Site icon La Revue Internationale

Peer Steinbrück, l’anti-Angela Merkel

[image:1,l]

Angela Merkel a un an pour se préparer aux élections législatives de l’automne 2013. Mais, dès aujourd’hui, la chancelière allemande connaît le nom de son adversaire : Peer Steinbrück a été nommé par le parti social-démocrate allemand (SPD) pour tenter d’empêcher la réélection d’Angela Merkel.

L’homme de la situation pour déloger Angela Merkel ?

La tâche sera difficile pour l’ancien ministre des Finances, car, malgré les remous de la crise, Angela Merkel reste aujourd’hui largement appréciée des électeurs allemands. Selon un sondage publié par la chaîne AZF, vendredi 12 octobre, le parti chrétien démocrate (CDU) d’Angela Merkel et son allié de Bavière, le CSU, recueilleraient 38% des voix lors de ces élections législatives, contre 29% pour le SPD.

Mais à un an des élections, tout est possible et, si le défi est grand, l’homme paraît à la hauteur de la charge qui lui est confiée.

Après une longue carrière dans l’administration, Peer Steinbrück, connu pour son franc-parler et son manque de diplomatie, compte bien déloger celle qui, il n’y a pas si longtemps, était encore son alliée.

Économiste et environnementaliste

Né le 10 janvier 1947 à Hambourg, Peer Steinbrück n’a que 22 ans quand il adhère pour la première fois au SPD. Un an plus tard, en 1970, il intègre l’université Christian Albrecht de Kiel où il suit des cours de sciences économiques et sociales.

Dès sa sortie de l’université, Peer Steinbrück est recruté au sein du ministère fédéral de l’Aménagement du territoire. Il intègre par la suite le ministère fédéral de la Recherche avant de devenir secrétaire particulier du ministre-président du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Johannes Rau, en 1977.

Il remplira cette fonction pendant treize ans avant d’être nommé en juin 1990 secrétaire d’État au ministère de la Nature, de l’environnement et du développement régional pour le Land du Schleswig-Holstein. Deux ans plus tard, il intègre le ministère de l’Économie, des transports et de la technologie avant d’en prendre la tête, le 19 mai 1993.

Ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie

Le 28 octobre 1998, Peer Steinbrück devient ministre de l’Économie, des petites et moyennes entreprises, de la technologie et des transports, puis ministre des Finances, deux ans plus tard.

Ces divers mandats le conduiront à devenir ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le 12 novembre 2002. Trois ans plus tard, alors qu’il se présente aux élections régionales pour sa propre succession, la coalition qu’il forme avec les Verts est perdante. Le SPD de Peer Steinbrück est battu par le CDU de Jürgen Rüttgers. Après près de quarante ans au pouvoir, le SPD passe dans l’opposition.

Face à ces déboires politiques, le chancelier allemand de l’époque, Gerhard Schröder, convoque des élections fédérales anticipées. Le 18 septembre 2005 voit la victoire, de justesse, de la coalition CDU/CSU. Une coalition naît entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates, sous l’égide d’Angela Merkel. C’est ainsi que Peer Steinbrück devient ministre des Finances d’Angela Merkel.

Ils vont alors former un véritable duo. Dans une parfaite entente, ils vont gérer les affaires d’État alors que la crise guette l’Union européenne, en menant une politique de rigueur budgétaire, en repoussant l’âge de la retraite et en augmentant la TVA.

Vice-chancelier d’Angela Merkel ?

Mais aujourd’hui, le duo se transforme en duel et, à 65 ans, Peer Steinbrück, qui incarne la branche modérée de son parti, aimerait former une grande coalition de gauche au gouvernement et empêcher ainsi Angela Merkel de former de nouveau une coalition entre la CDU, le CSU de Bavière et les libéraux du FDP.

Une ambition peut-être trop grande. Dans l’état actuel des choses, les experts s’accordent à prédire une victoire d’Angela Merkel. Pour ce qui est de l’avenir de Peer Steinbrück, certains l’imaginent tout à fait au poste de vice-chancelier. Le duel pourrait-il se transformer de nouveau en duo ?

Une dent contre les présidents français ?

Une chose est sûre, en tant que chancelier allemand, Peer Steinbrück, révolutionnerait sans doute l’entente franco-allemande. Réputé pour ses formules sarcastiques, les présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande ont déjà eu affaire au candidat du PSD.

En 2007, Nicolas Sarkozy, à peine élu, se rend à Bruxelles à l’occasion d’une réunion des ministres des Finances de l’Eurogroupe, une réunion où sont traditionnellement absents les chefs d’État. Alors que Peer Steinbrück n’a pas hésité à critiquer la venue du président français, vexé, Nicolas Sarkozy aurait demandé la tête de l’impertinent ministre des Finances. Une demande à laquelle la chancelière allemande aurait répondu : « Je ne peux rien faire. Réglez cela entre hommes autour d’une bière. »

François Hollande a également été la victime de son probable futur homologue. Alors qu’en pleine campagne présidentielle, le candidat du parti socialiste affirmait sa volonté de renégocier le pacte budgétaire européen, Peer Steinbrück, s’est de nouveau fait remarquer en qualifiant l’exigence du Président de « naïve ».

Quitter la version mobile