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Mario Monti prêt à se dévouer après les élections d’avril 2013?

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« J’espère des élections avec un résultat clair et un gouvernement dirigé par un dirigeant politique. […] S’il y avait des circonstances dans lesquelles je pourrais servir le pays utilement après le scrutin, je n’exclus rien. »

Ne rien exclure, c’est bien commencer à l’envisager et, surtout, éprouver le besoin de l’envisager ouvertement pour tirer profit du doute qui, en conséquence, s’installe…

Mario Monti paierait-il de sa personne pour protéger les intérêts italiens à l’approche d’une période électorale pleine d’incertitudes, ou préparerait-il un coup d’éclat, véritable séisme politique ?

Protéger l’Italie des incertitudes d’une campagne électorale

Après onze mois à la tête du gouvernement italien, le successeur de Silvio Berlusconi a réussi plus d’un exploit : non seulement Mario Monti a conduit à marche forcée des réformes structurelles considérables et est parvenu à calmer la pression des marchés financiers, mais en plus, il a su rester l’homme politique italien le plus populaire avec 42% d’opinions favorables. Il Professore est un maestro.

Jusque-là, l’ancien commissaire européen n’avait eu de cesse de répéter que son mandat s’interromprait au lendemain des élections anticipées d’avril 2013 et qu’il laisserait la place au leader de la coalition arrivée en tête. A l’approche de l’échéance, et du lancement de la campagne, l’incapacité du débat politique italien à faire émerger une alternative crédible pourrait commencer à inquiéter Mario Monti et son gouvernement de hauts fonctionnaires, qui pourraient craindre de voir remis en cause tous les progrès réalisés depuis un an en quelques semaines de campagne électorale.

Que sa déclaration sibylline ait été prononcée lors d’une intervention devant le prestigieux Council on Foreign Relations à New York n’est probablement pas totalement fortuit. A New York, plus qu’ailleurs, les marchés financiers écoutent, et c’est probablement avant tout à eux, aux créanciers de l’Italie, que s’adresse sans doute à ce stade le message. Peut-être tenait-il aussi à rassurer les gouvernements alliés.

Campagne ou pas campagne ?

Les arguments avancés par Mario Monti pour son départ après l’élection d’avril 2013 relevaient, principalement, de son refus de prendre la tête d’une coalition centriste – ou de centre-gauche – et de faire campagne contre la droite et les forces populistesde Silvio Berlusconi à Umberto Bossi.  

D’ailleurs, à tous les commentateurs qui l’interrogent, Mario Monti déclare qu’il n’a pas l’intention de prendre la tête d’un mouvement politique : « Je n’en ai pas besoin, je suis sénateur à vie », répète-t-il à l’envie.

Union nationale bis

Les centristes de Pierferdinando Casini se sont repris à rêver d’un gouvernement Monti II ayant, cette fois, reçu l’onction des urnes. D’autres les rejoignent sur cette position, comme Gianfranco Fini, le président de la Chambre des députés, ancien allié de Silvio Berlusconi. Ou encore le président de Ferrari, Luca Cordero di Montezemolo et de nombreux autres industriels.

A gauche, le Parti démocrate de Pierluigi Bersani, qui est crédité de 25 à 26% des intentions de vote, n’est pas opposé à un tel scénario mais insiste pour que Mario Monti se présente devant les urnes. Un moyen de ménager ses alliés de la gauche de la gauche, hostiles au maintien au pouvoir de l’ancien commissaire européen.

Pour sa part, Silvio Berlusconi ne dit mot. Son parti, le PDL, connait de graves difficultés et il pourrait lui-même renoncer à une énième reconquête du pouvoir pour s’éviter une ultime défaite. Quant à son dauphin, Angelino Alfano, il se montre caustique à l’égard de ce « candidat virtuel ».

Les Italiens disent « no » au gouvernement technique

D’après les commentateurs, une chose est certaine : le prochain gouvernement ne sera pas un gouvernement « technique », composé exclusivement de hauts fonctionnaires. Les Italiens n’en veulent plus.

Deux scénarios pourraient justifier d’un maintien au pouvoir de Mario Monti : soit une union nationale au nom de l’Europe, soit un gouvernement de centre et centre-gauche validé par le suffrage universel. 

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