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Mario Draghi ravit les marchés financiers: pourvu que ça dure…

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Elle était attendue, la conférence de presse de Mario Draghi, à la sortie de la réunion mensuelle de la Banque centrale européenne. Attendue par les responsables politiques européens, mais aussi, et surtout, par les marchés financiers. Le président de la BCE jouait son va-tout et il n’a pas déçu en annonçant officiellement un geste inédit dans l’histoire de l’institution monétaire, le rachat de la dette des États de la zone euro de manière illimitée.

Depuis un mois, et les premières déclarations encourageantes de Mario Draghi, le 2 août dernier, les marchés financiers retenaient leur souffle ou plutôt accordaient un répit – sans doute le dernier – aux États européens. Que le grand argentier de Francfort leur fasse faux bond et leur colère serait terrible…

Un geste inédit de la Banque centrale européenne

« La Banque centrale européenne a décidé de lancer un nouveau programme de rachat d’obligations (baptisé Outright monetary transactions) dans le but de faire baisser les coûts de financement des États de la zone euro en difficulté et aussi pour rassurer les investisseurs sur le fait que l’euro est irréversible », a déclaré Mario Draghi. Ainsi, la BCE achèterait-elle des obligations d’État de maturité allant de 1 à 3 ans.

L’action de la BCE s’effectuerait simultanément à une intervention du MES, le fonds de secours européen. De sorte que les États membres de la zone euro seraient, eux aussi, mis à contribution. Autre condition, il faudrait que les pays demandent formellement à être aidés.

L’annonce de la BCE sonne parallèlement la fin du précédent programme de rachat de dette publique, le SMP, lancé en mai 2010 à l’époque de la première crise de la dette grecque. Le SMP totalise des rachats de 209 milliards d’euros, des titres qui seront gardés « jusqu’à maturité », a précisé Mario Draghi.

Les marchés financiers s’enflamment

La patience des marchés financiers a été récompensée et un vent d’euphorie a soufflé sur les places boursières une fois les annonces faites, en début d’après-midi. Paris terminait sa séance de jeudi sur une hausse de 3,06% – au-delà du cap des 3500 points -, Londres clôturait à +2,11%, Madrid à +4,91%, Milan à +4,31% et Francfort à +2,91%.

De l’autre côté de l’Atlantique, Wall Street connaissait une forte hausse: Dow Jones +1,86%, Nasdaq +2,17%. L’indice Dow Jones Industrial Average atteignait 13.290,30 points, son plus haut depuis le 28 décembre 2007, tandis que le Nasdaq, à dominante technologique, enregistrait un plus haut depuis novembre 2000.

Vendredi, les bourses asiatiques, nerveuses la veille puisqu’elles avaient fermé sans connaitre les décisions de la BCE, étaient, à leur tour, gagnées par l’euphorie. De leur côté, les marchés européens continuaient sur leur lancée – +1,28% à Paris à 14h30 -, portés par les annonces de la veille et des espoirs sur le front du chômage aux États-Unis. Sur le marché de la dette, le taux d’emprunt à long terme de l’Espagne est passé sous le seuil des 6 % vendredi matin, une première depuis fin mai. Le taux de référence à 10 ans de l’Espagne reculait à 5,724 % et celui de l’Italie à 5,134 %.

Si Mario Draghi a remporté une bataille, la zone euro est encore loin d’avoir gagné sa guerre contre la crise de la dette…

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