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Marica Frangakis: «Les Grecs sont fatigués, la Grèce est en danger»

16.10.2012 par La Rédaction

Vendredi 12 octobre. Le comité Nobel norvégien a attribué le prix Nobel de la paix pour 2012 à l’Union européenne, au motif que l’Europe – aux différents stades de la construction européenne – a contribué de manière inédite à la paix et la réconciliation entre les peuples européens. Cette décision n’a pas fait l’unanimité. Comment a été reçue cette nouvelle à Athènes ? JOL Press a posé la question à Marica Frangakis, économiste engagée dans les rangs de l’opposition officielle en lutte contre les politiques imposées à la Grèce par les dirigeants européens. Au-delà de l’épisode Nobel, elle dresse un état des lieux inquiétant de la situation dans laquelle se trouve son pays.

[image:1,l]Marica Frangakis est économiste. Elle est membre du Comité central de Synapismos et membre du comité chargé du programme de Syriza. Elle milite aussi au sein d’Attac-Grèce. Elle nous livre son analyse deux jours après l’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union européenne. C’est aussi l’occasion de faire le point sur la situation en Grèce alors le pays attend la publication du nouveau rapport de la Troïka – Union européenne, BCE, FMI – synonyme d’un nouveau train de mesures d’austérité, et que de nouvelles manifestations sont prévues. Entretien.

JOL Press : Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez appris l’attribution du prix Nobel de la paix 2012 à l’Union européenne ?

Marica Frangakis : J’ai souri en hochant la tête. Pourtant, il n’y a pas de quoi être surpris. Le conflit entre l’élite dirigeante et les peuples qui descendent dans les rues pour manifester a atteint une telle intensité, en particulier en Grèce, que l’Union européenne, la Commission en particulier, ne néglige aucun soutien. Ce prix, c’est un encouragement à l’équilibre actuel des forces.

Le Nobel, un soutien aux institutions actuelles de l’Union européenne

JOL Press : Mais ce Nobel, il n’est pas attribué à la Commission européenne, mais à l’Union européenne, à l’Europe pour sa contribution à la paix et à la réconciliation…

Marica Frangakis : Même le Financial Times reconnait que ce choix fait controverse. C’est vrai que depuis 65 ans, l’Europe a été à l’abri de la guerre – ou presque… mais il n’y pas davantage eu de conflits en Amérique latine ou entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’Union européenne n’est pas la cause de tout, il y a bien d’autres raisons à cette période de relative tranquillité

L’objectif de ce prix est de renforcer les institutions actuelles de l’Europe à un moment où elles souffrent d’un déficit de légitimité démocratique flagrant. Le président du comité Nobel l’a dit dans son annonce lorsqu’il a parlé de « périodes difficiles ».

Les Grecs sont fatigués par des années d’austérité

JOL Press : Quelle a été la réaction en Grèce ?

Marica Frangakis : Peu de gens ont relevé. Vous savez, avec ce que nous traversons, les difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans la vie quotidienne, la plupart des Grecs n’ont pas la tête à cela.

JOL Press : Depuis les dernières élections de juin, il semble que la situation politique se soit apaisée…

Marica Frangakis : Ces élections ont marqué un tournant dans l’histoire politique grecque. La paix – dont on parle en Europe -, la Grèce ne la connait que depuis la fin de la junte au milieu des années 1970. Depuis, deux partis – à gauche, le PASOK et Nouvelle Démocratie, à droite – ont eu le monopole du pouvoir. Lors de ce scrutin, leurs scores se sont effondrés et, s’ils restent encore au pouvoir avec le gouvernement Samaras, ils doivent désormais faire face à une nouvelle opposition avec la coalition Syriza, la gauche radicale.

Après la torpeur de l’été… les manifestations reprennent

JOL Press : Pourtant, depuis juin, l’agitation sociale semble s’être calmée, n’est-ce-pas ?

Marica Frangakis : L’été grec reste l’été grec. Il fait très chaud… Traditionnellement, les Athéniens quittent la ville pour retourner dans leurs familles à la campagne ou dans les îles. Et Athènes était très calme… Même s’il semblerait que 40% des Grecs ne soient pas partis cette année.

Les derniers mois ont été calmes aussi car on attend une nouvelles série de mesures d’austérité. Une fois de plus, les plus fragiles vont payer, les Grecs moyens.

D’abord, les mesures d’austérité ont touché ceux qui dépendent de l’État – les retraités, les fonctionnaires. Mais, désormais, tout le monde est touché. Dans le secteur privé, l’application des accords collectifs a été suspendue. De nouveaux accords ont été négociés par entreprise ou bien même remplacés par des contrats de travail individuels. Les salaires auraient baissé de 40% dans le secteur privé. Et le chômage atteindrait 30% d’ici à la fin de l’année.

JOL Press : Les manifestations ont repris la semaine dernière avec la venue d’Angela Merkel et une nouvelle grève générale est prévue cette semaine. La mobilisation reprend-t-elle ?

Marica Frangakis : La participation a faibli. Ceux qui manifestaient n’étaient pas que des jeunes ou des fonctionnaires. Or, il n’est pas possible de passer son temps à manifester. Il y a sans doute une certaine fatigue…

JOL Press : Une forme de fatalisme ?

Marica Frangakis : Pour l’instant, on attend de connaître le détail des prochaines mesures d’austérité, une fois que la Troïka – FMI, BCE et… Union européenne – aura remis son rapport. Le gouvernement grec attend 31,5 milliards d’euros pour éviter la faillite. Sur cette somme, seuls 6 milliards iront dans le budget de l’État et le reste renflouera les banques.

Or les banques grecques ne font rien pour soulager la vie quotidienne des Grecs. Un retard sur le remboursement d’un prêt, un découvert et les banques sont d’une efficacité redoutable pour récupérer leur dû.

Un nouveau cycle austérité-manifestation-élection ?

JOL Press : C’est l’incapacité à trouver une majorité lors de l’adoption des mesures imposées par le deuxième volet d’aide qui avait entrainé le double rendez-vous électoral du printemps. Cette fois-ci, le gouvernement est-il à l’abri de se retrouver en minorité ?

Marica Frangakis : Ce vote sera le premier test de la coalition gouvernementale dirigée par le chef de la Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras. Les députés fraichement élus hésiteront peut-être à risquer leur mandat mais ce ne sera pas facile pour le gouvernement.

Rien n’est sûr mais il est probable qu’un nouveau cycle de protestation s’engagera. Les gens redescendront dans la rue, sans pour autant espérer un miracle.

L’Union européenne n’accepterait pas l’arrivée au pouvoir de Syriza

JOL Press : Comment sortir de cette situation ?

Marica Frangakis : Nous nous retrouverions dans la situation de l’an dernier, avec la perspective de nouvelles élections. À titre personnel, au regard de mon engagement, j’espère que l’opposition l’emportera alors et que le chef de Syriza, Alexis Tsipras deviendra Premier ministre. Mais l’Union européenne ne l’acceptera sans doute pas…

JOL Press : Comment l’Union européenne pourrait-elle influer ?

Marica Frangakis : L’Union européenne mais, surtout, les élites en place. En juin, le Financial Times a tout de même publié un éditorial en grec – du jamais vu – pour inciter les électeurs grecs à voter pour Nouvelle Démocratie et les forces soutenant les mesures d’austérité.

Quant à l’Union européenne, Barroso et Juncker sont tous les deux venus à Athènes et ont refusé de rencontrer Tsipras, le chef de l’opposition officielle – au Parlement. Incroyable…

Le danger fasciste et xénophobe est réel

JOL Press : D’autres forces ont, semble-t-il, le vent en poupe… À l’extrême droite, dans le sillage de L’Aube dorée, ouvertement fasciste et xénophobe. Cela vous inquiète ?

Marica Frangakis : C’est terriblement inquiétant. Par principe, mais plus encore lorsque l’on réalise que des événements intolérables, rappelant des périodes effroyables de notre Histoire, se multiplient, ici, dans Athènes, Athènes la tolérante… Hier soir, il y avait une pièce de théâtre dans un théâtre d’Athènes, une pièce critique à l’égard du rôle et de l’attitude de l’église. Un groupe d’hommes casqués et vêtus de noir avec le logo de L’Aube dorée dans le dos ont débarqué et s’en sont pris aux spectateurs en hurlant des slogans racistes.

La situation des immigrés est de plus en plus précaire. Des soupes populaires ont été ouvertes mais elles ne servent que les Grecs. C’est un racisme ordinaire qui se propage. Dans ce contexte de crise, ces mouvements d’extrême droite jouent sur les peurs et les instincts de base des Grecs. Ce qui se déroule sous nos yeux et sous les yeux de l’Union européenne est très inquiétant. De grands dangers menacent la Grèce même si l’on essaie de se rappeler que le pire n’est pas toujours le plus probable.

La Rédaction


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