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J.-D. Chamboredon: «Les #geonpi sont prêts à une concertation»

 

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C’est Jean-David Chamboredon, patron du fonds des entrepreneurs internet Isai et porte-parole des « Pigeons », qui l’a annoncé : le mouvement des #geonpi a décidé de stopper toute activité sur les réseaux sociaux, c’est effectif depuis lundi 29 octobre 2012 minuit. Son constat reste pourtant le même : il met en garde contre les effets « anti-croissance et récessifs » de la réforme « improvisée » du gouvernement qui, en l’état, « propagerait un virus mortel pour les bébé-entreprises ». Rappel des faits et explication de ce choix du silence. Entretien.

JOL Press : Lundi soir à minuit, le mouvement des #geonpi a interrompu toute activité sur les réseaux sociaux. Pourquoi avez-vous pris une telle décision ?

Jean-David Chamboredon, porte-parole du mouvement des Pigeons : Nous avons pris cette décision avec les « community managers » du mouvement des #geonpi, tout simplement pour éviter que notre action ne devienne contre-productive.

Le gouvernement a été, semble-t-il, vexé par notre mouvement, son mode opératoire. Le côté potache et frondeur des #geonpi n’a pas été du goût de l’exécutif. La médiatisation dont nous faisons l’objet rend l’enjeu soulevé polémique et politique. Et on tombe dans la caricature…

Ainsi, au congrès de Toulouse du Parti socialiste, samedi soir, Arnaud Montebourg a-t-il dénigré les Pigeons avant… d’en appeler à « une économie de l’innovation » avec une « finance au service de l’économie réelle »… Emmanuel Maurel (le leader de l’aile gauche du PS – NDLR) nous a désigné, lors de ce même congrès, comme un « quarteron de millionnaires connectés »…  Posture politique et non écoute des vrais enjeux…

Le monde des start-ups, victime d’une sorte de balle perdue

JOL Press : Non écoute des vrais enjeux, dites-vous. Incompréhension des véritables enjeux par des responsables politiques étrangers au monde de l’entreprise en général et des start-ups en particulier ?

Jean-David Chamboredon : Tout d’abord, j’ai la certitude que l’article 6 du projet de loi de finances pour 2013 – celui qui nous préoccupe et a amené notre mobilisation – n’était pas volontairement un article « anti-start ups ». C’est une sorte de balle perdue qui frappe le monde des start-ups.

C’est donc qu’il y a du côté des autorités un défaut de compréhension. Incompréhension notamment  du rôle essentiel joué  les Business angels. C’est une réalité que la très grande majorité des bébés entreprises reposent sur le financement apporté par un ou des Business angels, et qu’elles ne peuvent pas s’en passer.

Une méconnaissance de la réalité des entrepreneurs de croissance

JOL Press : En acceptant, le 23 octobre, un amendement – le fameux amendement #geonpi – à cet article 6, le gouvernement a montré qu’il pouvait vous entendre, non ?

Jean-David Chamboredon : Il est certain que l’entrepreneur traditionnel est plutôt bien traité par cet amendement qui favorise le créateur d’entreprise – en réduisant à 34,5% fixe le taux de la plus-value. Mais, dans l’univers des start-ups, là encore, la réalité est bien différente.

Ainsi, plus de la moitié des entrepreneurs de croissance ne sont pas des entrepreneurs « au sens fiscal » du terme – en raison des critères complexes définissant le terme, et portant sur la durée et le seuil de détention ou d’activité pour bénéficier de l’amendement.

Vouloir éviter la spéculation (à la nano-seconde) et les aller-retours rapides (dans la journée ou la semaine) peut se comprendre. Exiger une activité de la société pendant 10 ans – l’équivalent de deux cycles économiques – pour être finalement taxé à des taux qui restent parmi les plus élevés au monde (34,5% fixe pour le « créateur », 42,5% marginal pour l’associé) est absurde. Une détention d’un an est considérée comme « long term » aux Etats-Unis.

Sans doute que 2 ans et un abattement de 50% pour un investissement dans une TPE/PME seraient les « justes » paramètres

L’indispensable concertation

JOL Press : C’est ce qu’il faut faire, selon vous, pour ne pas affaiblir l’écosystème de l’économie numérique ?

Jean-David Chamboredon : Ce qu’il faut faire surtout, c’est se remettre autour de la table et s’expliquer, de sorte que les responsables de l’exécutif puissent comprendre – et prendre en compte – la réalité objective de notre secteur et les menaces qui pèsent sur notre chaîne de financement. La ministre des PME et de l’innovation, Fleur Pellerin, a préféré voir en nous un groupuscule de droite…

La semaine dernière, 3000 entrepreneurs de croissance – représentant 100 000 emplois – ont lancé un appel à la concertation au président de la République, François Hollande. Il n’a même pas accusé réception de cet appel.

Pourtant, avec mes amis co-rédacteurs du « Manifeste des entrepreneurs », nous restons à la disposition de nos dirigeants politiques.

JOL Press : Et s’ils restent sourds à vos appels ?

Jean-David Chamboredon : Nous verrons bien…  Mais, c’est sûr, il y aura moins de sociétés financées, moins d’argent investi, moins de transactions impliquant des cessions. Ce qui veut tout simplement dire que la « base taxable » va se réduire comme peau de chagrin et que les recettes fiscales associées aux plus-values de cession vont baisser par rapport à ce qu’elles auraient été… sans réforme fiscale !

Propos recueillis par Franck Guillory pour JOL Press

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