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Discours de Dakar: Hollande entend prendre le contre-pied de Sarkozy

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Dakar se prépare à l’arrivée du président français. Avant de se rendre au Sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), François Hollande se rend au Sénégal où il rencontrera son homologue Macky Sall, et où il prononcera surtout son premier discours devant la communauté africaine à Dakar, vendredi 12 octobre.

Cinq ans après le discours de Nicolas Sarkozy, François Hollande se rend à Dakar

Le lieu est symbolique pour cette intronisation africaine. Cinq ans auparavant, le président français Nicolas Sarkozy était également à Dakar, peu après son élection et prononçait un discours qui restera longtemps dans les annales.

Le 26 juillet 2007, Nicolas Sarkozy nouvellement élu, se rend au Sénégal, pour sa première tournée africaine. Il est l’invité de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar et s’exprime devant de nombreux étudiants, enseignants et personnalités politiques.

Alors qu’il aborde la question de la colonisation, Nicolas Sarkozy prononce des mots qui créeront une polémique, tant en Afrique qu’en France et dans le monde. L’ancien président français déclare alors que le « drame de l’Afrique » vient du fait que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. […] Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès. »

« L’homme africain n’est pas entré dans l’histoire »

L’extrait est relayé, commenté et crée la polémique. « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire, » devient une des premières phrases choc du début du mandat de Nicolas Sarkozy.

Les réactions ne se font pas attendre et, dès les premiers jours, de grandes personnalités se soulèvent contre une réflexion jugée arrogante et colonialiste. Parmi eux, le rapporteur spécial de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance, Doudou Diène, déclare quelques jours après le discours de Dakar : « Dire que les Africains ne sont pas entrés dans l’Histoire est un stéréotype fondateur des discours des XVII, XVIII et XIXème siècle ».

Derrière Nicolas Sarkozy, c’est également l’un de ses conseillers de l’époque, Henri Gaino, auteur du discours, qui est accusé. Ce dernier sert de prétexte, le 17 septembre 2008, à Abdoulaye Wade, président sénégalais de l’époque, pour excuser le président français en affirmant qu’il « avait été victime de son « nègre »».

Plusieurs années de polémique

Les mots de Nicolas Sarkozy continuent pourtant à créer la polémique et servent l’opposition au gouvernement. Le 6 avril 2009, Ségolène Royal, alors en campagne pour les primaires citoyennes du parti socialiste, se rend à Dakar, sa ville natale, et prononce également un discours dans lequel elle n’hésite pas à revenir sur les mots du président. « Quelqu’un est venu ici vous dire que « l’Homme africain n’est pas entré dans l’histoire ». Pardon pour ces paroles humiliantes et qui n’auraient jamais dû être prononcées et qui n’engagent pas la France. Car, vous aussi, vous avez fait l’histoire, vous l’avez faite bien avant la colonisation, vous l’avez faite pendant, et vous la faite depuis. » Des paroles qui, également, feront polémique.

Dans le camp du Président, les avis sont partagés, ainsi, trois ans plus tard, le 26 octobre 2010, Rama Yade, ministre du gouvernement Fillon se désolidarise du chef de l’État en affirmant que « l’homme africain est le premier à être entré dans l’histoire»

Quel discours pour François Hollande ?

L’exercice n’est pas simple et les discours des précédents présidents français devant la communauté africaine, qu’il s’agisse du discours de Dakar du président Sarkozy ou encore du président Mitterrand à La Baule, ont tous eu un retentissement important.

François Hollande, qu’on a dit peu habitué des relations internationales, a eu quelques mois pour s’exercer. Il devra s’adresser à un public qui attend beaucoup du nouveau chef d’État français.

Lors de sa campagne présidentielle, François Hollande a promis qu’il ferait tout pour « rompre avec la Françafrique » et avec une « certaine vision paternaliste et ethnocentrique » de l’Afrique.

Le message a été entendu et c’est un changement qu’attendent aujourd’hui les Africains. Mais cette rupture pour l’Afrique, n’avait-elle pas également été le mot d’ordre de Nicolas Sarkozy ? Entre les paroles et les actes, la politique a souvent rattrapé les présidents.

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