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Xavier Bertrand: «Mon projet pour une France ambitieuse et solidaire»

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Xavier Bertrand est apparu serein et déterminé sur le plateau d’ i>TELE dans le cadre de l’émission Le Grand Rendez-vous. Il a pris sa décision et se sent prêt à mener le combat d’un futur candidat aux premières primaires qui seront organisées par l’UMP en 2016. Impliqué dans ses mandats de maire de Saint-Quentin et de député de l’Aisne, il parle autant comme homme de terrain que comme homme politique. Il se sent engagé et libre.  En ce jour de déclaration, il accepte de répondre aux questions de JOL Press pour expliquer les vraies raisons de sa décision. Car pour ce bâtisseur social, travailleur infatigable, la France est un éternel défi. Et le grand projet qui l’anime aujourd’hui, une priorité.

L’UMP et ses perspectives

JOL Press : Vous avez pris votre décision concernant votre candidature à la présidence de l’UMP. Quelle est-elle ?

Xavier Bertrand : Je ne serai pas candidat à la présidence de l’UMP en novembre 2012. Car j’ai décidé d’être candidat aux futures primaires pour la présidentielle de 2017.

Pourquoi renoncer après avoir pourtant réuni avec succès plus de 8000 signatures de soutien ? Et en quoi votre candidature aux futures primaires serait-elle incompatible ?

Xavier Bertrand : C’est une décision mûrement réfléchie à partir des échanges avec tous les militants que j’ai rencontrés. Prendre la direction de l’UMP nécessite un engagement total, car il y a beaucoup à faire pour reconstruire le parti. Je ne veux pas prendre en otage les militants, pour ensuite me servir des instances de l’UMP pour d’autres objectifs que ceux internes à notre famille politique. C’était une question d’honnêteté avec eux et de cohérence avec moi-même.

Vous allez décevoir Henri Guaino qui a exprimé que « pour la présidence de l’UMP, un choix limité à deux candidats serait mauvais pour la démocratie du parti »…

Xavier Bertrand : N’exagérons rien : chacun a pu s’exprimer ! Mais il est vrai que, d’une part, ce cap des 8000 signatures était très difficile, probablement trop (comment comprendre que pour être candidat à l’élection présidentielle il faille simplement réunir 500 signatures de maires en comparaison ?), d’autre part, la période, en l’occurrence l’été, était vraiment défavorable. Je comprends certaines critiques et je pense, qu’à l’avenir, il faudra assouplir ces règles.

Quel candidat  allez-vous soutenir ?

Xavier Bertrand : Je n’ai pas encore pris ma décision. Aujourd’hui, nous avons plutôt assisté à un duel de personnalités, qu’à un échange d’idées sur le fond. Or c’est en fonction des idées et des lignes politiques que je me déciderai.  Mais je ne me cacherai pas au moment de mon vote. J’exprimerai alors mon choix en toute transparence.

Quelles sont aujourd’hui vos relations avec Nicolas Sarkozy ? L’avez-vous consulté avant de prendre votre décision ?

Xavier Bertrand : Nous nous sommes revus à sa demande. Je l’ai informé de mon intention d’être candidat à la primaire.

Vous êtes donc toujours en contact avec lui. Pensez-vous qu’il reviendra jouer un rôle prochainement dans la vie politique française ?

Xavier Bertrand : Nicolas Sarkozy ne m’a fait part d’aucun projet en ce sens.

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Premier bilan de la Présidence Hollande

Votre opinion après presque cinq mois de présidence de François Hollande ?

Xavier Bertrand : Même si j’en suis attristé, j’ai la conviction que les Français vont voir leur situation et leur qualité de vie se dégrader. C’est évidemment un effet de la crise majeure qui secoue une grande partie du monde, mais c’est aussi le fait des choix adoptés par François Hollande qui ne feront qu’aggraver la situation. Nous allons dans le mur sur le plan économique, et nous allons vers des bouleversements sociétaux importants, à un moment où l’inquiétude sur notre avenir est à son comble, avec les réformes annoncées sur la bioéthique, la fin de vie, le mariage des homosexuels…

Cela signifie-t-il que vous êtes défavorable au mariage entre personnes de même sexe ?

Xavier Bertrand : À titre personnel oui. Il est vrai que certains pays ont adopté cette voie. Nous ne sommes pas obligés de les imiter. En tout état de cause, je pense que les choix ne doivent pas être dictés par les partis politiques. Je serais quant à moi plutôt favorable à un élargissement des droits du Pacs.

Le président de la République François Hollande a annoncé  récemment lors de son allocution télévisée, qu’en 2014, il garantissait le recul ou au minimum le maintien au nombre actuel de chômeurs, c’est-à-dire trois millions. Êtes-vous d’accord avec cette perspective ?

Xavier Bertrand : Comment pourrais-je l’être, alors que trois jours après l’allocution de Monsieur Hollande, l’Unedic elle-même annonçait des prévisions qui contredisaient les chiffres énoncés : 225 000 chômeurs en plus en 2012 et 125 000 en 2013 ? Comment peut-on donc tabler sur une évolution favorable ? Monsieur Hollande nous ment, il essaie de gagner du temps car il sait qu’il est en chute libre dans les sondages. Les chiffres hélas ne trompent pas. En 2014, il n’aura pas redressé l’économie comme il le prétend.

Bernard Arnault, qui a été accusé d’envisager son exil fiscal en Belgique, a fait récemment l’objet d’attaques médiatiques intenses. Que pensez-vous du climat qui règne actuellement depuis les réformes fiscales engagées par le gouvernement de François Hollande ?

Xavier Bertrand : Bien sûr, qu’en période de crise, il est normal de concevoir que les plus hauts revenus soient mis à contribution en priorité. Mais de là à fustiger ceux qui ont construit les fleurons de notre économie, de là à tenir des propos irrespectueux… Moi, ce que je souhaite pour la France, c’est qu’il y ait beaucoup de nouveaux Bernard Arnault. Et que ces futurs grands entrepreneurs ne partent pas à Londres ou ailleurs car ils auraient l’impression de ne pas avoir leur place dans notre pays. Ce que je souhaite, c’est qu’on restaure la confiance. Car Monsieur Hollande ne cesse de tenir un double langage : d’un côté, il dit vouloir renforcer la compétitivité, et de l’autre, il casse tous les moyens, comme les heures supplémentaires ou la TVA anti-délocalisation, qui la soutenaient. D’un côté, il essaie de rassurer les entreprises, de l’autre il installe un climat de suspicion vis-à-vis de leurs dirigeants. Or la croissance rime toujours avec la confiance ; sans confiance il ne peut pas y avoir de croissance.

À propos de croissance : êtes-vous d’accord avec le chiffre de 0,8% pour 2013 avancé par le chef de l’État ?

Xavier Bertrand : Non. Je pense que la croissance de la France ne dépassera pas 0,5% en 2013. Les économistes parlent de 0,3%.  Et ceci, d’autant plus que les politiques engagées par François Hollande, qui augmentent les dépenses (réforme du livret A, recrutement de fonctionnaires supplémentaires, réaménagement des retraites pour certaines catégories, 20 milliards d’impôts nouveaux..) auront un effet récessif sur notre économie. Ce n’est pas moi qui le dis, mais l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Le texte sur les emplois d’avenir vient d’être voté par l’Assemblée nationale. Que pensez-vous de cette nouvelle disposition ?

Xavier Bertrand : Il me semble qu’on aurait pu faire plus simple et plus efficace, en soutenant davantage l’apprentissage et en exonérant de charges certains emplois. En l’occurrence, j’espère que le texte va évoluer. Il faudrait que tous les jeunes en milieu rural ne soient pas exclus du champ d’application de la loi, que ces dispositions puissent être appliquées aux entreprises et, surtout, que ces emplois soient accompagnés de formations.

L’Europe et ses mutations

La Cour de Karlsruhe a reconnu finalement la légitimité du Mécanisme européen de stabilité. Pensez-vous que, désormais, l’Europe va se doter de structures financières solides pour stabiliser l’euro ?

Xavier Bertrand : Nous ne pouvons que nous réjouir que l’Europe ait échappé à une crise majeure et que l’euro soit protégé. Mais lorsque j’entends José-Manuel Barroso, le président de la Commission européenne nous annoncer que nous allons vers le fédéralisme, je dis non. Nous n’allons pas renoncer à notre souveraineté pour nous soumettre aux technocrates de Bruxelles. Je dis oui à une harmonisation fiscale ou sociale en Europe, non à ce qui serait une perte de démocratie. Nous devons préserver l’Europe en trouvant de meilleurs contrôles démocratiques, tout en garantissant les équilibres politiques des États.

Le projet de Xavier Bertrand pour la France

En renonçant à la présidence de l’UMP et en vous déclarant simultanément candidat aux futures primaires, ne voulez-vous pas aussi adopter une position moins partisane, plus large que la simple étiquette UMP ?

Xavier Bertrand : Je suis profondément lié à l’UMP et je sais ce que je dois à ma famille politique. Mais, du fait de primaires ouvertes, il faudra rassembler au-delà des partis, nous replacer dans un projet global. Il me faudra engager un travail en profondeur, redonner valeur à une parole politique forte. C’est pourquoi je veux prendre le temps d’écouter les Français, d’étudier les évolutions des autres pays. Il nous faudra être innovants et constructifs, pas simplement nous situer dans une position de critique des socialistes.  

« Vous Président », quel projet pour la France souhaitez-vous défendre ?

Xavier Bertrand : Je souhaite redonner à l’UMP son adjectif de « populaire ».  Ce sont probablement mes racines de gaullisme social qui parlent. Mon projet d’avenir pour redresser la France, dont la situation sera de plus en plus dégradée, se devra d’être ambitieux. J’en ai conscience. Une ambition tant au service des ouvriers que des chefs d’entreprise, avec une valorisation du travail comme valeur centrale. Il y a des réformes courageuses qu’il faudra mettre en place, si nous voulons que notre pays ne joue pas en seconde division : en matière de compétitivité des entreprises, de périmètre de l’État, de la protection sociale (santé, retraite, dépendance)… Ces réformes ne pourront se faire sans l’adhésion de toutes les couches de la population, avec un souci d’union et de solidarité. Ce projet, je l’imagine en transparence, car je veux dire la vérité aux Français. C’est pourquoi, j’ai besoin d’une liberté d’action et de réflexion, qui va me permettre de mûrir un programme au fil des mois. Ce programme devra être à la fois ambitieux pour notre pays et solidaire poir les Français.

Propos recueillis par Olivia Phélip pour JOL Press

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