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Iran: une victoire pour les résistants

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Cette sortie de la liste américaine est-elle une victoire pour l’OMPI ?

François Colcombet : Sans hésitation, oui. Créée au temps du chah, qui à l’époque a fait arrêter et exécuter ses principaux dirigeants, sans pour autant l’empêcher de participer à la révolution de 1979, l’OMPI a été victime en réalité du relâchement de l’Occident. En 1996, à son arrivée au pouvoir, on a voulu voir dans le président Khatami un modéré en qui on pouvait avoir confiance. Pour lui complaire, les États-Unis mirent l’OMPI sur la liste des organisations terroristes, suivis rapidement par la Grande-Bretagne puis par l’Union européenne.

Mais toutes les procédures contre l’Organisation des moudjahidines ont échoué les unes après les autres et finalement elle a été sortie des listes noires par les Anglais, puis par l’Union européenne en 2009, et le 1er octobre dernier par les Américains contre l’avis de Mme Clinton. Une belle victoire, en effet, du droit contre le pouvoir de la realpolitik.

La vie des Moudjahidines est-elle devenue un long fleuve tranquille ?

François Colcombet : Loin s’en faut ! Ni le régime des mollahs, ni les milieux d’affaires, qui ont encore des intérêts en Iran et qui chez nous ont des relais jusque parmi nos diplomates et dans des groupes d’amitiés des Parlements européens, n’ont désarmé. Les fausses informations circulent partout, l’OMPI serait rien moins « qu’une secte islamo marxiste pratiquant le terrorisme. » Elle aurait combattu aux côtés de Saddam Hussein et aurait perdu toute crédibilité en Iran. Or ces allégations ont été réduites à néant à l’occasion de procédures judiciaires qui ont été discutées de façon contradictoire.

Que peut-on contre ces affirmations ?

François Colcombet : Redire simplement l’analyse du juge antiterroriste Marc Trévidic qui a prononcé le non-lieu dans la procédure française. Pour lui, les membres de l’OMPI sont des « résistants ». Et ajouter que ces résistants s’affrontent à un régime injuste et brutal qui, lui, pratique le terrorisme contre son propre peuple et ne se cache pas de l’exporter dans le reste du monde.

Les Moudjahidines ont-ils des soutiens de l’intérieur ?

François Colcombet : L’OMPI, évidemment, n’aurait pas résisté à plus de trente ans de persécutions si elle n’était pas soutenue en Iran même par une partie de la population. D’ailleurs, les hiérarques du régime l’accusent d’être derrière la « révolution verte » de 2009 et nombre de ses militants ont été arrêtés et certains exécutés.

Et en Occident ?

François Colcombet : En Occident aussi, l’OMPI s’est trouvée de nombreux alliés dans la classe politique toutes tendances confondues et parmi les défenseurs des droits de l’homme pour contrebattre les lobbyistes du régime. Il faudrait enfin s’aveugler soi-même pour ne pas voir que les réunions de l’OMPI ont toujours un vif succès et que le grand meeting annuel à Villepinte a réuni, cette année encore, de 110 000 à 120 000 participants issus de la diaspora iranienne.

Sont-ils prêts à prendre la relève du régime ?

François Colcombet : Venus de toute l’Europe, ces Iraniens, dont beaucoup sont très jeunes, savent que l’OMPI est la plus importante organisation démocratique de la résistance. Ils se tournent tout naturellement vers elle pour porter l’espoir d’un Iran meilleur.

Interview par Daniel Ruiz paru dans La Montagne le 21 octobre 

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