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Prothèses PIP: le parquet de Marseille s’attend à un procès hors-norme

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Le nombre de plaignantes augmente de jour en jour en jour. Pour l’instant, il y en a entre 4000 et 5000. Elles seraient environ 30 000 en France et des dizaines de milliers à l’étranger à être concernées par ces prothèses mammaires défectueuses, remplies d’un gel non-homologué et vendues par la société varoise Poly Implant Prothèse (PIP).

Un dispositif exceptionnel pour accueillir près de 10 000 personnes

Trois procédures ont été ouvertes dans cette affaire. Jeudi 4 octobre, le parquet de Marseille préparait le volet « tromperie aggravée ». Les avocats des victimes, dont Philippe Courtois, qui défend 2300 victimes regroupées en association, souhaitent plaider « le préjudice d’anxiété ». Les victimes pourraient ainsi toucher entre 10 000 et 20 000 euros.

Le procès, qui devrait se dérouler en avril, exige une organisation hors du commun. Entre les milliers de victimes, leurs avocats, le personnel de justice, les témoins et les prévenus, le parquet de Marseille va devoir mettre en place un dispositif exceptionnel qui devrait pouvoir accueillir environ 10 000 personnes. Du jamais vu en France. Le parc Chanot ou le Palais des congrès et des expositions de Marseille pourraient éventuellement convenir. Si rien n’est encore arrêté, le procureur de Marseille a d’ores et déjà évoqué le « coût élevé » d’une telle entreprise.

Quelques chiffres éclairants

 (ANSM), à la fin juillet dernier, 12 345 femmes ont eu une explantation de leurs prothèses, 8460 l’on fait à titre préventif. Les retraits préventifs avaient débuté dès mars 2010 mais se sont accélérés depuis janvier dernier, à la suite de la décision du ministère de la Santé de proposer des explantations même sans signes cliniques de détérioration de l’implant.

3013 femmes ont eu une rupture de prothèses PIP, et 2892 réactions inflammatoires ont été notées chez 1689 porteuses de ces prothèses, toujours selon l’ANSM. L’agence a également enregistré un total de 55 cas de cancer du sein chez des femmes porteuses de prothèses PIP, soit deux cas de plus qu’à la fin mai.

Retour sur l’affaire

En mars 2010, le scandale éclatait. Les prothèses PIP étaient retirées du marché français et la société fondée dans le Var par Jean-Claude Mas était placée en liquidation judiciaire. L’ex-patron de Poly implant prothèse (PIP) a été mis en examen en janvier 2012 et détenu depuis mars. Il comparaîtra en avril avec d’autres cadres de l’usine.

Si, pendant vingt ans, il a juré qu’il n’utilisait que du silicone homologué, on constate aujourd’hui que sa tromperie aura fait plus de 400 000 victimes au Venezuela, en Argentine, en Grande-Bretagne, en Chine ou en France. Les prothèses ont commencé à rompre par dizaines et le nombre de plaintes ne cesse de croître.

En octobre 2011, il reconnaissait « avoir sciemment fabriqué des prothèses mammaires en gel PIP pour son rapport qualité-prix ». Aujourd’hui, il ne semble pas avoir de grands regrets pour ses victimes : « Elles ne déposent plainte que pour recevoir de l’argent », confiera-t-il aux gendarmes.

Deux autres procédures sont ouvertes sur cette affaire : une information judiciaire pour blessures et homicides involontaires, instruite depuis décembre 2011, et une autre, de nature financière en cours depuis mai.

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