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Mitt Romney est-il en passe de devancer Barack Obama?

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Alors que la convention républicaine qui s’est tenue à Tampa (Floride) et la convention démocrate qui s’est tenue à Charlotte (Caroline du Nord) viennent de se terminer, Olivia Phélip émet l’hypothèse que le président en exercice Barack Obama pourrait être battu le 6 novembre prochain par Mitt Romney, son challenger républicain. Barack Obama va-t-il réussir à remobiliser massivement l’électorat américain en sa faveur ?

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Et si Mitt Romney devenait le prochain président des États-Unis ? Une hypothèse encore invraisemblable il y a quelques mois, qui a commencé à circuler timidement aux États-Unis, pendant le mois d’Août, peu avant la convention républicaine de Tampa, et qui pourrait se concrétiser le 6 novembre prochain.

La convention républicaine a confirmé la « tranquille détermination » de Mitt Romney

Pourtant les éléments se sont déchaînés contre Mitt Romney : une tempête historique, qui a forcé les organisateurs à repousser le début de la convention prévue le 27 août au 28 août, des équipements mal adaptés… Malgré tout, son colistier Paul Ryan, s’est montré charismatique. Certes, il incarne une aile droitière, certes il confirme une radicalisation du programme républicain, mais il donne un coup de jeune à l’image républicaine et il sert de caution à une passion « entrepreneuriale » qui sait séduire les Américains. >>lire l’article sur Paul Ryan

Surtout, même si Mitt Romney n’est pas le meilleur orateur pour galvaniser les foules, sa « tranquille détermination »  et sa conscience préparée dans l’héritage d’une destinée familiale ont résonné avec des accents « kennedyens ». >>lire le portrait de Mitt Romney

De quoi réjouir un auditoire qui attendait ce « petit sursaut » pour y croire. Car, même si la convention républicaine n’a pas été couronnée du succès messianique escompté, le candidat républicain a remporté des points : sur l’économie, sur l’avenir de l’Amérique…  Et ses troupes se sont mobilisées sans conteste derrière celui qu’elles ont clairement adoubé comme leur meilleur espoir. Le bilan de ce mois d’août s’avère donc positif pour Mitt Romney, faisant presque oublier ses ratés en matière de politique étrangère de juillet dernier (avec les maladresses au Royaume-Uni, notamment). >>lire le dossier sur les républicains en ordre de bataille derrière Mitt Romney

Quelques sondages ont donné pour la première fois Mitt Romney gagnant

La campagne électorale américaine rentrerait-elle dans un tournant décisif ? Effet médiatique ou tendance de fond qui s’annonce, les sondages de l’Institut Gallup menés entre le 7 et le 11 août 2012 ont même donné le candidat républicain gagnant (à 47 % contre 45 % pour Barack Obama). Le 1er septembre, c’était au tour de la société Rasmussen de créditer  le candidat républicain de 47% des voix contre 44% pour son adversaire démocrate. C’est la première fois que la différence est aussi importante entre les deux candidats. Même si cet écart peut être mis sur le compte de l’« effet convention », il montre combien un certain électorat est flottant.>> Découvrir la courbe des sondages Gallup 

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La polémique Niall Ferguson

Et puis, surtout,  il y a eu le grand tremblement de terre médiatique, avec la polémique suscitée par l’économiste Niall Ferguson, dans le cadre d’un article paru dans l’hebdomadaire Newsweek daté du 27 Août 2012, avec une couverture particulièrement engagée, intitulée littéralement « Quitte la route, Barack. Pourquoi nous avons besoin d’un nouveau président »( Hit the road, Barack. Why we need a new président ). Son propos ? Montrer que l’actuel Président n’a pas tenu ses promesses et que le pacte pour la prospérité du tandem Romney-Ryan est le seul espoir pour l’Amérique en crise.>>Lire l’article de Niall Ferguson

L’économie entre en campagne

On savait que le bilan de Barack Obama sur les questions économiques était plus que morose, mais on ne savait pas que les équipes républicaines allaient se montrer crédibles dans leur programme. Au point, qu’avant l’été, nombre d’économistes réputés  – tel le prix Nobel Joseph Stiglitz – accusaient Mitt Romney d’être très dangereux pour l’Amérique.>>Lire l’article sur les critiques de Joseph Stiglitz à l’encontre du programme de Mitt Romney

Pourtant, en quelques mois, l’opinion américaine s’est montrée moins sûre de cette détermination à défendre les choix de Barack Obama en la matière. Non seulement les chiffres de l’emploi sont mauvais, mais aussi les Américains sont de plus en plus nombreux à penser que Barack Obama n’a pas su tenir tête aux financiers et que Ben Bernanke le très puissant patron de la Fed ne fait que ce qu’il veut, injectant ici et là du soutien à l’économie, sans qu’aucun programme de grande ampleur n’ait été mis en place. La charge de Niall Ferguson, bien qu’ outrancière, n’a pas manqué de faire écho. De nombreuses critiques se sont élevées contre lui, comme celle du très célèbre Paul Krugman du New York Times. Cependant, la charge de Niall Ferguson a semé le doute dans l’opinion : les républicains proposeraient-ils une action musclée, face à ce laisser-faire démocrate qui ne fait qu’augmenter l’endettement des États-Unis ?>>Lire les critiques sur l’article de Niall Ferguson

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Barack Obama, le candidat de la désillusion ?

Il est incontestable que Barack Obama, sur lequel tant d’espoir avait été projeté, a déçu. Ceci est le lot de tous les présidents en exercice que d’être pris au piège de la réalité. Mais Barack Obama était attendu comme le prophète du bien, l’homme d’un nouvel ordre américain. Le comble est que c’est sa femme Michelle qui semble devenir la personne emblématique du couple présidentiel, celle qui continue d’incarner cette idée de l’Amérique moderne.  Elle reste donc son atout majeur, notamment vis à vis de l’électorat féminin, face à une Ann Romney qui a du mal à passer la rampe. Il est certes plus facile de ne pas décevoir comme première dame, que comme Président en exercice….

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Barack Obama, un candidat « à la marge » ?

Il faut dire que Barack Obama est clairement majoritaire au sein de l’électorat féminin, tout comme au sein de celui des immigrés et des minorités ethniques, mais minoritaire parmi l’électorat masculin, faisant de lui un candidat « à la marge », si on considère que les femmes ne composent pas le centre exclusif d’action de l’Amérique. De plus, si le parti démocrate fait le plein des suffrages du côté de l’électorat hispanique, pourtant enclin aux positions catholiques et traditionnelles, cette exclusivité pourrait se retourner contre lui. C’est ainsi qu’un sondage a montré que si Marco Rubio, le républicain d’origine cubaine, avait été choisi comme vice-président par Mitt Romney, la tendance se serait inversée : le vote dit « latinos » se serait reporté vers les républicains. Nous ne saurons jamais si Marco Rubio a refusé d’être le colistier de Mitt Romney ou si les pressions de l’aile droitière du parti ont privilégié la nomination de Paul Ryan… Mais cela montre combien la captation de l’électorat « latinos »  est fragile pour le camp démocrate.

Vainqueur ès sympathie, Barack Obama cherche à reconquérir les classes moyennes  

Cependant, même si Mitt Romney se montre plus convaincant sur le terrain économique, Barack Obama reste le champion ès sympathie. Il sait se montrer rassembleur. Il est celui qu’on aimerait avoir comme meilleur ami, celui qui vous emballe avec son sourire et ses mots de « super-communiquant ». Dernière action en date, juste avant l’ouverture de la convention démocrate : la transmission de la recette de la bière au miel de la Maison Blanche. Douze mille personnes avaient signé la pétition pour en connaître les ingrédients. Après quinze jours de suspense et de petit jeu webo-médiatique, les fameuses recettes ont été livrées sur le site de la Maison Blanche. Viril, convivial et populaire, Barack Obama se met ici en scène comme un buveur de bière qui trinque avec chaque Américain (30 000 Américains brassent leur propre bière). Ce que ne pourrait faire Mitt Romney qui, mormon, est interdit d’alcool. Un clin d’œil qui ne peut que chercher l’assentiment du côté de l’électorat masculin de classe moyenne, celui-là même qui manque à Barack Obama pour creuser l’écart. >>Lire l’article sur la recette de la bière de la Maison Blanche

Quand l’élection se joue à une chope près, l’Amérique exprime tout le désarroi du peu d’enjeu porté par son scrutin présidentiel. Entre le doute de la continuité et la discontinuité d’un pari dans le doute, l’Amérique se cherche un successeur. Aujourd’hui, une seule certitude : le vainqueur ne le sera que par défaut.  

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