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50 ans après Vatican II, quelle Église pour le millénaire?

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Il y a cinquante ans jour pour jour, le 11 octobre 1962, près de 2500 responsables religieux s’avançaient Place Saint-Pierre à l’occasion de l’ouverture du Concile Vatican II.

Entre la Seconde guerre mondiale et mai 68, l’Église change de visage

1962. Vingt ans plus tôt, la fin de la Seconde guerre mondiale. Quatre ans plus tard, le révolutionnaire mois de mai 1968. Entre les deux, l’Église. Une Église qui, vieille de 2000 ans, est soudainement lancée par le Pape Jean XXIII vers la modernité.

Et c’est un véritable vent de nouveauté qui va souffler sur l’institution catholique pendant plusieurs années, jusqu’au 8 décembre 1965. Devant l’évolution du monde, l’Église doit trouver de nouveaux mots pour s’adresser à ses fidèles. Elle ouvre les yeux et constate le décalage qui s’est créé, depuis plusieurs années, entre la communauté catholique et le Vatican.

L’Église regarde aussi ses prêtres et ses religieux. Force est de constater que l’institution de Rome est devenue, malgré elle, sourde, peut-être même aveugle.

Il faut dire qu’en 2000 ans d’histoire, l’institution n’a jamais affronté un bouleversement aussi rapide que ceux du XXème siècle. Des orientations nouvelles doivent alors être données.

Le Concile qui a transformé l’Église

C’est ainsi que le pape Jean XXIII, puis Paul VI à sa suite, insuffleront les révolutions que l’Église connaît encore aujourd’hui.

Et elles sont nombreuses, ces révolutions. Pour écouter le monde et ses fidèles, l’Église parle désormais au « peuple de Dieu », terme qui fait désormais partie du langage courant pour désigner la communauté catholique dans sa globalité.

Le Pape ne s’adresse plus désormais à ses évêques et cardinaux retranchés dans leurs cathédrales, il parle à ses fidèles, invités à se joindre, par de multiples voies, à la vie de l’Église.

La liturgie ensuite. Des messes traditionnelles, dites en latin devant des fidèles lassés qu’on ne leur parle pas, se sentant étranger à la scène à laquelle ils assistent, l’Église propose une liturgie adaptée aux communautés. Les prêtres ont désormais l’autorisation de dire leur messe selon le nouveau rite et dans leur langue, cette nouvelle liturgie est allégée, empreinte d’un retour aux sources du christianisme.

La bombe Vatican II

Dans les paroisses, Vatican II crée alors de véritables révolutions. Expliqué et réexpliqué aux fidèles, il entre dans les mœurs des catholiques qui s’habituent à cette nouvelle Église. Mais pour certains, celle-ci devient alors une étrangère. C’est l’époque de la rupture avec la communauté Saint Pie X. Certains catholiques choisissent de refuser les nouvelles paroles de la messe, les nouveaux textes qui façonnent l’Église et quittent l’institution afin de former une nouvelle communauté que le pape cherche aujourd’hui à rassembler.

C’est également l’époque des « prêtres soixante-huitards ». Dans certaines paroisses, Vatican II fait parfois l’effet d’une bombe. Une génération entière de prêtres réalise sa propre interprétation du texte, et les transformations sont radicales. Trop, parfois ; les fidèles désertent devant une Église qui leur semble avoir tout perdu.

Vieille religion pour vieux continent

Que reste-t-il alors de Vatican II aujourd’hui ? Quand certains estiment que le dernier concile a apporté un véritable vent de nouveauté chez les catholiques, notamment par la création de nombreuses communautés religieuses qui, aujourd’hui, recrutent et séduisent une nouvelle génération de fidèles, d’autres estiment que celui-ci est désormais désuet. Certains abordent même l’idée d’un Vatican III, qui serait un aggiornamento de son prédécesseur.

En Europe, l’Église est désormais perçue comme une vieille religion qui n’attire plus vraiment, ni fidèles ni vocations. Qualifiée de ringarde sur des questions de société bien nouvelles pour une institution deux fois millénaire et dont l’objet n’est pas de s’adapter au monde mais de montrer « le chemin, la vérité et la vie », l’Église est alors considérée comme bien éloignée des considérations des Européens.

Le matérialisme de la société face à l’Église

Et pourtant. Si le vieux continent n’est plus guère une terre de religion, si « la France, fille aînée de l’Église », a bien « oublié son baptême », l’Église vit un véritable renouveau en Amérique du Sud, en Afrique et sur le continent asiatique, notamment en Inde.

Pour Mgr Joseph Roduit, père-abbé de l’Abbaye de Saint Maurice, en Suisse, interviewé par le quotidien Le Matin, l’Église se confronte aujourd’hui au matérialisme des sociétés modernes. « Nous avons assisté à la montée du matérialisme dans le monde occidental et à une perte de valeurs due à l’aisance. Or, quand on vit dans l’aisance, il n’y a plus rien qui vous retient et c’est ainsi que les valeurs craquent » déclare le père-abbé, ajoutant : « Dans un monde où l’on ne parle plus que de croissance, on fait croire aux gens que plus ils auront de biens, mieux ils se porteront. Les engagements sont donc plus durs aujourd’hui ».

Benoît XVI célèbre le Concile à l’occasion de sa catéchèse

Vers un Vatican III ? La question n’est pas encore à l’ordre du jour. À l’occasion de sa catéchèse du mercredi 10 octobre, le pape Benoît XVI s’est adressé aux 40 000 pèlerins venus l’écouter sur la place Saint-Pierre de Rome. Avant de lancer officiellement « l’année de la Foi », le pape a célébré le concile Vatican II déclarant : « À la veille de la célébration du cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, je voudrais rappeler ce matin combien les documents de ce Concile sont pour notre temps une boussole qui permet à l’Église d’avancer en haute mer, au milieu des tempêtes comme sur les flots calmes et tranquilles, pour naviguer en sûreté et arriver au but. »

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