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Nobel de la paix: quelques pistes pour prédire le lauréat 2012

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C’est un « marronnier » de la deuxième semaine d’octobre… À qui sera décerné le prix Nobel de la paix. Comme l’an dernier – et, assurément, comme l’an prochain -, les rumeurs, parfois sérieuses, parfois farfelues, fleurissent… Reviennent souvent les noms d’anciens dirigeantsBill Clinton ou Helmut Kohl, avant qu’il ne soit trop tard – ou encore un choix symbolique, que l’on pourrait juger de mauvais goût au regard de l’inaction de la communauté internationale sur ce dossier, le « peuple syrien » pour sa résilience face à la guerre civile. Un peu flou…

Heureusement, Kristian Berg Harpviken est là. Et, pour l’édition 2012, le directeur de l’Institut de recherche pour la paix d’Oslo (PRIO) mise sur cinq favoris… Le théoricien de l’action non violente, des « nouveaux dissidents » russes, des champions du dialogue inter-religieux au Nigéria ou l’homme qui a fait sortir Aung San Suu Kyi de prison…

Gene Sharp, le théoricien de l’action non violente

La résistance non violente a été à la une tout au long de l’année 2011 à l’occasion des révoltes du Printemps arabe. Dans l’ombre, Gene Sharp, désormais âgé de 84 ans, a consacré sa vie à théoriser l’action non violente, établissant un catalogue de 200 techniques non violentes.

Ses écrits ont inspiré les militants de la place Tiananmen en 1989 comme ceux de la place Tahrir l’an dernier. Sa théorie met en évidence les avantages de la non-violence face à un régime qui dispose des moyens pour agir violemment. Gene Sharp affirme que la non-violence est en mesure de générer des changements plus durables que la violence.

Si c’est la non-violence que souhaite honorer l’Académie Nobel, ses membres pourraient aussi opter pour Optpor !, une organisation non-violente serbe, ou CANVAS – Center for Applied Non-Violent Action and Strategies – et son leader Srdja Popovic. Autre solution dans cette catégorie : rendre hommage aux moines birmans en décernant le prix à l’All Burma Monks Alliance (ABMA) et à un de ses fondateurs, Ashin Gambira, libéré par le gouvernement birman au début de 2012.

Memorial, la mémoire historique au service de la réconciliation

Memorial est une organisation russe qui se consacre à la recherche sur les injustices et violences historiques, avec pour objectif de promouvoir la réconciliation, la démocratie et les droits de l’Homme.

Un prix Nobel serait partagé entre l’organisation et un ou une de ses figures les plus prééminentes, comme Svetlana Gannushkina, fondatrice de l’ONG et désormais membre du Conseil présidentiel pour les institutions de la société civile et les droits de l’Homme en Russie.

L’organisation est particulièrement active en Tchétchénie où la responsable de son bureau, Natalia Estemirova, a été assassinée en 2009. Un prix attribué à Memorial serait aussi une réponse à ceux qui estime que le président du Comité Nobel, Torbjørn Jagland, rend impossible – en raison de ses fonctions de secrétaire général du Conseil de l’Europe – l’attribution d’un prix aux dissidents russes.

Dans cette meme catégorie, celle de la reconciliation, un autre favori pourrait être Sima Simar, pour son action au sein de la Commision indépendante des droits de l’Homme en Afghanistan, ou encore Pumla Gobodo-Madikizela, psychologue et membre de la Commission de la vérité en Afrique du Sud.

Mais aussi… Richard Goldstone, chef des enquêtes sur les droits de l’Homme du HCR, le tribunal spécial pour le Cambodge, la Cour spéciale pour la Sierra Leone ou le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Comme chaque année, le nom de Louise Arbour, responsable de l’International Crisis Group depuis 2009, est cité avec insistance.

« L’Echo of Moscou » au nom de la liberté de la presse

L’Echo of Moscow et son rédacteur-en-chef, Aleksei Venediktov, pourraient être les premiers représentants des médias à recevoir le prix Nobel de la paix. Un prix visant à honorer la presse indépendante en Russie pourrait associer Echo of MoscowNovaya Gazeta – le journal où travaillait Anna Politkovskaïa -, le portail web sur le Caucase ou encore Yassen Nikolayevich Zassoursky, le parrain du journalisme critique.

Dans cette catégorie, on trouve aussi : la Democratic Voice of Burma (DVB), agence de presse de la diaspora birmane. En 2011, Al Jazeera était considéré comme un possible lauréat, tout comme Julian Assange et Wikileaks.

Un duo nigérian pour le dialogue inter-religieux

L’archevêque John Onaiyekan et Mohamed Sa’ad Abubakar, sultan de Sokoto, responsable des communautés chrétiennes et musulmanes au Nigéria, se sont exprimés contre la perversion des questions religieuses pour justifier des actions violentes et des conflits. Ensembles, ils ont été co-présidents du NRIC– le Nigerian Inter-Religious Council.

Candidats dans la catégorie « dialogue inter-religieux », Ghazi bin Muhammad, professeur de philosophie de la foi islamique en Jordanie, ou encore St. Egidio, un ordre catholique combinant le travail humanitaire et la médiation de la paix.
 

Le président Thein Sein pour la transition démocratique en Birmanie

 
La transition vers la paix et la démocratie est au coeur du mandat du Comité Nobel. Au cours des dernières années, des évolutions positives ont été observées dans différents pays, en Colombie, en Somalie ou encore en Birmanie.
 
Décerner le prix Nobel à Thein Sein susciterait sans doute une polémique, dans la mesure où le processus démocratique en Birmanie demeure fragile et où des actions militaires ont toujours lieu. Mais le Comité Nobel a souvent insisté sur le fait qu’il ne souhaitait pas récompenser que des saint, et qu’il fallait parfois encourager des processus en cours.
 
Parmi les autres candidats dans cette catégorie, le président colombien Santos, même si cela semble véritablement prématuré et qu’à l’avenir cela dépendra des résultats des négociations qui débuteront le 15 octobre à Oslo.
 
Réponse vendredi 12 octobre en fin de matinée. 
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