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«Ces femmes qui lui gâchent la vie», sexiste ou juste stupide?

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Une polémique facile, une de plus…

« Sexiste ! » hurlent les bien-pensant(e)s

Rendez-vous compte, ils ont osé… Christophe Barbier, rédacteur-en-chef, et la rédaction de L’Express ont osé …  En « Une » de l’édition datée du 10 octobre 2012 du « french newsmagazine », un François Hollande un peu gonflé et, à gauche, les photos des cinq qui, précisément, le « gonflent » ou, plutôt, pour reprendre le vocabulaire plus châtié de L’Express, « lui gâchent la vie ». Or, pour L’Express, les cinq « coupables », cinq personnalités publiques connues de tous les Français sont… des femmes : « Ces femmes qui lui gâchent la vie ». Ils ont osé stigmatiser cinq femmes. Machiste, sexiste !

Dans la ligne de mire, cinq femmes : Ségolène Royal, Valérie Trierweiler, Martine Aubry, Cécile Duflot et Angela Merkel. Ces cinq-là lui « gâcheraient » donc la vie, à notre Président, toutes celles-là… dans l’ordre ou dans le désordre, enquiquineuses, ambitieuses, névrosées, machiavéliques ou tout à la fois. A cause d’elles, de chacune d’elles, le début de mandat de notre Président, sa vie, tout court, ne seraient pas un long fleuve tranquille mais un enfer, un calvaire. Comme c’est sexiste que de faire porter le chapeau – à défaut de la culotte – à cinq femmes. Oui, sexiste !

On imagine le scandale si L’Express avait eu le courage d’aller au bout de sa pensée et avait remplacé le premier C de son titre par un S… « Ses femmes qui lui gâchent la vie ». « Ses femmes », oui, voilà qui aurait été encore mieux… son Ex, sa régulière, sa première adversaire/partenaire politique, sa ministre (un peu verte) et son « empêcheuse de tourner en rond » sur la scène internationale. Son, sa, sa, sa, son… ça, vraiment, ça aurait été sexiste et il aurait fallu oser !

Est-ce vraiment le débat ?

Que cette « Une » soit sexiste ou pas, est-ce tout ce qui dérange ? 

Ce qui dérange le plus dans cette « Une », c’est sa frivolité, sa faiblesse, son côté aguicheur.

Plus « sexy » que « sexiste » !

L’Express a voulu faire du buzz parce qu’on le sait trop bien depuis le 6 mai – et on l’avait deviné avant… -, mettez côte à côte une photo de Ségolène Royal, Valérie Trierweiler et un François Hollande dans le coin… et ça marche à tous les coups. Jouez sur les clichés, les généralités, relancez la « guerre des sexes » et –hop ! – ça marche encore mieux… C’est le bingo assuré et, en période de disette, ce n’est pas négligeable.

Et c’est là le vrai problème de cette « Une », c’est sa faiblesse journalistique, sa facilité, son manque d’intelligence, sa banalité aussi. Nul n’est à l’abri de ces travers et nous nous y prêtons évidemment, nous aussi, sans aucun doute. Mais quand on s’appelle L’Express – et même si L’Express n’est plus depuis longtemps L’EXPRESS -, peut-être se doit-on d’éviter de tomber dans de telles facilités. Surtout quand on se pique, en haut de son sommaire, de citer une formule de Jean-Jacques Servan-Schreiber : « Dire la vérité, telle que nous la voyons ».

Nul doute que le fondateur de L’Express canal historique, sa complice Françoise Giroud et tous les « géants » du journalisme, mais aussi de la pensée française qui les ont accompagnés en route, disaient la vérité telle qui la voyaient. Mais, à l’époque, ils n’étaient pas myopes ou, en tout cas, portaient de bonnes lunettes. C’est pour cela, on l’imagine, qu’ils n’auraient pas titré ainsi, voici !

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