Site icon La Revue Internationale

Pour Mitt Romney, 47% des Américains sont des assistés

[image:1,f]

Mitt Romney se sent à l’aise quand il est entouré de républicains aussi riches que lui. Le candidat à la présidentielle américaine a donc tendance à parler plus librement, trop librement peut-être. Pour encourager ses troupes à donner le plus possible, Mitt Romney leur a donc exposé sa stratégie dans des termes très crus, qui diffèrent grandement de ceux qu’il utilise en public.

47% de bons-à-rien

La première vidéo filmée à son insu le montre répondant à une question d’un de ses contributeurs. Alors que celui-ci lui demande comment il compte l’emporter en novembre, Mitt Romney explique que 47% des Américains sont déjà perdus pour lui. « Ils voteront pour le Président quoi qu’il arrive47% des votants sont derrière lui, ils dépendent du gouvernement, ils se prennent pour des victimes, ils pensent que le gouvernement a l’obligation de s’occuper d’eux, ils pensent avoir droit à une couverture maladie, à être nourris, logés, et à tout le reste. Ils pensent que c’est un droit»

« Je ne dois pas me préoccuper de ces gens-là »

Le candidat se montre très critique envers près de la moitié de la population américaine, dont il estime n’avoir que faire. « Moi, je ne dois pas me préoccuper de ces gens-là. Je ne les convaincrai jamais de prendre leurs responsabilités et leur vie en main. Non, moi je dois convaincre les 5 à 10% du centre qui sont indépendants, réfléchis, qui voteront dans un sens ou dans l’autre suivant leur sentiment, s’ils aiment le type ou pas» En d’autres termes, 47% des électeurs ne sont pas la cible de son discours car ils sont irresponsables5 à 10% votent surtout pour un président par « sentiment » et les 43-48% restant sont déjà dans la poche. Une approche un peu particulière pour un candidat qui cherche à être le président d’un pays tout entier.

Mais Mitt Romney ne s’arrête pas là. Il explique la façon dont il souhaite convaincre les « 5 à 10% » des électeurs flottants à voter pour lui : en leur disant ce qu’ils veulent entendre. Entre ce que le candidat républicain souhaiterait dire aux Américains et ce qu’il leur dit vraiment, lui-même reconnait qu’il y a un véritable fossé. « Ils ne veulent pas qu’on leur dise qu’ils ont eu tort, que [Barack Obama] n’est pas quelqu’un de bien, qu’il n’a pas bien fait les choses, qu’il est corrompu. Ces gens qu’il faut arriver à avoir, ils veulent croire qu’ils ont bien fait, mais que c’est lui qui n’a pas été à la hauteur. Ils adorent la phrase ‘il est dépassé’. Nous, vous et moi, nous passons notre temps entre républicains. Nous passons notre temps avec des gens qui sont d’accord avec nous. Mais ces gens-là ont voté pour lui et ne sont pas d’accord avec nous. Ce qui nous parle à nous, ce n’est pas la même chose que ce qui leur parle à eux. (…) Donc, moi, je vais leur dire des choses auxquelles ils hocheront la tête et diront ‘Oui, c’est vrai’»

« Nous, vous et moi » et « eux »

À tant faire une différence entre les républicains et les centristes, Mitt Romney risque fort de les perdre. Surtout quand ces personnes sont essentiellement vues comme de simples clés de la Maison Blanche. Dire à ces 5-10% ce qu’ils veulent entendre ne risque pas de les aider dans leur vie quotidienne, ni de leur apporter ce qu’ils attendent d’un président.

Le candidat républicain a également expliqué que pour gagner il s’était entouré des meilleurs. Non pas de spécialistes en des sujets qui touchent les Américains et pourront résoudre les problèmes du pays. Non, des spécialistes en élections, qui savent comment les gagner, quelque soit le pays, la population, ou les problèmes du moment. « Je suis entouré d’une équipe qui a de l’expérience, de consultants qui ont de nombreuses victoires à leur actif, deux en particulier ont fait des campagnes partout dans le monde, (…) en Arménie, en Afrique, en Israël. Ils ont travaillé pour la campagne de ‘Bibi’ Netanyahu. Ils font des campagnes, ils voient les pubs qui marchent, les stratégies qui paient le plus, et on a des idées sur quoi faire à quel moment de la campagne. Je vous en parlerais bien, mais je devrais vous tuer après. »

Des experts en élections à travers le monde

Quelles sont les stratégies secrètes dont Mitt Romney parle ? La campagne serait-elle pour lui une simple stratégie de communication et de marketing ? Cette intervention pleine de cynisme pourrait lui fermer les portes du pouvoir, quelques soient les dispositifs qu’il a mis en place pour gagner.

Le candidat républicain a ainsi révélé plusieurs techniques au cours de ce diner, qui font passer les Américains pour de simples voix à obtenir pour gagner, au lieu de chercher à réellement résoudre les problèmes des États-Unis. Mitt Romney a même parlé de sa femme, qu’il dit vouloir utiliser « avec parcimonie, pour que les gens ne se fatiguent pas d’elle ». Charmant. Il a par ailleurs reconnu qu’il n’attaquait pas Barack Obama autant qu’il le voudrait pour ne pas contrarier les « 5 à 10% » dont il a absolument besoin pour gagner l’élection.

Sincère avec 1% de la population ?

Des stratégies de manipulation du peuple qui devraient fâcher les Américains en ces temps d’élections et qui rappellent le 1% de la population auquel Mitt Romney serait en fait attaché. Au vu de la façon dont il sépare les citoyens en termes de pourcentages, il semblerait en fait qu’il soit prêt à s’investir honnêtement auprès d’une partie encore plus infime que cela.

 

Quitter la version mobile