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Les dessous de la séparation du couple Royal-Hollande

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En 2007, elle était sûre de mener son camp vers des victoires futures. En 2012, la gauche l’a emporté… mais c’est François Hollande, son ancien compagnon, qui s’est installé à l’Élysée. Ségolène Royal ne siège pas à la table des vainqueurs. La déroute des législatives de La Rochelle a compromis son avenir politique. Le « tweet » assassin de sa rivale Valérie Trierweiler l’a renvoyée à ses malheurs sentimentaux. Et son rêve de présider l’Assemblée nationale a viré au cauchemar.

Ségolène Royal est l’ex-candidate, l’ex-compagne, l’ex-madone des sondages. Comment en est-elle arrivée là ? Pourquoi le couple mythique qu’elle formait avec François Hollande a-t-il explosé ? Comment est née la rivalité féroce qui l’oppose à l’actuelle « First Lady » ? Qui a tiré les ficelles du complot de La Rochelle ?

Le journaliste Sylvain Courage a suivi Ségolène Royal pendant de longs mois, recueilli ses confidences, celles de ses proches, mais aussi les piques de ses ennemis. Avec force détails et révélations, il tire les fils d’un destin dramatique qui aura marqué notre histoire politique.

Extraits de L’Ex de Sylvain Courage

Les hostilités ont commencé au lendemain du second tour de l’élection présidentielle de 2007. La Femme fatale[1], livre-événement des journalistes du Monde Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, révèle enfin au grand public ce que le microcosme politico-médiatique murmure depuis des mois : rien ne va plus entre Ségolène et François !

Médusés, des millions d’électeurs découvrent que la candidate socialiste et le Premier secrétaire ont vécu une crise de couple pendant tout le temps de la campagne. Comme

Nicolas Sarkozy et son épouse Cécilia ! Le livre bien informé devient vite un best-seller. Mais Royal et Hollande n’ont pas encore décidé de passer aux aveux : ils attaquent conjointement l’ouvrage pour diffamation ! Avant d’abandonner les poursuites. Car la confirmation de la séparation arrive bien vite. Le 16 juin 2007, au début de la soirée électorale du second tour des législatives, par une dépêche AFP sans fioritures ni excès de sentimentalisme, Ségolène Royal donne congé à son compagnon : « J’ai demandé à François Hollande de quitter le domicile, de vivre son histoire sentimentale de son côté, désormais étalée dans les livres et les journaux, et je lui ai souhaité d’être heureux. » Aussitôt, cette révélation prend le pas sur les résultats électoraux. Elle est près même d’occulter le fait que la gauche progresse d’une soixantaine de sièges par rapport aux estimations du premier tour ! Les socialistes sont furieux : Royal a pris en otage le parti pour régler ses comptes avec Hollande, s’indignent-ils. À moins que ce ne soit l’inverse : Ségolène congédiant le Premier secrétaire pour mieux s’emparer du parti !

Pendant deux ans, la candidate et le Premier secrétaire ont donné le change. La campagne, l’intérêt supérieur de la gauche et la sauvegarde de la famille l’exigeaient. Bien sûr autour d’eux, dans le premier cercle amical et politique, la réalité de leur couple en déshérence était connue. Mais nul n’a osé briser le tabou. Même Nicolas Sarkozy, pourtant bien informé, s’est contenté d’une infime allusion au désaccord politique entre le Premier secrétaire et la candidate lors du débat télévisé d’entre-deux tours. Désormais, Ségolène Royal voudrait tourner la page. À aucun moment, durant la campagne, elle n’a laissé voir le drame intime qu’elle traversait. « Je voulais rester digne de la fonction que prétendais occuper, dit-elle. Et puis je devais avant tout mener campagne[2]. »

François, lui aussi, a caché son malaise en s’immergeant dans l’action. Il a enchaîné les meetings pour défendre la candidature de celle que tout le monde croyait être sa compagne. Quand la presse s’enquérait de ce que pourrait être son rôle en cas de victoire de Ségolène, il bottait en touche : non, il ne se voyait pas en « Premier Monsieur » de France ! Non, il n’aurait pas de bureau à l’Élysée. Désormais, cette comédie-là, est bien finie. Chacun peut suivre le cours de son destin. François peut vivre sa nouvelle vie. Et Ségolène reprendre sa route. Elle n’envisage qu’une forme de résilience : la conquête politique !


[1] Albin Michel, 2007.

[2] Entretien avec l’auteur, le 28 juillet 2012.

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