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La peur de Pyongyang accélère la course aux armements en Asie

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La Corée du Sud sur ses gardes

Chun Yung-Woo, premier secrétaire sud-coréen à la Sécurité et aux affaires étrangères, explique l’intérêt pour son pays d’élargir la gamme de ses missiles et de renforcer leur puissance: « Nous allons mettre en place divers moyens efficaces pour mettre la Corée du Nord en incapacité de développer son programme nucléaire. Il est aussi prioritaire que nous assurions la sécurité de nos concitoyens présents en Corée du Nord ».

Jeffrey Lewis, directeur du Programme de non-prolifération dans l’Asie Pacifique à l’Institut d’études internationale de Monterey (Californie), critique ce plan : « Il semblerait qu’il faille éviter la multiplication d’armes nucléaires en Corée avant que des armes ne soient lancées », écrit-il sur son blog.

Robert Dujarric, directeur de l’Institut contemporain des études de l’Asie à l’université Temple de Tokyo, spécule quant à lui sur la motivation de la Corée du Sud d’accroître son armement nucléaire. « Elle désire peut-être avoir plus de visibilité en tant que puissance internationale, peut-être même contrer, à long terme, la menace chinoise », explique-t-il.

À tous les pays qui pensaient préparer leur défense contre la Chine, la Corée du Nord a prouvé qu’elle était un ennemi bien plus grand. Les États-Unis et le Japon utilisent d’ailleurs la menace nord-coréenne pour justifier le renforcement de leur système de défense anti-missile.

Un renforcement de défense nucléaire en cours

L’ancien diplomate Taniguchi, actuellement à l’université japonaise de Keio, pense qu’il s’agit d’un secret de polichinelle : « la Chine a toujours été un fil directeur pour le Japon et les États-Unis pour développer leur programme de défense nucléaire ».

« Même avec une baisse de son budget défense, le Japon n’a cessé d’investir massivement dans sa défense nucléaire », relève-t-il.

Le renforcement de la défense nucléaire japonaise contraste avec la politique de la Corée du Sud qui est plutôt d’élargir sa palette d’armes nucléaires. Un expert en armements japonais (qui s’exprime anonymement) résume ainsi : « La Corée du Sud veut de l’artillerie lourde, des missiles balistiques SCUDs, bref des moyens très offensifs. L’équipement japonais est quant à lui plus défensif. Ils attendent que l’ennemi tire avant de réagir ».

Ces deux approches coïncident avec les tensions entre Séoul et Tokyo, dont les relations étaient assez tendues ces derniers temps, même si chacun est de son côté un allié des États-Unis. En juillet, Séoul a d’ailleurs changé d’avis au dernier moment lors de la signature d’un accord de Sécurité générale d’information militaire.

Séoul se risque à adopter une stratégie différente du Japon et des États-Unis

« Le président sud-coréen Lee Myung-Bak a ressorti comme « bonne excuse » un contentieux de longue date à propos d’îles lointaines dont la propriété est disputée avec le Japon », déplore le diplomate Taniguchi.

De nombreuses personnes s’accordent à dire que la politique militaire sud-coréenne, qui consiste à se fournir en armes nucléaires plutôt que d’acquérir des outils de défense antimissile balistique, va dans le « mauvais sens ».

Pyongyang se réjouit de semer la terreur

Le système de défense avec le missile PAC-3, que les États-Unis et le Japon ont acquis « semble fonctionner, et est bien plus dissuasif que la simple construction de missiles », explique Bruce Bechtol, de l’Institut Stratégique de l’armée américaine.

La Corée du Nord semble en tout cas s’amuser de cette situation. Selon l’agence officielle d’informations coréenne, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères nord-coréennes a taclé : « Les États-Unis n’ont aucune qualification morale pour parler du développement nucléaire de la Corée, car ils sont ceux qui ont ouvert le course aux armements dans l’Asie du Nord-Est ».

Pyongyang n’a pas besoin de raison valable pour provoquer ses ennemis – même au risque d’irriter son seul ami, la Chine – mais est toujours satisfait de créer de nouvelles justifications de ses actions. Des essais nucléaires dans un futur proche, peut-être début 2013, ne seraient pas surprenants. D’ici là, les élections américaines, japonaises et sud-coréennes ainsi que la succession déjà planifiée en Chine auront soit assuré un renouveau soit réengagé la course à l’armement contre Pyongyang.

Global Post/Adaptation : Alexis MAMOU pour JOL Press

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