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La communauté scientifique s’indigne devant le verdict de l’Aquila

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Quelques heures après le verdict qui a condamné les sept membres de l’équipe de scientifiques pour n’avoir pas réussi à prévoir le séisme de l’Aquila, qui a fait plus de 300 morts en avril 2009, la communauté scientifique est sous le choc.

Six ans de prison pour les sept scientifiques de l’Aquila

Condamnés pour « meurtre par imprudence », les sept scientifiques de la Commission italienne « grands risques » devront écoper de six ans de prison ferme et verser la somme de 9,1 millions d’euros aux parties civiles. Face à ce verdict, la communauté scientifique semble unanime. Sur le plan humain, cette condamnation n’aura pour conséquence que le silence des scientifiques face aux décideurs, de peur des conséquences de leurs actes. Sur le plan scientifique ensuite, la sismologie apparaît comme une science inexacte et les résultats des études et enquêtes des scientifiques ne peuvent pas selon eux être retenues comme sûres à 100%.

Les condamnés feront certainement appel, selon une déclaration de l’un des avocats à la sortie du procès.

Les scientifiques ne se prononceront plus

En attendant cette décision, la communauté scientifique se mobilise en faveur de la défense de ces sept scientifiques et, derrière eux, de la science en général. Car les réactions sont unanimes, en ce mardi 22 octobre.

Dans un communiqué publié après le verdict, le président de l’Institut national de géophysique et vulcanologie (INGV), Stefano Gresta, s’est soulevé contre une décision qualifiée de dangereuse.

Selon ce dernier, « ce précédent (est) en mesure de conditionner de manière déterminante les rapports entre experts scientifiques et décideurs politiques, et pas seulement dans notre pays. »

« Quel scientifique voudra exprimer son opinion sachant qu’il pourra finir en prison ? » s’interroge-t-il dans un communiqué.

Les séismes ne peuvent être prévus de manière certaine

À l’étranger, la communauté scientifique soutient également l’innocence des sept scientifiques italiens. Dans un communiqué, l’ONG américaine Union of Concerned Scientists rappelle que lors d’une précédente déclaration, celle-ci « avait déjà mis en garde contre le fait que ces accusations risquaient de saper les efforts internationaux pour tenter de mieux comprendre les désastres naturels et minimiser les risques qui en découlent. »

De la même manière, l’Association américaine pour la promotion de la science (AAAS) avait souligné dans un précédent communiqué que « des années de recherche menées par d’éminents sismologues aux États-Unis montrent qu’il n’existe pas de méthode scientifique reconnue permettant de prédire un tremblement de terre imminent. »

« Nous sommes inquiets du fait que la menace de condamnation des sismologues pour appliquer des méthodes scientifiques reconnues ne les décourage et empêche le libre échange des idées indispensable au progrès scientifique. »

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