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Roms: pour l’Unicef, «les droits de l’enfant sont bafoués»

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Préoccupé par la situation des Roms en France, l’Unicef a décidé d’alerter le gouvernement français des conséquences dramatiques des démantèlements des camps en France.

Pour l’Unicef, derrière les décisions politiques prises concernant les populations Roms, le droit de l’enfant, décrit par la convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) et ratifié par la France, doit être une priorité gouvernementale.

Bénédicte Jeannerod est porte-parole de l’Unicef, elle estime que les droits de l’enfant, particulièrement dans le contexte politique actuel, doivent devenir une priorité pour la France.

Vous avez récemment interpellé le gouvernement sur la situation des enfants roms lors des démantèlements des camps. Qu’est-ce qui vous a alertés ?

Différentes organisations et associations suivent de très près les communautés roms et les démantèlements des camps. Nous avons été interpellés par les moyens qu’emploie le gouvernement pour déloger les communautés roms. À chaque démantèlement, des familles entières sont chassées sans aucune proposition d’alternatives. Les droits de l’Homme ne sont pas respectés et, par-dessus tout, c’est le respect des droits de l’enfant qui nous alerte. Parmi ces droits, deux fondamentaux nous ont parus essentiels : celui du droit à l’école et celui du droit à l’accès à la santé.

Dans les agissements récents du gouvernement, nous avons constaté que ces droits n’avaient pas été respectés. Les familles vivent dans une très grande précarité et ces démantèlements ne font qu’aggraver la situation.

Lorsque des camps sont démantelés, le suivi des familles n’est pas assuré. Celles-ci se réinstallent sans doute ailleurs, et un nouveau démantèlement provoquera un autre déplacement. La situation se reproduit sans cesse.

Quelles sont vos recommandations pour le gouvernement ?

L’Unicef demande simplement au gouvernement que les décisions politiques soient prises dans le respect des droits de l’enfant. La France a des obligations vis-à-vis de ces enfants, dans le respect de la convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). L’État doit faire en sorte que l’accès à la scolarité et à la santé ne soit pas rompu. La responsabilité de l’Unicef, dans cette situation, n’est pas tant de faire des recommandations que de rappeler au gouvernement ses devoirs.

La France compte environ 15 000 Roms sur son territoire. C’est très peu au regard des autres pays européens. Le traitement des Roms ici est-il un cas particulier ?

La France n’est pas un cas unique, mais elle est peut-être sur la liste noire des pays qui se soucient le moins du traitement de cette communauté. Notamment concernant l’accès à l’emploi. En France, il est absolument impossible pour un membre de cette communauté d’accéder au marché de l’emploi. Leur situation est donc inéluctable.

La communauté rom est-elle la seule à souffrir de ce type de discrimination ?

D’autres populations migrantes d’Afrique du Nord ou d’Asie souffrent de certaines situations similaires. Mais la législation est particulière pour les Roms. Ils sont traités de manière spécifique, notamment concernant l’accès au travail.

Déjà en 2010, l’Unicef avait souligné que les discours publics étaient emprunts de discrimination. De nombreux amalgames et généralités sont faits au sujet des Roms. Pour la plupart de la population, « Rom » signifie « délinquant ». Le discours discriminant n’aide pas à la résolution du problème.

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