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Après les entrepreneurs, les médecins haussent le ton

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Un nouveau mouvement souhaite s’inspirer des « pigeons » entrepreneurs pour se faire entendre, ce sont les chirurgiens. Le gouvernement a écouté les entrepreneurs. Ils n’étaient au départ qu’une poignée, mais leur mouvement a pris tellement d’ampleur sur les réseaux sociaux, que le ministre de l’Économie Pierre Moscovici s’est dit prêt à « revenir » sur l’augmentation de l’imposition à l’origine de leur colère.

Cette nouvelle méthode de lobbying semble donc efficace. Pourquoi ne pas tenter l’expérience ? À l’origine de cette fronde, le docteur Philippe Letertre, chirurgien plasticien niçois officiant à la clinique Mozart.

Autres revendications

Le budget 2013 de la sécurité sociale prévoit de demander 657 millions d’économie à l’hôpital et 1,76 milliard aux médecins des villes. Cet effort se traduira par une diminution de 5% du chiffre d’affaires notamment des médecins et des pharmaciens biologistes qui gèrent les laboratoires d’analyses médicales. Cette mesure, qui pourrait entrainer la suppression de 8000 postes environ, inquiète un grand nombre de médecins.

Certains demandent par ailleurs la revalorisation des secteurs I et II, c’est-à-dire les secteurs qui appliquent les tarifs remboursés par la Sécurité sociale et ceux qui gèrent librement leurs honoraires. Si un accord n’est pas trouvé dans les prochains jours, le gouvernement a prévenu qu’il prendrait des dispositions pour encadrer les dépassements honoraires.

Sur les dépassements d’honoraires

Le mouvement vise, en effet, à peser sur les négociations conventionnelles sur l’encadrement des dépassements d’honoraires : « Les dépassements d’honoraires ont plus que doublé entre 1990 et 2010, passant de 900 millions d’euros à 2,5 milliards d’euros. Dans certains cas, ces dépassements atteignent des niveaux abusifs, en contradiction manifeste avec l’obligation des médecins de procéder « avec tact et mesure », déclarait en juillet dans un communiqué le gouvernement, qui souhaite combler le déficit de la Sécurité sociale et remédier à la précarité des internes en médecine.

Si le mouvement a le soutien de l’Union des chirurgiens de France et du syndicat des médecins libéraux, il ne semble pas intimider la ministre de la Santé : « Je ne suis pas certaine que ce mouvement, qui est parti d’une volonté de défense de certains chirurgiens esthétiques soit très représentatif de la majorité du milieu médical », estimait mercredi 10 octobre Marisol Touraine, se moquant de ce « concours de plumage et de ramage » qui, selon elle, « ne risque pas de séduire les Français »

Une négociation est en cours entre les syndicats de médecins et l’assurance-maladie sur les dépassements d’honoraires : « Nous en attendons beaucoup et je n’ai pas l’intention de valider un accord qui serait un accord de façade », a déclaré Marisol Touraine.

Une réclamation pour les chirurgiens esthétiques

Les chirurgiens contestent aussi la TVA à 19,6% sur les opérations de chirurgie esthétique prévue par le plan de rigueur dévoilé le 30 septembre. Jusque-là, les actes de médecine et de chirurgie esthétique bénéficiaient, comme les autres actes médicaux, d’une exonération de TVAPhilippe Letertre explique que c’est la seule revendication qui soit spécifique à la chirurgie esthétique. Pour lui le mouvement de contestation va « au-delà des 900 chirurgiens plasticiens » qui exercent en France.

Ouvert dimanche 7 octobre, le groupe Facebook « Les médecins ne sont pas des pigeons » comptait vendredi 12 octobre près de 30 000 inscrits.

Un mouvement peut-être moins important qu’il n’y paraît

Cependant, ce succès sur les réseaux sociaux n’est peut-être pas si important qu’il n’y paraît. Car, contrairement aux entrepreneurs, ce n’est pas une page, qu’ils ont créée sur Facebook, mais un groupe. Or l’administrateur d’un groupe peut ajouter tous les adhérents qu’il désire. C’est à l’utilisateur de choisir s’il souhaite ou non rester dans le groupe. Pour être plus précis, l’utilisateur est inscrit sur le groupe sans son consentement.

Il suffit d’ailleurs de se rendre sur la page qui recense les membres du groupe pour observer le phénomène : la plupart des membres sont « ajoutés par » un autre ou répondent à une invitation. Le mouvement a donc créé une page mais celle-ci recueillait vendredi 12 octobre un peu moins de 6000 adhérents. La différence est de taille et mérite d’être soulignée.

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