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CGPME: «Nous comprenons la colère des entrepreneurs»

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À l’instar du « mouvement de défense des entrepreneurs français », la CGPME lançait mercredi 3 octobre une pétition en ligne pour contester le budget 2013 et demander au gouvernement de « revenir sur ses projets ». Cette pétition fait en effet écho à l’appel des « pigeons » sur les réseaux sociaux, lancé au début de la première semaine d’octobre et qui rencontre un succès indiscutable.

Que dit la pétition ?

« Le projet de loi de finances (PLF) 2013 instaure, lors d’une cession d’entreprise, une taxation des plus-values mobilières pouvant aller jusqu’à plus de 60% », explique l’organisation patronale. « Faire un coup en Bourse ou consacrer sa vie à son entreprise en créant des emplois et des richesses, est-ce la même chose ? Pénaliser le chef d’entreprise, c’est s’attaquer aux entreprises, aux salariés et à l’emploi. »

Déjà plus de 7000 signatures

Si les « pigeons » ont été à l’origine du mouvement, il semblerait qu’ils aient réveillé une colère que beaucoup partagent. La pétition lancée par l’organisation patronale a déjà recueillie plus de 7000 signatures de chefs d’entreprises, et la liste continue de s’allonger.

Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la CGPME France, a souhaité partager la colère des entrepreneurs et soutenir l’action des « pigeons » en répondant aux questions de JOL Press.

Comprenez-vous la colère de ces entrepreneurs ?

Jean-Eudes du Mesnil du Buisson : Bien sûr que je la comprends. Les entrepreneurs créent de la richesse, ils sont mis à contribution toute leur vie, et le jour où ils veulent vendre leur entreprise, l’État prévoit de les taxer jusqu’à 60%. Ce n’est pas admissible.

Ce mouvement de colère est tout à fait représentatif de ce que ressentent les entrepreneurs. C’est pourquoi nous avons lancé une pétition pour que les chefs d’entreprise puissent manifester leur exaspération.

Que demandez-vous au gouvernement ?

Jean-Eudes du Mesnil du Buisson : Tout d’abord, nous lui demandons d’arrêter cet acharnement sur les chefs d’entreprise. Nous voulons que le gouvernement revienne en arrière car, si le projet de loi de finances 2013 s’inscrit dans une nécessité absolue de redressement des finances publiques, il ne peut pas donner l’impression d’être confiscatoire à l’égard des entrepreneurs.

Jean-François Roubaud, le président de la CGPME, rencontrait ce jeudi le ministre de l’Économie Pierre Moscovici à Bercy pour en discuter.

Le gouvernement mène-t-il une politique assassine vis-à-vis des chefs d’entreprise ?

Jean-Eudes du Mesnil du Buisson : Le gouvernement doit comprendre que nous ne rejetons pas en bloc le projet de loi de finances. Nous avons bien vu qu’il avait fait un pas vers plus de protection pour les PME avec l’ISF PME et le crédit impôt recherche.

Mais là où le gouvernement fait une erreur majeure, c’est qu’il tente de dissocier le chef d’entreprise de sa PME alors que c’est un bloc. On ne peut pas, d’un côté, protéger les entreprises, et de l’autre, surtaxer les patrons de ces mêmes entreprises. Dans les petites boîtes, le capital de l’entrepreneur et celui de l’entreprise, c’est souvent le même

Quelles seraient les réformes fiscales les plus urgentes ?

Jean-Eudes du Mesnil du Buisson : L’impôt sur les sociétés doit, à mon sens, être progressif, par tranches de chiffres d’affaires afin que les grands groupes participent à cette fiscalité. En outre, il faudrait que lorsqu’un chef d’entreprise réinvestit ses bénéfices dans l’entreprise, il soit moins taxé que s’il les gardait pour lui. Cette politique encouragerait les entreprises à grandir davantage. L’entrepreneur ne doit pas avoir peur d’investir. Car c’est l’investissement qui créé de l’emploi.

Enfin, sur la question du financement de la protection sociale, le gouvernement devrait taxer d’autres revenus que ceux du travail.

Que dites-vous aujourd’hui aux entrepreneurs en colère ?

Jean-Eudes du Mesnil du Buisson : Qu’ils ont raison de réagir, mais qu’ils ne doivent pas avoir peur de s’adapter. Qu’ils se tournent vers l’étranger et qu’ils développent l’export. Surtout qu’ils n’hésitent pas à se regrouper. L’union fait la force.

Propos recueillis par Marine Tertrais

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