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Alerte: un tiers de la production alimentaire mondiale est jeté

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Un tiers de la production alimentaire mondiale ne finit pas dans nos estomacs mais à la poubelle, selon Tristram Stuart, auteur du documentaire Global gâchis, diffusé ce mercredi 17 octobre sur Canal+. Objectif : toucher le plus grand nombre avec des comparaisons frappantes : l’Équateur, premier pays exportateur de bananes au monde, en gaspille « 146 000 tonnes par an, soit quinze fois le poids de la tour Eiffel », ou encore Londres jette « assez de nourriture pour remplir 12 000 bus à étages ».

Un scandale d’autant plus important qu’un milliard d’êtres humains ne mange pas à sa faim dans le monde. Rien qu’en France, 96 kilos – par personne et par an – de vivres se retrouvent à la poubelle. 

Festin géant sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris

Le 13 octobre dernier, il organisait un festin géant pour sensibiliser les Parisiens au gaspillage : « Cinq mille personnes qui viennent déguster un repas dont les ingrédients devaient finir à la poubelle, cela donne à réfléchir, non ? » lance-t-il dans une interview à Télérama.

Trois tonnes d’aliments ont en effet été distribuées. Des aliments qui auraient dû être jetés car ils ne correspondaient pas aux normes esthétiques : des carottes trop tordues ou des pommes de terre pas assez arrondies. Ces banquets gratuits sont organisés par Tristram Stuart depuis 2009. Selon lui, certains industriels ont depuis pris des mesures concrètes pour réduire le gaspillage.

Les raisons d’un tel gaspillage

Si on jette certains fruits et légumes parce qu’ils n’ont pas la bonne forme ou la bonne couleur, on fait de même avec les animaux : «  On gâche les abats, la tête, la queue des animaux parce que nous sommes habitués à ne manger que la chair », dénonce Tristram Stuart. « 40 à 60% des poissons pêchés dans les eaux européennes sont jetés parce qu’ils n’ont pas la bonne taille ou que la quantité pêchée est trop élevée ».

Si l’Union européenne a supprimé en 2009 la plupart des normes qu’elle avait fixées, les distributeurs continuent d’exiger des produits sans défaut pour répondre au mieux aux attentes – supposées ? – des consommateurs.

Toujours selon Tristram Stuart, en Grande-Bretagne, certaines grandes surfaces vendent des fruits et légumes difformes avec la mention : « Regardez ! La nature n’est pas uniforme ! ».

Situation française

En France, 2 292 095 tonnes de nourriture et 850 millions d’euros sont jetés par l’ensemble des grandes surfaces, soit six fois le budget annuel des Restos du Cœur. Pourtant, l’État défiscalise les aliments donnés à hauteur de 66 %.

Pour Tristram Stuart, toutefois, la France n’est pas le plus mauvais élève : « Chez vous, la nourriture est beaucoup plus valorisée qu’en Angleterre ou aux États-Unis. C’est votre héritage gastronomique, vous avez par exemple l’habitude de manger des abats. En revanche, les quantités de nourriture mise à disposition par les différents circuits de consommation dépassent de 85 % les besoins alimentaires des Français ; c’est beaucoup trop… », constate-t-il.

Les consommateurs font eux aussi du gaspillage

Le fait est qu’il existe une certaine confusion concernant les dates limites figurant sur les étiquettes des produits alimentaires. Résultat, environ un tiers de la nourriture est jeté avant la date de consommation recommandée, alors qu’elle est encore tout à fait comestible. « La plupart des gens ont beaucoup de mal à se repérer entre la « date limite d’utilisation optimale » (DLUO), la « date limite de consommation » (DLC)… En Angleterre, on gâche un million de tonnes de nourriture par an à cause de la mauvaise compréhension des dates ! », déplore Tristram Stuart.

En France, cette confusion entraîne le gaspillage de 400 euros par an et par ménage. En comptant les assiettes pas terminées et vidées à la poubelle, ce sont 100 kilos de nourriture par an et par personne que les Français gaspillent chaque année.

Quelques chiffres éclairants

Chaque ménage américain jette pour 600 euros de nourriture par an, quand un ménage japonais en jette pour 300 euros.

La nourriture jetée dans les pays développés représente 7 fois ce qu’il faudrait pour nourrir le milliard d’êtres humains qui souffrent de la faim dans le monde.

Jeter un steak représente un gâchis énergétique équivalent à une distance de 5 km parcourue en voiture, ou 70 heures de consommation d’une ampoule ou encore 4 cycles de lave-vaisselle.

En France, l’entreprise Boyer, qui transforme les fruits jetés en méthane, parvient à approvisionner en électricité 150 familles et à chauffer 90 familles.

À bon entendeur…

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