Après l’accident nucléaire de Fukushima, la Commission européenne a mené des tests de résistance sur les 134 réacteurs européens. Dix-neuf centrales françaises ont été pointées du doigt comme défaillantes, mais aucune fermeture n’a été préconisée.
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La Commission européenne avait lancé des tests de résistance (ou stress tests) sur l’ensemble du parc nucléaire européen. Au total, ce sont 134 réacteurs qui ont été examinés par Bruxelles.
Dans un rapport à paraître mercredi, le commissaire européen à l’Énergie, Gunther Oettinger, affirme que la sécurité du nucléaire européen est « en général satisfaisante », mais que la Commission européenne ne montrera « aucune complaisance » sur le sujet.
Les réacteurs français pas assez équipés en équipements de secours
Le coût des travaux de la remise aux normes de ces réacteurs serait évalué entre 10 et 25 milliards d’euros. Et la France n’est pas en reste… « Des défaillances de sécurité » auraient en effet été trouvées dans les 19 centrales françaises qui abritent 58 réacteurs, selon Le Figaro, qui a consulté le rapport.
La France possède 58 réacteurs qui produisent 75% de l’électricité consommée sur son territoire. Et aucun ne serait suffisamment équipé en instrument de mesure sismique ou en matériel de secours en cas d’accident. Ces équipements de secours ne seraient pas suffisamment protégés, malgré les engagements d’EDF, qui avait déjà été averti, par l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), de ces carences.
L’appel de l’Autorité de sûreté nucléaire française
En janvier dernier, l’ASN avait estimé dans un rapport, à l’issue d’un audit de sécurité post-Fukushima, que les centrales nucléaires françaises présentaient « un niveau de sûreté suffisant ». Cependant, elle soulignait qu’il était nécessaire d’augmenter « dans les meilleurs délais » la robustesse des installations pour qu’elles puissent faire face à « des situations extrêmes ».
Les exploitants de chaque centrale avaient jusqu’au 30 juin 2012 pour présenter à l’ASN « un noyau dur » de dispositions qui permettraient de « maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté ». Or il apparaitrait que ces dispositions n’aient justement pas été prises.
Fessenheim n’est pas la centrale française présentant le plus d’insuffisances
« Nos contrôles de sécurité ont été stricts, sérieux et menés en toute transparence », a déclaré Gunther Oettinger, au journal allemand Die Welt. « Ils ont permis de révéler ce qui allait bien et là où il fallait apporter des améliorations ».
Et aussi surprenant que cela puisse paraître, Fessenheim, la centrale qui fait le plus parler d’elle en France, la plus ancienne et celle que François Hollande s’est engagé à fermer avant 2016, n’est pas celle qui présente le plus de mauvais points en France. Les procédures prévues en cas d’accident dans les centrales de Chooz (Ardennes) et Cattenom (Moselle) sont jugées plus insuffisantes que celles mises en place à Fessenheim.
Le débat sur une sortie du nucléaire en France relancé ?
« Ce rapport vient confirmer que le nucléaire français n’est pas plus sûr que les autres, bien au contraire », a commenté Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de Greenpeace-France. « Ces résultats démontrent une nouvelle fois qu’il va falloir aller bien au-delà de la fermeture de Fessenheim. Le débat sur l’énergie qui arrive doit être l’occasion de discuter et d’acter une véritable sortie du nucléaire en France ».
Au total, l’Union européenne compte 147 réacteurs dans 14 pays, dont 58 en France. 24 nouveaux réacteurs sont en projet, dont six en construction : 2 en Bulgarie, 1 en Finlande, 1 en France et 2 en Slovaquie.