« Les Français consomment trop de médicaments inutiles et exagérément coûteux », constatent cinq professeurs de médecine. Quelques semaines après la publication du « Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux» (Le Cherche Midi) de Philippe Even et Bernard Debré, ces médecins demandent la publication d’un livre blanc pour informer les patients et le corps médical sur les risques des médicaments.
[image:1,l]
Le livre de Philippe Even et Bernard Debré, Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux (Le Cherche Midi), avait fait l’effet d’une bombe – 175 000 exemplaires ont déjà été vendus. Ils sont aujourd’hui plus nombreux encore à faire le même constat : on pourrait diviser le nombre de médicaments par 4, passant de 4000 à 1000 médicaments sur le marché. Philippe Even et Bernard Debré déclaraient que la moitié des médicaments était inutile.
Un livre référence qui existerait déjà au Royaume-Uni et en Belgique
Les professeurs JF. Bergman et A. Gaudric, interniste et ophtalmologiste à l’hôpital Lariboisière, E.Thervet, néphrologue à l’hôpital Pompidou, F. Chast, pharmacien des hôpitaux à l’Hôtel Dieu, et A. Grimaldi, diabétologue à l’hôpital Pitié Salpêtrière demandent, dans un appel publié dans le JDD, de « programmer la publication rapide d’un livre blanc des médicaments pour aider les médecins à prescrire mieux et moins, et éclairer le grand public ». Un livre référence qui existerait déjà au Royaume-Uni et en Belgique.
Alors que le monde de la médecine est secoué par le scandale du Mediator, de nombreux médecins s’inquiètent du manque d’information mise à portée des patients mais aussi du corps médical. Ce qu’ils demandent c’est un livre qui « cible, pathologie par pathologie, les médicaments indispensables, les médicaments éventuellement utiles et ceux qui ne servent à rien. L’absence d’un livre de référence laisse la place à des « guides » rédigés sans rigueur et contenant de nombreuses erreurs », déplorent-ils. Car nombreux sont encore les médicaments dont les effets indésirables sont méconnus.
Revoir la politique du prix des médicaments
Si Philippe Even et Bernard Debré déploraient le gaspillage de 10 à 15 milliards d’euros par an, pour les auteurs de l’appel il faut aussi revoir la politique du prix des médicaments, cette « procédure opaque qui fait l’objet de négociations secrètes avec les laboratoires pharmaceutiques ».
Selon les signataires, beaucoup de questions mériteraient des réponses. Pourquoi, pour la même efficacité, certains médicaments sont-ils plus chers ? Pourquoi le coût des génériques en France est très supérieur au coût moyen sur le marché européen ? Pourquoi le prix de certains médicaments est-il si élevé alors que le volume de prescriptions augmente de façon importante ?
Les cinq professeurs de médecine demandent enfin une réforme de la pharmacovigilance : « La solution la plus efficace pour repérer d’éventuels risques sur la santé est l’analyse informatique, exhaustive et continue, des ordonnances de ville couplée aux diagnostics des motifs d’hospitalisations et aux certificats de décès ».