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Entrepreneurs, la France a besoin de vous!

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Il y a quelques jours, à Rome, je fus témoin d’une conversation entre un haut diplomate espagnol et un ministre marocain. Tous deux évoquaient – en français – la situation économique en Europe ainsi que les nécessaires réformes fiscales à venir en France. Le diplomate espagnol s’exprimait en ces termes : « François Hollande va devoir faire preuve de courage en matière de fiscalité. Regardez chez nous, en Espagne, Mariano Rajoy, [le président du Conseil] n’aurait jamais pu supprimer l’impôt sur la fortune. Heureusement que c’est Zapatero qui l’a fait ». Et le ministre marocain d’abonder dans son sens : « Il est clair que jamais un gouvernement de droite ne pourra supprimer un tel impôt, la gauche française doit prendre ses responsabilités »…

Cet échange, auquel j’ai pu participer grâce à mon oreille baladeuse, était d’un bon sens imparable. Certaines réformes, notamment en matière de fiscalité, ne peuvent être portées que par la gauche, qui bénéficie généralement de la bienveillance des syndicats et de la presse. En cela, l’alternance peut avoir du bon. Malheureusement, le nécessaire choc fiscal a rapidement été corrompu par des considérations aussi dogmatiques qu’absurdes.

Il faut cesser de privilégier la génération du « baby boom» sur celle des actifs

La grandeur politique devrait consister à faire preuve de cohérence et de courage
En particulier :

– En période de crise, j’accepte bien volontiers d’apporter ma contribution en payant globalement plus d’impôts. Mais j’exige en contrepartie que l’Etat et les collectivités territoriales fassent un effort significatif en matière de dépenses publiques. Il n’en est rien.

François Hollande s’est présenté comme le président de la jeunesse. Dont acte. Pourquoi alors continue-t-il de privilégier les inactifs sur les actifs ? Pourquoi, notamment, n’a-t-il pas le courage d’aligner le taux de CSG des retraités (6,6%, voire 3,8%) sur celui des actifs (7,5%)? En voilà, une manne potentielle ! 

– Toujours dans cette logique qui consiste à privilégier la génération du « baby-boom » à celle des actifs : pourquoi un entrepreneur qui vend son entreprise paiera 60% d’impôts sur les plus values alors que celui qui vend la sienne pour partir à la retraite en est totalement exonéré ?  

– Je suis convaincu que le mécanisme des heures supplémentaires porté par l’ancien gouvernement était une bonne idée. En tant que chef d’entreprise, j’y ai souvent eu recours. Mais à partir de ce mois, le salaire net de mes salariés va baisser. Comment peut-on continuer à clamer dans les médias que les efforts demandés ne concernent que les plus riches ?

– Enfin, il est temps de prendre conscience que l’ISF est un impôt absurde et injuste, car confiscatoire. Il doit être supprimé par la gauche, dans l’intérêt de la France.

Une poignée de personnes déconnectés de la vie réelle ne nous fera pas renoncer à notre idéal de création

François Hollande et son gouvernement avaient la légitimité démocratique pour réformer en substance l’Etat et l’impôt. Ils bénéficiaient de surcroit d’un timing favorable. 2014, année électorale avec les élections municipales, sera trop tard. L’opportunité d’un vrai changement n’a pas été saisie. Elle ne se représentera malheureusement pas de sitôt. 

Dans un tel contexte, la seule possibilité que nous ayons, c’est d’agir chacun au niveau qui est le nôtre, notamment dans nos entreprises. Entrepreneurs, ne vous barrez-pas ! La fuite n’a jamais été une solution. Restons en France, innovons, créons, développons-nous malgré les absurdités et les contraintes que nous devons affronter. La France a besoin de nous.

Et ce n’est pas une poignée d’hommes et de femmes déconnectés de la vie réelle et du monde de l’entreprise qui vont nous faire renoncer à notre idéal de création. Amis entrepreneurs, la France et l’Europe de demain, elle ne se bâtira ni à l’Elysée ni à Matignon. C’est à nous qu’il appartient de la construire. Tous ensemble. Sans eux.

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