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L’augmentation du plafond du livret A fait débat

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« Cet après-midi, j’ai signé le décret » qui permet au plafond du livret A de passer à 19 125 euros et celui du livret de développement durable à 12 000 euros, a indiqué Pierre Moscovici, au micro du Grand Jury RTL/LCI/le Figaro. Ce décret sera publié le 19 septembre au Journal Officiel et la mesure entrera en vigueur le 1er octobre, toujours selon le ministre de l’Économie et des finances.

Hausse de 50% du plafond du livret A

Pierre Moscovici avait annoncé fin août que le livret A bénéficierait d’un premier relèvement de 25%, portant son plafond à 19 125 euros, puis d’une deuxième hausse d’ici la fin de l’année, de 25% également. Cette mesure tend à augmenter les ressources disponibles pour le financement du logement social, de la politique de la Ville et des équipements de l’aménagement du territoire.

Le livret de développement durable finance, en effet, les PME et les entreprises innovantes, et le livret A, le logement social notamment, qui nécessite des investissements à très long terme, vingt ou trente ans. Avec ce décret, le gouvernement espère porter à 150 000 par an la construction de logements sociaux dès 2013, contre 110 000 en 2011. Et le livret A restera entièrement exempté d’impôts et de charges.

Un décret qui ne fait pas l’unanimité

Cette augmentation du plafond du livret A ne fait pas l’unanimité. S’il reste le placement préféré des Français, la hausse du plafond risque de ne profiter qu’aux plus aisés, car sur près de 60 millions de livrets A, seuls 5,3 millions atteignent le plafond des 15 300 euros. La grande majorité  des livret A (47% d’entre eux) disposent d’une somme inférieure à 150 euros. La mesure ne les concerne donc absolument pas. « Sur les 60 millions de livrets A ouverts dans notre pays, moins de 10% atteignent le plafond de 15 300 euros et près de la moitié ont un solde inférieur à 150 euros ! Autrement dit, cette mesure permettra à la minorité des épargnants les plus aisés d’épargner plus encore ! », a critiqué l’ancien ministre du Logement, Benoist Apparu, dans un communiqué.

Cette mesure inquiète aussi les établissements bancaires car, si les Français préfèrent alimenter leur livret A, l’assurance-vie subit une décollecte historique avec des retraits qui dépassent les dépôts. La Caisse des dépôts centralise 65 % de l’argent du livret A, les banques voient donc des liquidités leur échapper. Selon une analyse de Moody’s publiée le 27 août, ces relèvements vont « inciter les épargnants à convertir des dépôts bancaires classiques en épargne défiscalisée », ce qui « va réduire le montant des dépôts disponibles pour le financement des banques ».

Une « mesure anti-entreprises »

Pour Valérie Pécresse, le problème est ailleurs. Selon l’ancienne ministre, cette augmentation va nuire aux entreprises. Fin août, elle expliquait au micro de BFM-TV : « C’est encore une mesure coûteuse. On ne sait pas qui va payer cette défiscalisation. Et c’est une mesure anti-entreprises, parce qu’aujourd’hui, le logement social n’a pas besoin de financement »

Selon elle, « les Français vont être incités à investir dans le livret A au lieu d’investir en actions, dans le financement de nos entreprises », or « c’est dans les entreprises que se créeront les emplois durables, pas dans le secteur associatif et public avec 150 000 emplois jeunes payés par des dépenses publiques ».

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