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Les irradiés d’Épinal cherchent à comprendre

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Sept prévenus, dont deux médecins, un radiophysicien et des cadres de santé publique, sont jugés pour « homicides et blessures involontaires, non-assistance à personne en danger et destruction de preuves » dans le cadre du procès du plus grave accident de radiothérapie en France. Le drame a causé la mort de sept patients. Des centaines d’autres victimes portent encore de lourdes séquelles.

Ces événements sont survenus au centre hospitalier Jean-Monnet d’Épinal. Les victimes, touchées par les surdoses de radiations, étaient, pour la majorité, suivies pour un cancer de la prostate.

Deux éléments en cause

Six ans après les premières plaintes, en 2006, le tribunal correctionnel de Paris devra donc tenter de comprendre ce qui a pu mener à un tel accident. Deux éléments seraient en cause. Tout d’abord, « une modification erronée des paramètres techniques lors du passage à une nouvelle génération d’appareils en 2004 », selon l’Instruction. En cause aussi, une absence de prise en compte, dans le calcul final des radiations, des doses délivrées lors des contrôles radiologiques, précédant le traitement lui-même.

Le premier dysfonctionnement aurait entraîné les surexpositions les plus graves, de l’ordre de 20 %, sur 24 patients traités pour des cancers entre mai 2004 et août 2005. Le second a fait 424 victimes de surdoses entre 8 et 10 % entre 2001 et 2006.

Victimes indemnisées

Pour Me Gérard Welzer, avocat des parties civiles, les victimes « ont déjà obtenu deux belles victoires, puisque leur statut de victime de surirradiations a été reconnu et qu’elles ont été indemnisées pour le préjudice subi », explique-t-il dans une interview à TF1. « Il est à noter que depuis le début de cette catastrophe, les victimes sont toujours restées très dignes. Et que, de leur côté, les juges d’instruction ont fait un travail remarquable sur ce dossier. Ils ont été rapides, objectifs et méticuleux. » 

500 personnes ont en effet déjà été indemnisées par l’assurance de l’hôpital pour le préjudice corporel subi. 

L’affaire dont on ne voulait pas parler

Les victimes et leurs familles veulent aussi comprendre comment l’affaire est restée cachée si longtemps. « Pourquoi est-ce qu‘en 2005, quand  ils ont su, ils se sont tus ? Pourquoi est-ce qu’ils ont détruit des preuves aussi ? », interroge Me Gérard Welzer dans la même interview. « C’est d’ailleurs surtout cet aspect-là qui est très déplaisant dans ce dossier. C’est qu’on n’est pas dans un problème de santé habituel. Il y a des personnes qui se sont tus, qui ont dissimulé et qui ont même détruit des preuves. »

De nombreux patients ne savaient pas le risque qu’ils encouraient. Les médecins, qui étaient informés dès 2006 du deuxième dysfonctionnement sur les doses de contrôle, n’ont rien dit jusqu’à ce qu’une inspection le découvre en 2007.

« Quand j’ai reçu en 2007 la lettre m’informant de ma surirradiation, le plus dur, peut-être, a été de constater qu’elle était signée par le directeur par intérim de l’hôpital. C’était ma santé qui était concernée et c’est un administratif qui m’écrivait », raconte dans La Croix l’une des victimes.

Le procès sera donc particulièrement difficile. Les audiences se dérouleront trois après-midis par semaine jusqu’au 31 octobre.

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