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Flandre, Catalogne, Écosse… trois nouveaux États en Europe?

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Une véritable vague d’indépendantisme a soufflé sur la Belgique, dimanche 14 octobre, lors des élections locales qui ont vu la victoire des nationalistes flamands dans une grande partie des mairies de la partie Nord du pays.

« Un point de non-retour »

« C’est un point de non-retour dans notre histoire », a scandé Bart De Wever, leader de la Nouvelle Alliance Flamande, devant ses partisans réunis à la suite de sa victoire à la mairie d’Anvers. « Les Flamands ont choisi le changement et nous allons poursuivre sur cette voie ».

Les séparatistes ont également été au cœur de l’actualité en Écosse, où le Premier ministre a signé un accord, lundi 15 octobre, pour l’organisation d’un référendum sur l’indépendance des Écossais du Royaume-Uni. En Espagne, le président de la Catalogne a également promis de faire pression sur le gouvernement espagnol afin de permettre un vote sur l’indépendance de la région.

Le séparatisme résurgent combiné à une montée des extrémismes politiques dans certains pays soulève des doutes concernant la stabilité européenne alors que le continent lutte pour sortir d’une de ses plus profondes crises économiques depuis des décennies.

Des conséquences incalculables

L’escalade des tensions entre les membres de l’Union européenne ajoute également une dose de peur pour l’unité de l’Europe et ce, malgré que cette dernière ait remporté le prix Nobel de la paix la semaine dernière.

« Si la zone euro se perdait sur un chemin qui détruirait le projet européen – et il y a un risque que cela survienne – », a averti le secrétaire d’État au Commerce britannique, Vince Cable dimanche 14 octobre, « les conséquences seraient absolument incalculables ».

« Le projet européen est né afin de préserver l’Europe de l’extrémisme nationaliste et des conflits », a-t-il ajouté. « Il n’y a aucune garantie automatique qui nous en préserve. »

Flandre, Écosse, Catalogne…

Le Premier ministre britannique David Cameron s’est rendu dans la capitale écossaise, Edimbourg, lundi 15 octobre, afin de signer cet accord qui permettra aux Écossais de choisir ou non, à l’automne 2014, de mettre fin à l’union qui lie les royaumes d’Angleterre et d’Écosse depuis 1707.

De leur côté, les séparatistes espagnols ont subi un revers politique, la semaine dernière, lorsque les parlementaires leur ont refusé le droit à l’organisation d’un référendum. Un refus que les politiciens indépendantistes comptent bien contourner en organisant une « consultation publique » sur l’indépendance de la Catalogne, si ces derniers sont élus lors des élections régionales du mois prochain.

Cette déclaration a soulevé le risque d’une crise constitutionnelle, alors que l’Espagne se bat pour restaurer la confiance des marchés et sortir de son marasme économique.

Un risque pour toute l’Union européenne

« Ce qui pourrait se passer en Catalogne est une très mauvaise nouvelle, pas seulement pour l’Espagne, mais également pour l’ensemble de la zone euro et toute l’Europe », explique Thomas Klau, expert au Conseil européen des relations extérieures.

« Si le scénario extrême d’une ferme volonté d’indépendance de l’Espagne venait à se produire, cela créerait une difficulté importante pour l’Espagne et affaiblirait davantage la confiance des investisseurs dans le système politique de la zone euro », a-t-il déclaré lors d’un entretien téléphonique depuis Paris.

Le débat sur l’indépendance de la Catalogne provoque déjà un cataclysme parmi les politiciens à Madrid.

Les Constitutions menacées

Le ministre de l’Éducation nationale souhaite que le gouvernement prenne davantage de contrôle sur l’enseignement en Catalogne afin de donner une plus grande importance à l’histoire et à la langue espagnole. Un autre dirigeant du parti conservateur au pouvoir a, quant à lui, suggéré d’envoyer la garde nationale à Barcelone au cas où la Constitution espagnole serait menacée.

De son côté, Bart De Wever emprunte une voie plus progressive. Il programme d’utiliser sa nouvelle base dans le deuxième plus grand port maritime d’Europe pour demander le remplacement de l’État fédéral belge, qui comprend la Flandre, la Wallonie francophone et la capitale, Bruxelles, bilingue, par une confédération, comme un premier pas vers une éventuelle indépendance de l’État flamand.

Sa victoire à Anvers reflète le vieux mécontentement des 6 millions de Flamands de Belgique qui estiment que les impôts de leur riche région sont utilisés pour subventionner la Belgique des 4,5 millions de francophones.

Une injustice financière derrière les volontés séparatistes

La même situation se retrouve en Espagne où les riches Catalans blâment l’utilisation de leurs impôts pour le soutien des pauvres régions, poussant ainsi la Catalogne à la faillite. Une injustice qui fait également écho en Allemagne, en Finlande ou encore aux Pays-Bas, des pays plus que réticents à venir en aide aux économies en péril du Sud de l’Europe.

Dans les rues d’Anvers, à la veille de l’élection, les habitants n’ont offert que peu d’espoir au pays fondé en 1830.

« Nous pouvons restés liés avec les Français, tout en étant plus éloignés d’eux », déclare Ilse Swaab, une Flamande. « Tous les journaux flamands donnent beaucoup d’argent à la partie française de la Belgique. Nous sommes normalement un peuple de durs travailleurs, et ils nous expliquent que ce n’est pas comme ça ailleurs en Belgique. »

Karen Van Noten est esthéticienne et elle soutient l’indépendance : « Il y a un bon nombre de personnes en Flandre et nous devons mener notre propre vie », explique-t-elle.

Vers une balkanisation de l’Europe

Au-delà de leurs impacts sur les efforts économiques de l’Europe, les responsables européens craignent que les revendications séparatistes ne créent des conflits aux frontières.

Les nationalistes flamands estiment que Bruxelles est leur capitale, bien que celle-ci soit principalement francophone. Certains séparatistes catalans envisagent également un déplacement des frontières actuelles pour inclure dans leur nouvelle république d’autres parties de l’Espagne ainsi que certaines de France.

La menace séparatiste qui pourrait resurgir dans certaines parties de l’Europe, parmi les Hongrois de la région transylvanienne de Roumanie, par exemple, pourrait poser quelques problèmes encore plus délicats.

Quel avenir en Europe pour les nouveaux États ?

Malgré les risques, la tête de l’Union européenne a été incapable de prendre une position claire sur l’avenir des pays séparatistes.

La commissaire à la justice, Vivianne Reding, a récemment suggéré que la Catalogne n’aurait pas besoin de quitter l’Union européenne si elle venait à se séparer de l’Espagne, contredisant ainsi de précédents commentaires d’un porte-parole de la Commission européenne, selon lesquels tous les nouveaux États sécessionnistes devraient présenter une nouvelle demande d’adhésion à l’Union européenne.

La porte-parole de la Commission, Pia Ahrenkilde Hansen, a déclaré lundi 15 octobre que l’organe exécutif de l’Union européenne resterait discret sur cette question, sauf si un gouvernement national lui demandait expressément de se prononcer.

Global Post / Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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