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La scène internationale, une planche de salut pour François Hollande ?

 

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Dimanche dernier, François Hollande perdait onze points – seulement 43% de Français satisfaits de son action – dans un sondage IFOP pour le JDD, un recul comme aucun de ses prédécesseurs n’en a connu depuis les débuts de la Vème République. Hier, il manquait de perdre deux ministres, deux ministres écologistes – Pascal Canfin et Cécile Duflot – alors que la polémique enflait à la suite du vote négatif du conseil national d’Europe Écologie – Les verts sur la ratification du traité budgétaire européen

Dans ces circonstances, nul doute que, à l’Élysée et dans l’entourage présidentiel, on espère que les premiers pas onusiens de François Hollande, intermède bienvenu hors de France, permettra au chef de l’État de reprendre la main, d’inverser la courbe des sondages sur la confiance des Français mais aussi de mieux établir sa stature présidentielle. La scène internationale comme planche de salut, c’est possible ?

La politique étrangère ne fait pas recette

Domaine réservé du président de la République, la politique étrangère ne fait pas une élection, elle ne suffit pas, non plus, à faire une présidence.

Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand – en particulier, au cours de son second mandat – ont misé sur l’Europe, et sont à l’origine d’avancées considérables sur le plan européen – la création des sommets européens et du Système monétaire européen pour le premier, l’Acte unique et le traité de Maastricht préalable à l’euro pour le second. Le premier a dû quitter l’Élysée au bout de sept ans en 1981, le second a été contraint à une deuxième cohabitation en 1993.

De la même manière, Nicolas Sarkozy a été très actif sur la scène internationale – par une présidence française hyperactive de l’Union européenne en 2008 et un rôle de premier rang dans la création du G20 à l’automne de la même année -, cela n’a pas empêché son désaveu le 6 mai 2012.

L’engagement sur la scène internationale est un engagement de longue durée dont l’instigateur ne tire pas nécessairement lui-même le crédit politique. Ce qui est en jeu plus fondamentalement, c’est la diplomatie française, l’influence et la place de la France dans le monde.

Un baptême du feu pour François Hollande

La première intervention du Président sur la scène onusienne devrait être marquée par un discours fort sur le Mali. François Hollande devrait lancer un appel à une intervention internationale pour éviter que ne s’installe durablement au Nord de ce pays un califat, un état islamique, foyer de terrorisme qui risquerait de déstabiliser toute cette région d’Afrique, au nord et au sud du Sahara, et bien au-delà.

Les prédécesseurs de François Hollande ont eu, eux aussi, à prendre la lourde responsabilité d’engager les forces françaises dans le cadre d’opérations extérieures : François Mitterrand et la première guerre du Golfe après l’invasion du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein en août 1990, Jacques Chirac en 1995 pour sortir Sarajevo de l’étau sanglant dans lequel les forces serbes la maintenait et puis en 2001, après le 11-Septembre, en Afghanistan pour lutter contre le terrorisme.

Sans envoyer directement des troupes, Nicolas Sarkozy avait joué un rôle déterminant – et risqué la guerre – lors du conflit entre la Géorgie et la Russie en 2008.

Ingrate scène diplomatique

La question du Mali est d’autant plus délicate pour François Hollande que différents facteurs viennent compliquer la position de la France : d’abord, quatre français demeurent otages dAl Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ; ensuite, en cas d’intervention au sol de troupes françaises, la France prendrait le risque d’être taxée de néo-colonialiste. Une intervention au Mali ne serait pas une guerre conventionnelle.

S’il y a peu de chances qu’il tire un bénéfice durable – et visible – du rôle qu’il pourrait tenir dans une éventuelle solution internationale à la crise malienne, son inaction ou, pire, les fautes qu’il pourrait commettre, seront directement gravées dans son bilan, celui qu’il devra défendre en 2017. Idem sur la Syrie

Pas de salut sur la scène internationale, affaire de relations publiques

La scène internationale ne saurait être une planche de salut pour un Président impopulaire ou en échec sur sa politique intérieure. Même une forte initiative européenne dans le sens d’un saut fédéral inédit ne lui profiterait durablement – à savoir en 2017 – que si, d’ici là, ses effets positifs sur la conjoncture économique, sociale et financière de la France étaient irréfutables.

À New York, le président de la République est aussi le grand V.R.P. de la France, chargé de soigner les relations publiques d’État à État – et d’ouvrir la voie à de juteuses coopérations économiques. En attendant les résultats – sonnants et trébuchants -, c’est plutôt à l’aune de la présentation du budget 2013 par son ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, que sera jugée la semaine de François Hollande.

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