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Le début du Sommet de la Francophonie sous haute tension

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Le Sommet de la Francophonie, qui ouvrira ses portes samedi 13 octobre à Kinshasa, se prépare sous de politiques augures.

Tensions entre la France et la RDC à deux jours du Sommet

Pour sa première tournée africaine, le président François Hollande a joué la carte de la provocation. À quelques jours de son arrivée en République démocratique du Congo, où l’attendent de nombreux chefs d’État qui ont la langue française en commun, le président français a fait une déclaration qui n’a pas tardé à fâcher le gouvernement congolais dont le président, Joseph Kabila, prendra la présidence tournante du Sommet de la francophonie pour les deux années à venir.

Mardi 9 octobre, alors qu’il se trouvait à Paris avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, François Hollande, s’exprimant sur la République démocratique du Congo, a déclaré que « la situation dans ce pays est tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie et de la reconnaissance de l’opposition. »

« Le pays le plus ouvert à l’opposition »

Un message peu diplomatique qui a provoqué une réaction immédiate en RDC, où le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga a déclaré que le jugement de François Hollande « ne correspondait à aucune réalité » et qu’un voyage pour « compléter son information » lui serait « très utile ».

« C’est au peuple congolais d’accepter ou ne pas accepter une situation au Congo. […] Nous sommes le pays le plus avancé dans les droits de l’opposition », a ajouté le porte-parole.

C’est dans ce contexte que François Hollande est attendu par son homologue congolais, un homme qui a succédé à son père, Laurent-Désiré Kabila, assassiné en 2001. Réélu en 2011, Joseph Kabila est accusé de fraudes, et l’opposition dans son pays est farouche pour dénoncer les exactions du gouvernement.

Les militants du M23 saluent la déclaration de François Hollande

La République démocratique du Congo est également le théâtre de conflits meurtriers dans la région des Grands Lacs, à l’est du pays, entre les forces congolaises et le Mouvement du 23 mars, communément appelé le M23, sans doute soutenu par le Rwanda de Paul Kagamé. Le M23 est constitué d’officiers tutsis qui ont fait défection et qui luttent contre le régime de Joseph Kabila.

Ces derniers, profitant du message de François Hollande, n’ont pas hésité à saluer la déclaration du président français. « Le M23 salue la déclaration du président français François Hollande affirmant qu’il n’y a pas de démocratie, ni de droits de l’homme, et que l’opposition est marginalisée. […] La communauté internationale commence à reconnaître et à découvrir les vraies réalités de notre pays. C’est parmi les causes de notre lutte armée. »

Le conflit en RDC au programme du Sommet de la Francophonie

La tension naît entre la France et la République démocratique du Congo. Face à cet incident, le président de l’Organisation internationale de la francophonie n’a pas hésité à s’interposer pour calmer les esprits avant la réunion des chefs d’État. Dans une déclaration, Abdou Diouf, ancien président du Bénin, a affirmé : « On n’est pas là-bas pour célébrer un homme mais pour rendre hommage à la RDC et à tous les peuples d’Afrique centrale. Ce sera l’occasion de délivrer des messages forts, en ce qui concerne la lutte contre l’impunité, le respect des droits de l’Homme, une meilleure gouvernance. »

Pourtant, sur place, certains sujets sensibles devront revenir régulièrement. Au programme de deux jours de réunion, la rébellion islamiste au nord du Mali et le conflit qui frappe la région du Kivu, en RDC. En parallèle, Kinshasa sera le théâtre de grandes manifestations du mouvement d’opposition principal, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

Premiers pas de François Hollande en Afrique

La veille, François Hollande est à Dakar, pour le premier jour de sa courte tournée africaine. Il rencontrera son homologue sénégalais, Macky Sall, élu au printemps dernier. À cette occasion, il prononcera son premier discours devant la communauté africaine qui devrait également donner le ton des deux prochains jours à Kinshasa.

Alors que François Hollande avait promis la fin de la « Françafrique » lors de sa campagne présidentielle, les États africains attendent beaucoup du nouveau président français.

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