exemple, les chaînes françaises en sont absentes ?

Ne devraient-elles pas, plutôt, imaginer une forme de partenariat pour être présentes sans être privées de leurs ressources publicitaires ?

– peu importe si cette tentative sera la bonne, il semble clair que la TV connectée est pour demain. Les possibilités offertes aux spectateurs sont autant de questions pour les fournisseurs de contenus. Il suffit de naviguer sur YouTube pour mesurer la quantité de contenus qui soudain apparaitront sur les écrans de TV. Au-delà, que se passera-t-il ? L’outil permet des diffusions mondiales et instantanées de contenus, dans des conditions excellentes et familières à tous les utilisateurs de TV, c’est-à-dire à tout le monde. S’ouvre dès lors une porte vers un monde différent pour les propriétaires de contenus, avec la possibilité de les commercialiser en-dehors des barrières et des frontières actuelles. Exemple parlant, les séries américaines pourront être vendues à des opérateurs mondiaux : que deviendront nos chaînes nationales, si elles se trouvent privées d’une source d’approvisionnement majeure pour leurs grilles ? Inversement, les créateurs auront l’opportunité de s’adresser au monde entier.

La TV connectée pourrait demain entrer dans le monde réel.

Ouverture infinie pour les spectateurs… et infinité de questions pour les opérateurs de TV et pour les créateurs de contenus.

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